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3 janvier 2006

Last Days

etats_20unis25Film américain de Gus Van Sant    
Genre: Drame                                                 
Année: 2005                                                   
"Un voyage sans retour"

last_daysSynopsis:

Blake, jeune musicien talentueux replié sur lui-même, fléchit sous le poids de la célébrité, du succès et d'un sentiment d'isolement croissant. Réfugié dans une maison au milieu des bois, il tente d'échapper à sa vie, son entourage et ses obligations. Il regarde, écoute, et attend la délivrance...

Introduction:

J'ai choisi donc de commencer l'année 2006, par la critique de mon film préféré de 2005, "Last Days" ou la déchéance la plus somptueuse de l'histoire du cinéma.
Ce dernier volet du triptyque sur les derniers jours de ses héros, entamé par Van Sant avec "Gerry", puis prolongé par "Elephant", qui remportera la palme d'or en 2003 à Cannes, est le plus réussi des trois, le plus abouti, le plus sauvage, le plus expérimental.
Pour moi, l'apogée d'un cinéaste, à travers un regard sombre et décadent d'un homme en pleine regression morale...

Une mise en scène tortueuse...

Dès le départ, Van Sant donne le ton, il le prolongera tout au long de son ultime métrage, à travers des travelling sinueux, lents, tortueux, qui reflètent l'état moral et physique de Blake. Des plans malsains, discrets, dans lesquels l'acteur Michael Pitt, métamorphosé, se lamente, se traîne, tel un mort vivant.
Car son film, Van Sant le dessine comme un long chemin de traverse, une sorte d'ellipse mortuaire, une décadence viscérale, balayée par des murmures, des gémissements, les adieux d'un homme qui va plonger dans un gouffre si profond, qu'il n'en ressortira jamais.
Son film est une descente aux enfers languinante, en perpetuelle remise en question, un film fait de fragments, découpés en sonates morbides et glauques, comme l'ambiance d'un cimetière. Van Sant, se libère d'un poid, celui d'une mort annoncée, que l'on observe d'un oeil malsain et machiavélique. "Last Days" ou les derniers jours inévitables, d'une figure désancrée, déconnectée du système depuis longtemps déjà.
Le dernier long métrage de l'auteur de "Will Hunting" tisse son apparat poussiéreux, au fil d'une heure trente d'agonie, un film viscéral qui fait entrer le spectateur en terre inconnue, là ou l'on ne revient pas, ou l'on sombre avec angoisse et peur de l'avenir, dans un coma abyssal, ou l'on préfère la mort à la vie.
Blake est un zombie, un invertébré dechû, qui au delà de se morfondre, s'execute dans un jeu d'auto-mutilation morbide.
Le cinéaste, sans entrer dans la vulgarité prétentieuse, piétine son oeuvre, il commence par installer un climat, d'une lenteur implacable, pour finir dans un chaos hypnotique et poétique, inégalé jusqu'alors.
Comme un peintre, il met en lumière sur une toile blanche, une figure délabrée de l'espèce humaine, plonge son héro dans un bain de cyanure.
Par sa force visuelle, le film prend une tournure d'opéra tragique. On entre dans la métaphore, dans la symbolique. Son personnage est un navire, qui s'échoue sur une île déserte.

Apocalypse, mon amour...

Car il s'agit bien de cela, d'un ballet sordide, fragile et incertain, qui met en lumière avec une virtuosité sans égal, un danseur cul-de-jatte, qui gémit sur la scène.
Blake meurt vivant, il s'enfonce, en même temps que le film avance.
Dans les notes de musiques, déjà, la mort s'annonce, avec une répétitions de tons mélancoliques, tristes, cristallins.
La musique accompagne l'état d'esprit des protagonistes, et de Blake en particulier, qui dit adieu au monde, dans une ultime chanson ,qu'il fredonne de sa voix éraillée, en grattant à peine les cordes désechées de sa guitare.
Les notes s'égarent, le plan séquence aussi, d'une longeur insoutenable, qui sort de la pièce, pour finir dans le jardin, loin de tout.

Adieu...

Puis Blake raccroche sa guitare, il marche, errant dans l'immensité de cette demeure éloignée de tout, il murmure, sa voix part en lambeau, et le cinéaste filme cela avec pudeur, esthétisme, et recul évident. Il plante sa caméra, laisse l'acteur se séparer de son rôle, il reste en dehors de la maison, et regarde à travers la fenêtre. Blake est à l'intérieur, il est allongé, et son âme quitte son corps, en marchant, dos à la caméra, pour qu'enfin, on le laisse vivre en liberté.
Tel le Christ, il se sépare de son esprit, et le laisse là, affalé sur le sol, pendant qu'il marche vers la destination qui l'attend.....le Nirvana.

Conclusion:

Van Sant ponctue son triptyque, de la plus belle des façons, avec l'intelligence, la maitrise et l'audace qu'on lui connait.
Il signe avec "Last Days" son plus beau film, le plus inaccessible, le plus imprévu, qui carresse le spectateur à rebrousse poil, en l'invitant dans la plus grande épopée expérimentale du septième art.

Note: 20/20

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Commentaires
G
KUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUURT<br /> <br /> TROP MAGNIFIQUE COMME FILM<br /> <br /> moins bien que my own private Idaho du même réalisateur mais bon
G
KUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUURT<br /> <br /> TROP MAGNIFIQUE COMME FILM<br /> <br /> moins bien que my own private Idaho du même réalisateur mais bon
M
Ca me touche ce que tu dis, et ne t'en fais pas, mes articles, seront désormais présentés de la sorte. C'est un évolution pour la nouvelle année. Comme je l'avais précisé, c'est ainsi que se présentera le nouveau acte...lol :) Merci en tout cas
M
T'inquiète Méro, je n'ai rien contre toi, c'est toujours pareil avec les confrontations de gouts, on tente par tout les moyens de convaincre l'autre du contraire de ce qu'il pense.<br /> Mais toute la démarche d'une critique vient de là, qu'elle soit positive ou négative.<br /> Je ne vais pas en vouliir à quelqu'un de défendre ses opinions :)
E
Je me garderai bien d'intervenir dans le débat de fond. Avec toi, Chris, Bastien et Mero, c'est suffisamment animé, et je ne voudrais pas faire les frais d'une balle perdue parce que j'aurais dit un mot de travers. Suis courageux mais pas suicidaire... Alors je me contenterai de souligner la belle présentation de cet article, avec une belle structure en paragraphes. Mike, mon avis ne vaut que ce qu'il vaut mais je trouve tu devrais garder cette idée pour tes autres articles. Le découpage en paragraphes oxygène mieux la lecture, je trouve...
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