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18 septembre 2007

A BITTERSWEET LIFE

COREE_DU_SUDFilm coréen de Kim Jee-Woon

bitter1Genre: Polar

Réalisateur: Kim Jee-Woon
Scénario: Kim Jee-Woon
Directeur de la photographie: Ji-Yong Kim

Avec:  Byung-Hun Lee, Shin Min-a, Kim Young-Cheol, Lee Ki-Young ...

Avis:

sourire_broches_8539Le problème avec les metteurs en scène qui se sont montrés talentueux dès leurs débuts, c’est qu’on a envers eux une exigence à la hauteur de la réputation qu’ils se sont taillés. Kim Jee-Woon, déjà auteur des magnifiques et audacieux "The Foul King" et "2 Sœurs", était donc forcément attendu avec A Bittersweet Life.

Tout commence lentement, comme dans la continuité de "2 Sœurs", film au rythme lancinant et posé, travaillé dans l’épure et l’esquisse. Ici, il est question d’un héros sans identité véritable. Juste un homme errant sans but apparent et n’éprouvant aucun sentiment, ni touché par l’amitié, ni par l’amour. Juste un homme au service d’un mafieux qui ne se salit jamais les mains et lui demande soudainement de surveiller sa femme, qu’il suspecte d’adultère.

La mise en scène de Kim Jee-Woon annonce un métrage vraiment personnel et différent. Non pas qu’il soit réellement novateur, on pourrait même lui trouver multiples éléments d’un classicisme absolu. D’ailleurs, le film s’inspire assez librement du Revenge de Tony Scott. Mais parce qu’elle paraît en suspension, prête à faire éclater sa virtuosité à tout moment, attirant irrémédiablement le spectateur par sa grâce. Le film monte progressivement en intensité, soutenu par une ambiance qui tend vers la poésie de 2 Sœurs. 3525657937

Cadrage précis et photographie sublime. Une nouvelle fois chez Kim Jee-Woon, le personnage principal est plongé dans un univers qui le dépasse, se posant en digne représentant du cinéma coréen. Le protagoniste est sans caractère, sans ambition, sa vie sera rythmée par celle d’une femme, parce qu’elle réveille chez lui un désir enfoui et une impression d’exister.

Le calme apparent du long métrage est alors rompu par une rythmique qui accélère soudainement. Comme dans Old Boy ou Bad Guy, c’est lorsque le personnage est focalisé sur une action que le récit prend du relief. Dynamique bien spécifique au cinéma coréen que d’utiliser le déclenchement du parcours initiatique ou de la quête de rédemption d’un personnage comme propulseur du rythme de l’intrigue.

Celui de A bittersweet life pourrait s’apparenter à la symphonie d’un morceau de musique classique. Démarrage en douceur, accélération soudaine et reprises en flash-back pour dynamiser l’ensemble. Kim Jee-Woon joue avec maestria sur les symétries et les asymétries afin de mettre en avant le décalage du héros avec le monde qui l’entoure.

A_Bittersweet_Life_02Jouant aussi subtilement de la contemplation que de la démonstration, le film peut en fait prêter à une critique de taille : la violence. On retrouve une autre caractéristique commune à plusieurs films coréens qui n’hésitent pas à utiliser la violence à outrance. Le film rejoint donc "Old Boy" de Park Chan-Wook dans l'hypertrophie prononcée de la douleur physique, comme s’il s’agissait là du principal « outil » pour susciter l’intérêt. Le lyrisme du départ disparaît ainsi quelque peu sur la fin, virage finalement un peu douteux.

Vouloir créer la violence, la montrer de manière pessimiste et inévitable est difficile, car il y a toujours le risque de tomber dans l’excès de sang et la débauche parfois gratuite de scènes de torture et de souffrance. En voyant A bittersweet life, on pourra lui pardonner ces égarements, mais une telle surenchère n’aurait probablement pas eu lieu d’être dans un film de cette envergure, gâchant finalement l’impression d’une première partie très réussie.

Un polar sombre et violent, d’une maîtrise évidente, permettant à Kim Jee-Woon de se positionner comme un cinéaste qu’il faudra suivre, et qui, s’il pourra choquer ou énerver ses détracteurs, parviendra également à surprendre, voire même à passionner les cinéphiles en quête de sensations extrêmes…

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19 juillet 2007

MY LITTLE EYE

my_little_eyeANGLETERREFilm britanique de Marc Evans

Genre: Horreur - 2002

Réalisateur: Marc Evans
Scénario: David Hilton, James Watkins
Directeur de la Photographie: Hubert Taczanowski

Avec: Sean C.W Johnson, Jennifer Sky, Kris Lemche, Stephen O'Reilly, Laura Regan et Bradley Cooper.

Avis:

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Parfois, il existe des films dont on entend peu parler. Des films qui sortent du circuit de distribution classique en étant finalement très peu représentés dans les salles de cinéma. Cela s'explique souvent par le nombre de tirage des copies - Moins de copies, moins de salles - Mais aussi le manque de publicité entourant la sortie du film.
Ici, on est en plein dans ce que l'on appelle un film à petit budget.

Petit budget, petits moyens, et donc marketing à la ramasse. C'est un peu ce qui a fait faux bond à ce film sans prétention aucune, et pourtant, très bon.

Marc Evans, réalisateur anglais, assez méconnu de surcroît, tente avec "My Little Eye" un pari à la fois audacieux et osé.
Celui de réussir un film d'horreur expérimental, avec un budget dérisoire, en espérant sauver sa carrière de jeune cinéaste, après le double échec de ses deux précédentes oeuvres.mylittleeye2

Pas facile d'entrer ainsi en contact avec un public qui jusqu'à présent n'a pas sû suivre le flaire d'Evans, jeune cinéaste talentueux mais incompris.
Jamais deux sans trois avec "My Little Eye", qui vient pourtant contredire l'expression, par la qualité notable et certaine de ce troisième coup d'essai.

Essai transformé de belle manière, autour d'une histoire un brin classique, mais dotée d'une mise en scène en béton. Pour situer le décor - Le film a été tourné au Canada - 5 jeunes se laissent enfermer pendant six mois, pour les besoins d'un programme de télé-réalité diffusé sur internet, dans une maison équipée d'une multitude de caméras qui épient le moindre de leur mouvement. Un million de dollars est promis au vainqueur. Une seule règle : aucun des cinq participants ne doit quitter la maison durant le jeu. Si les débuts se déroulent sans encombre, les rancoeurs et les jalousies aidant, la situation ne tarde pas à se dégrader.

Décor en huis clos principalement, avec quelques prises de vues extérieures, pour rompre la claustrophobie du spectateur. Economie de moyens évidente, caméras fixes, filmant en numérique, assurément on se trouve dans du film à petit budget.
Mais un petit budget efficace qui vient lorgner du côté des "Blair Witch" et consorts. Avec une audace monstre, celle de perturber l'équilibre psychologique du spectateur.

Par ses cadrages, parfois vicieux, stylisés, bord cadre, flous, on assiste à de la vidéo surveillance en permanence, renforçant l'aspect télé-réalité et observation.
Cette impression d'observation justement, est parfaitement rendue opressante, par un rythme très lent dans les mouvements de caméra. Comme un oeil, manipulateur et vicieux on observe la déliquescence des personnages, tombant peu à peu dans la folie.

mylittleeye3Le cinéaste réussi un incroyable pari. Parvenir à rendre possible le sentiment d'enfermement psychologique de ses protagonistes. Ainsi, l'étouffement puis la claustrophobie viennent envahir des héros en mal d'ouverture sur le monde. En rompant tout contact avec le monde extérieur, la folie gagne le pas sur la raison, délivrant alors la partie sombre de l'être humain.

Cette attitude de malaise, de folie semble tout à fait réaliste, dans la manière qu'a trouvée Marc Evans pour la restituer.
Malgré des difficultés à tenir l'histoire tout à fait cohérente du début à la fin, on sent une volonté chez Evans à rester fidèle à l'aspect expérimental de son oeuvre.

Clairement, le film insiste sur la thématique de l'observation. Observation psychologique, physique, ludique, cruelle.
Si la récurrence du mot "Producteurs" est de mise, c'est aussi peut être une belle métaphore sur le monde du cinéma, sur son exploitation, sa distribution, sa perversité.

Belle vision du monde télévisuel également, en se moquant délibérement mais subtilement de la mode télé-réalité. De la mode loft story et survivor, du voyeurisme audiovisuel.
Sous la forme de l'horreur psychologique, le film ne fait pas peur par sa forme, mais davantage par son fond. Neutralisant ainsi une profonde réflexion sur l'effet voyeuriste actuel et sur son impact évident sur la société américaine et la mondialisation qui l'accompagne.

Bel effet de style que ce petit film, qui par quelques cadrages et une histoire qui tient la route, parvient à instaurer un climat d'opression rarement atteint ces dernières années.

A ranger du côté du projet Blair Witch, ce film d'horreur peu conformiste est une franche réussite...

10 juillet 2007

UN TAXI POUR TROIS (Taxi para Tres)

taxipour3_afFilm chilien d'Orlando Lübbert

Genre: Comédie noire - 2001

Réalisateur: Orlando Lübbert
Scénario: Orlando Lübbert
Directeur de la Photographie: Patricio Riquelme

Avec: Alejandro Trejo, Daniel Munos, Fernando Gomez-Rovira, Christian Quezada et Elsa Pobletes

Avis: sourire_broches_8539

A plusieurs milliers de kilomètres de chez nous, le cinéma existe aussi. Il n'a pas les mêmes moyens, pas le même savoir faire, mais il possède autre chose. On pourrait parler du cinéma américain, du cinéma japonais ou encore Australien. Ceux là sont tous différents, et tous à des milliers de kilomètres.

Tout aussi lointain, mais aux moyens dérisoires, je vais vous parler d'un petit film Chilien. Réalisé par Orlando Lübbert, chilien de naissance mais d'origine allemande. Cinéaste nouveau, ancien architecte et documentariste, revenu au pays pour filmer cette histoire de braquages à l'Italienne.

Ulises est chauffeur de taxi. Son gagne pain quotidien, mais assez peu fructueux. Croulant sous les dettes de sa Lada-Taxi, il a bien du mal à vivre paisiblement, et faire vivre par la-même, sa famille. Le jour ou tout bascule, est la conséquence de sa rencontre avec deux malfrats locaux, spécialistes de vols à la tire, Coto et Chavelo.
Ils vont prendre en otage le pauvre Ulises, et l'embarquer dans leur braquages, à travers la ville, au risque de finir en prison...p2_w434_h289_q80

Orlando Lübbert choisit un ton volontairement tragi-comique. Trois personnages, sortes d'anti-héros, mi-crétins mi-voyous, vivant d'argent facile.
Ulises, on le sent bien, est un homme loyal. Il tente de faire vivre sa famille, durant la crise sociale de son pays. La découverte de l'argent facile va soudainement l'aveugler. Lui faisant quitter le droit chemin, au profit d'un bénéfice à court terme.
Coto et Chavelo eux, paraissent tout aussi loyaux. Pas vraiment des bandits, mais des voyous de bas étage profitant de la crise chilienne pour se faire de l'argent.

Bandits bas de gamme, s'attaquant à une vieille pour lui piquer son sac, ou encore braquer une station service.
Le cinéaste dit s'être inspiré d'une histoire racontée jadis, par un chauffeur de taxi du pays, lorsqu'il était en déplacement. Fait divers lui permettant de raconter dans "Un Taxi pour Trois" cette histoire à la fois drôle et dramatique.
Rapidement, le réalisateur chilien imprime son film d'une touche humoristique. Comédie grinçante, acerbe, au goût amer, il dépeint avec habileté l'état social de son pays, au tout début du 21 ème siècle.
50 ans de retard sur les Etats-Unis, sorte de voyage dans le temps, en arrière, le film est la caractéristique même de la différence de moyens, et de culture qui sépare l'Amérique du Nord, à celle du Sud.
Pas de misérabilisme pour autant, mais on le sent, une volonté de faire au mieux, avec les moyens du bord.
Image granuleuse, vieille caméra en 4/3. Eclairage naturel, parfois très sombre, presque invisible.

p3_w434_h289_q80Marque de fabrique d'un cinéma chilien à la rue. Equipe réduite, acteurs amateurs - Mais très bons - "Un Taxi pour Trois" est un film pourtant remarquable.
Un scénario intéressant, profitant d'un trio de personnages attachants et un retournement de situation final, dramatique et touchant à l'image d'un film sachant parfaitement surfer sur les deux vagues.

Le film relate avec quel acharnement, les personnages désirent d'abord satisfaire leur situation ,avant d'oser faire le mal autour d'eux. Le bonheur est à quelques encablures, mais la malchance aussi.
Le cinéaste de continuer ainsi tout au long du film, passant du sourire esquissé par le spectateur, à l'angoisse, de voir ainsi ses héros, échouer au seuil de la réussite.

Le doute permanent de l'incertitude. L'incroyable ascension de trois destins, sur le point de réussir l'incroyable mais confrontés à la maladresse ou la malchance de tomber, un jour ou l'autre, de très haut.
En confortant le spectateur dans cette incertitude, Lübbert évite le manichéisme. Il évite aussi à ce que l'on s'attende à l'issue des trois personnages. Dotant la fin de son film, d'une surprise de taille. Peut être la fin à laquelle personne ne s'attendait.
Mais il montre bien là, à quel point le cinéma n'est pas qu'une question de moyens, mais surtout d'idée. Une idée rappellant furieusement "L'Ultime Razzia", de Stanley Kubrick. Eloigné cependant de toute influence à ce film, on sent chez Orlando Lübbert, la fougue d'un grand cinéaste en devenir.

Très bon film donc, que ce Taxi pour Trois. Embarquement pour le Chili, réussi pleinement et audacieusement par ce metteur en scène encore inconnu...

7 juillet 2007

THE GRAVEDANCERS

gravedancers110806ETATS_20UNISFilm américain de Mike Mendez

Genre: Horreur - 2006

Réalisateur: Mike Mendez
Scénario: Brad Keene et Chris Skinner
Directeur de la photographie: David A.Armstrong

Avec: Dominic Purcell, Clare Kramer, Josie Maran, Marcus Thomas et Tchéky Karyo.

Avis

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Imaginons un instant Edward Wood, jadis cinéaste réputé mauvais, renaître de sa tombe pour visiter le cinéma contemporain. Un cinéma moderne, celui d'aujourd'hui. Loin de l'exploitation hollywoodienne mais arpentant fiévreusement le même type de processus créatif.

Ce travail de réflexion fait, on peut à présent imaginer assez aisément qui peut être Mike Mendez, réalisateur de ce film "has-been", dont il est question ici.

"The Gravedancers", titre assez éloquent, en dit long sur ce cinéaste de l'étrange. Le gore, le fantastique, l'horreur. Domaines de prédilection, de ce jeune cinéaste, déjà auteur de deux films du même type: "Serial Killers" en 1996 et le plus récent, "The Covent (Le Couvent) ".

Ce dernier, d'ailleurs, n'a pas laissée indifférente la presse et les spectateurs. Pas forcément en bien, mais en tout cas il y'a eu matière à polémique.
Mike Mendez, vous l'aurez compris, est un peu le Ed Wood des temps modernes - Rien de péjoratif là dedans- il ne se revendique en aucun cas grand cinéaste, et joue même de cette image pour se permettre l'ultra gore, sans retenue mais avec beaucoup de distance sur lui même.

En effet, "The Gravedancers" est un film de second degré. En permanence, les images renvoyées par le film, invitent à une réflexion qui va bien au delà de ce qu'elles veulent montrer.
Non pas qu'il y'ait chez Mendez, quelconque réflexion sur la violence, sur le crime, le fantastique ou autre, mais bel et bien un sacerdoce, lui servant à rire ou se foutre du genre.grave

Pour situer le décor, trois amis se recueuillent sur la tombe d'une ancienne camarade de classe. Légèrement sous l'emprise de l'alcool, ils commencent à danser sur les tombes, attisant ainsi, la colère des forces surnaturelles. Problème, c'est un coin ou ont été enterrés, tous les psychopathes du pays.

Le film, se moque assez ouvertement du genre fantastique. Jamais il n'est question de moquerie gratuite, au contraire. Beaucoup plus d'un abile tour de manège. Un ensemble de clichés, qui desservent le film, plus qu'ils ne lui nuisent. Dès le départ d'ailleurs, en choisissant dans son casting, des adultes bien trempés, ayant un pas dans la vie active depuis belle lurette.
Plutôt que de choisir un casting adolescent, à l'image des "teen movies" actuels.

Oui, la trentaine passée est la marque de fabrique des personnages de Mike Mendez. On y retrouve ainsi l'acteur Dominic Purcell, le Lincoln Burrows de "Prison Break" ou encore le très connu et hétéroclite acteur français Tchéky Karyo.
Un choix troublant, dans la mesure ou il décrédibilise l'histoire centrale, qui aurait gagnée de l'intérêt en prenant des adolescents plutôt que des adultes.
Mais c'est cette audace de casting qui offre au film sa qualité. Parce qu'il s'agit bien là, d'un film de qualité.
Peut être le fond, peu intéressant, parce que vu et revu mille fois, mais un parti pris osé, et une forme relativement travaillée.
Le directeur photo, a effectué un travail sur l'image, d'autant plus génial qu'il surpasse même la réalisation à la toute fin du film, sur les derniers plans.

gravedancers2Ce choix donc du second degré en permanence rend le film réussi. On laissera aisément de côté les clichés en abondance, pour ne se concentrer que sur l'humour et l'autodérision.

Une galerie de personnages invraisemblables, des dialogues à la frontière du ridicule, et des effets spéciaux à outrance. Comment se satisfaire alors d'un tel film ? Justement dans la frontière qui le sépare de toutes les productions actuelles. Des effets réalisés sur After Effect ou un logiciel grand public, une économie de moyens évidente, ou encore un humour dérisoire, cynique ou absurde.
Une poignée de références, "Evil Dead" en tête de gondole, et une bonne dose d'hémoglobine.

"The Gravedancers" est un film intriguant. On se demande encore comment il a pu se réaliser en 2006. Tant son processus de création paraît "has been", tellement loin des productions actuelles. Perle rare du fantastique, par son absurdité, sa ringardise, sa forme outrancière et son fond dénué de la moindre réflexion.
Pourtant il ne l'empêche pas d'être un bon film. Divertissant, drôle, prônant le ridicule au détriment d'un travail d'écriture.

A noter que ce film n'est jamais sorti en France au cinéma. Toujours inédit, il est question d'une sortie imminente, mais reste à savoir quand. Le petit Mendez mérite bien cela.

12 mai 2007

En attendant le DVD...

Afin d'avoir un avis plus objectif sur certains films récents, j'ai choisi de donner un avis à chaud, résumé en quelques lignes seulement. Comme le titre de cette rubrique l'indique, il s'agit là d'une critique furtive, quelque peu détaillée quand même, en attendant celle, plus profonde, de la sortie DVD, permettant une analyse plus longue, et plus fouillée.

Je commence cette rubrique par Spiderman 3:


18754165SPIDERMAN 3

Un film de Sam Raimi

Pays: USA
Année: 2007
Genre: Action

Synopsis:

Peter Parker a enfin réussi à concilier son amour pour Mary-Jane et ses devoirs de super-héros. Mais l'horizon s'obscurcit. La brutale mutation de son costume, qui devient noir, décuple ses pouvoirs et transforme également sa personnalité pour laisser ressortir l'aspect sombre et vengeur que Peter s'efforce de contrôler...

Critique:

Peter Parker, de retour pour une nouvelle aventure...

On l'attendait depuis plus de deux ans, cette suite des péripéthies de Spiderman, l'homme araignée toujours en proie au doute, dans cette ultime épisode de la trilogie.

Sam Raimi, renoue avec le succès du second volet, qui laissait le spectateur, figé, entre deux aversions possibles.
L'une, à vocation commerciale, film de divertissement, gros budget et pop corns à l'horizon.
L'autre, appellait à une démarche plus auteuriste. Survol abile de la lutte du bien contre le mal. Légèreté cinématographique, contemplation du comportement intérieur de ses protagonnistes, "Spiderman 2" laissait le spectateur baba d'admiration.

Quid ce ce troisième volet ?

Le cinéaste reprend la recette du cinéma commercial intelligent. Dopé par le double maléfique de Parker, Spiderman se bat cette fois ci contre lui même. Représentation intelligente de la lutte du bien contre le mal, une nouvelle fois.

Spiderman 3 appelle au doute. Le doute d'un adolescent en phase de devenir adulte, appartement à gérer, vie de couple à maintenir, assurément, Peter Parker est devenu adulte.
L'impasse faite sur sa vie antérieure, lui permet d'affronter au mieux ces pouvoirs. Mais lorsque son couple bat de l'aile, impossible de ne pas se souvenir du temps passé. Celui durant lequel, ses pouvoirs étaient suspendus par la psychologie, justement.

Raimi, plonge alors le spectateur dans une oeuvre intéressante. L'on observe avec quel acharnement, Parker tente de démystifier son costume noir. D'abord attiré, puis révulsé, il comprend.
Comprend que l'habit n'est pas le reflet de l'état. Comprend aussi que l'égoisme, est la source de son mal.
Sa Mary-Jane se perd dans les bras d'un autre homme, accessoirement son ancien meilleur ami, afin de lui apporter davantage encore de mal, qu'il n'en éprouvait déjà.

18700903Là se trouve la qualité principale de ce "Spiderman 3". Derrière un faciès commercial, il aborde des thématiques intéressantes. Comme le difficile passage du monde adolescent à celui d'adulte.

Mais à trop vouloir en faire, ou à trop vouloir renouer avec le succès critique du second opus, Raimi perd à certains moments, un peu de sa superbe. Lorgant davantage du côté de Spiderman, premier du nom, dont l'évocation du Bouffon vert rappelle les scènes d'action spectaculaires du moment, mais loin de l'humour et la légereté du deuxième épisode.

Le trop plein d'ennemis de ce troisième épisode, ou la réutilisation du père d'Harry comme moteur principal de sa quête vengeresque, appelle à une suite un tantinet trop convenue.
De plus, en rendant Parker/Spiderman idole de l'amérique post-11 Septembre, Raimi balaye étonnemment le mythe de l'incertitude du Spiderman 2. Contresens étrange, pour viser peut être plus large. Dommage.

En définitive, Sam Raimi réalise un film pas totalement parfait, mais déjà très bon.

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29 avril 2007

THE ASSASSINATION OF RICHARD NIXON

Un film de Niels Mueller

Pays: Etats-Unis
Genre: Drame
Année: 2004
Casting: Sean Penn, Naomi Watts, Don Cheadle ...

18390420SYNOPSIS:

En 1974, peu de temps avant que n'éclate le scandale du Watergate, qui va pousser Richard Nixon à la démission, Sam Bicke est au bord du gouffre. Cet homme effacé, cerné par les trahisons et les mensonges de la vie, va s'attaquer au plus puissant des menteurs politiques : le Président des Etats-Unis...

INTRODUCTION:

Certains films laissent une empreinte. Sorte de trace indélébile dans le coeur, marquant à tout jamais l'idée que l'on peut se faire du cinéma.
"The Assassination of Richard Nixon" est de ceux là. Un film étrange, fascinant d'inquiètude, de mystère, à la fois cruel, sordide, sombre et mélancolique. Mais dans lequel subsiste un espoir. Celui d'un homme qui veut refaire la société. Un homme qui rêve d'un monde meilleur, sans mensonge, sans amertume.
Cet homme, c'est Sam Bicke.

PREMIERE PARTIE:18389090

Rapidement, le film étonne. Il surprend par sa mise en scène, discrète, légère, doublée d'une grande douceur.
Un rythme assez lent, et un calme apparent des plus inquiétants.

Le film de Niels Mueller carresse le spectateur, d'une drôle d'impression. A mi chemin entre un drame psychologique, toujours en retenue, et un film plus direct, inspiré d'une histoire vraie.
Mais là ou le film prend une tournure intéressante, c'est justement dans le parti pris formel du cinéaste, d'utiliser en permanence, une sorte de distance entre l'action et la pensée du personnage.

Effectivement, Sam Bicke, est un homme troublé, et troublant. Vendeur à la gomme dans une boutique de meubles.
Peu rassurant, peu sûr de lui, il éprouve des difficultés à renouer avec un passé plus glorieux. Sorte d'homme perdu dans un présent sans véritable avenir, il vit de son job et semble s'en satisfaire.
Du moins, en apparence.

Le cinéaste parvient avec beaucoup de classe, et une grande sobriété, à installer un climat d'opression constante. Il vole au dessus de Sam Bicke, le doute. L'identité bafouée d'un homme qui rêve d'une autre vie.
Va naître alors en lui, l'idée morbide qui changera sa vie à jamais. Tuer le mensonge, effacer l'homme à la toute puissance d'une société qui dérape. Le président Richard Nixon, alors plongé dans le scandale du Watergate.

Le cinéaste confond presque les époques, et il plane au dessus de sa première oeuvre, présentée en 2004 dans la section parallèle du festival de Cannes "Un certain regard", une étonnante sensation d'insécurité post-11 septembre.
Comme une manière d'apporter de la modernité, à une forme de classicisme.

18389094DEUXIEME PARTIE:

Le jeu tout en nuance de Sean Penn, apporte sans doute, sa pierre à l'édifice. Magnifique de naturel, de classe, de subtilité. L'acteur déroule son jeu sans en faire de trop. Toujours en parfaite osmose avec la ligne directrice d'un metteur en scène prometteur.

Le film s'inscrit dans un genre particulier. A la croisée d'un cinéma indépendant américain, plein de promesse, recherchant l'audace et la créativité, et d'un cinéma grand public, tourné de manière à toucher, interpeller le spectateur, d'une manière plus subtile et réfléchie que la plupart des oeuvres dites de "genre".

En somme, un cinéma commercial intellectuel. Une histoire vraie sans mélo, qui n'esquisse ni larmes forcées, ni émotion perverse.
Toujours juste, sobre et simpliste, "The Assassination of Richard Nixon" marque le retour du cinéma public, à l'échelle du microcosme. Ni voyeuriste, ni extravagant.

C'est surtout, une remarquable ascension vers la folie. Une lente chute aux enfers, provoquée par la quotidienneté d'une vie. Société du mensonge, dirigée par les hautes instances. Des hommes de paroles, plus que de terrain, qui balayent d'un coup de main, l'opinion publique.
A base de discours télévisés, de débats, de meeting, les politiques attaquent la réflexion. Ils privent le citoyen de sa liberté de penser, ou d'agir comme il lui semble. Le regard de la société est détourné, noyé dans les paroles et les promesses d'une vie meilleure.

Sam Bicke, derrière son visage marqué par l'incertitude, a compris depuis longtemps déjà, l'enjeu de sa démarche. De sa propre réflexion personnelle.
Mettre fin à l'image de la politique sécurisante, pour montrer la face cachée des mensonges.

Dans son dernier quart d'heure, le film se réveille d'une étonnante façon. Après l'apparente décontraction du personnage, arrive le moment de mettre à execution, son plan morbide.

Et la retenue du film, pendant plus d'une heure, laisse place à la sauvagerie. Non moins psychologique, que réellement physique, on y voit l'homme incertain, pris d'une étonnante certitude. Une grande confiance, sourire aux lèvres, dernier rampart de son chemin de traverse. Dernière étape de sa réflexion.

La folie de Bicke, ressemble à celle incarnée il y'a plusieurs années par De Niro dans "Taxi Driver".
La ressemblance est quasi frappante.

Le cinéaste lui, en revanche ne ressemble en rien à Scorsese. Plus contemplatif, son film n'a d'action que dix minutes. Le reste n'est que le parcours observateur d'un monde plus intelligent que la société elle même.

CONCLUSION:

Lente descente aux enfers, chemin psychologique emprunté par un homme, défendant une cause qui lui semble juste.
"The Assassination of Richard Nixon" est en fait l'inverse de son titre. C'est l'assassinat psychologique d'un homme qui rêve de mourir en effaçant le mensonge d'une société en plein déclin.
Ce n'est pas la mort de l'homme qui lui semble primordiale, mais celle de la tourmente, et de l'aveuglement collectif.
Un film distancié, abile, juste.

EN DEUX MOTS :

Plaidoyer sur la politique, et sur la société contemporaine, d'une grande justesse. :-)

11 avril 2007

SNAKES ON THE PLANE

Un film de David R. Ellis

Pays: Etats-Unis
Genre: Thriller/Action
Année: 2006
Casting: Samuel L.Jackson, Julianna Margulies, Nathan Phillips, Rachel Blanchard ...

18655597SYNOPSIS:

La mission de l'agent spécial Neville Flynn est simple : il doit escorter un témoin essentiel sur un avion de lignede Hawaï à Los Angeles. L'homme va permettre de faire tomber l'un des piliers de la mafia, après qui Flynn court depuis longtemps. Toutes les précautions ont été prises, mais ce n'est pas assez.
Décidé à ce que le témoin n'arrive jamais au tribunal, le criminel met au point un lâcher de serpents venimeux à bord de l'avion...

INTRODUCTION :

Alors comment un blockbuster devenu culte par le net, aux allures de petit film de série B, peut il attérir sur ce blog ? La réponse est simple, "Snakes on The Plane" rempli sa part de contrat, à savoir divertir au maximum grâce à un scénario taillé dans la multiplicité des genres, et ce grâce à nous, spectateurs...

PREMIERE PARTIE:18476931

C'est davantage sur l'histoire qui entoure ce film, que sur le film lui même que je vais tâcher de m'exprimer. Parce que rares sont les films qui deviennent cultes avant même leurs sorties en salles. "Des Serpents dans l'Avion" avait pourtant tout du film bateau, ringard et convenu. Enième film d'action héroïque, au scénario douteux, et aux invraisemblances à répétition, ce film partait avec un handicap de taille.

D'ailleurs, pour être totalement honnête avec le spectateur, le cinéaste et les producteurs n'ont jamais caché le classicisme du film. Et ce dès le départ, lorsqu'il n'apparaissait sur le net que deux lignes de scénario, sur lesquelles on pouvait clairement se rendre compte du genre convoité.
"Un film d'action, dans un avion, avec des serpents vénimeux". Moyen comme accroche, et pourtant.
Le début de la longue et incroyable ascension du film ne faisait que commencer.

C'est grâce à un internet, et notamment au phénomène des blogs, que le film de David R. Ellis a su trouver son public et sa notoriété.
Un fan, au départ, qui s'approprie les quelques lignes du scénario, qui lance de multiples rumeurs sur le contenu du film, puis tout une interprétation autour du titre "Snakes on the Plane" pourtant très évocateur. Mais ce titre, ce logo, marque les blogeurs.
On croit à un nom de groupe de rock, à une marque de vêtement, et cela entraînera tout un engouement, qui servira positivement le film de la New Line Cinéma production.
Mais là ou d'autres maisons de production auraient pu attaquer en justice les utilisateurs mal renseignés, s'étant approprié les lignes du scénario et toute la marque déposée, et bien New Line a préféré aller dans le sens des internautes, en leur proposant d'inventer eux mêmes, la suite de l'histoire.

C'est ainsi que certaines répliques du film apparaissent comme des oeuvres purement inventées par les spectateurs. Gros coup d'audace de la part de la production, et gros risque artistique.
Mais en y réflechissant un peu plus, on s'aperçoit très vite que cette prise de risque, n'en ait plus vraiment une, parce que le film devient plus accessible à un public, qui en aura choisi lui même l'issue.
C'est ainsi le premier film de l'histoire du cinéma, à être si proche de l'attente des spectateurs.

18476932DEUXIEME PARTIE:

Force est de constater, en observant le film, qu'il y'a effectivement, une grosse partie purement inventée, parce que le film semble voué à de multiples rebondissements possibles.
Dès le début, plage paradisiaque, jungle tropicale, sable blanc et cocotiers. Contraste incroyable avec la suite d'un film dont l'histoire nous met en confrontation directe avec des centaines de serpents.
Il y'a comme un décalage entre la volonté de faire un film d'action dans un avion, et un début de film complètement à l'opposé.

Cela rend le film surprenant, durant l'heure et demi de sa durée, parce que jamais, on ne sait réellement ce qu'il va se passer. Bien que le genre du film veuille évidemment un dénouement heureux et héroïque, mais l'abileté du réalisateur à passer d'un genre à un autre, confond cette notion de simplicité et de prévisibilité.
Du coup, l'on peut aisément passer de la comédie au film d'horreur, pour ensuite revenir à un suspense plus haletant. Facilité déconcertante d'adaptation, déservant un film toujours surpenant et plutôt bien réalisé.

Dans l'avion, tout va très vite. Le cinéaste balaye ainsi tous les films du genre par cette fausse parodie des films d'aviation. Le commandant qui meurt, le copilote malchanceux lui aussi victime, pour arriver à ce qu'un passager reprenne les commandes du Boeing. Evidemment, gros coup d'intox aux films du genre. Franche rigolade, second degré. Le film de David R. Ellis ne revendique aucune prétention, et c'est ce qui en fait sa force.

Un couple qui se réfugie dans les toilettes de l'avion pour faire l'amour - fantasme récurrent - ici utilisé comme élément d'intrigue, le passager mécontent, l'hôtesse sexy, le gros blagueur, le flic super héro, le courageux, tout y est pour que le film se passe sous les meilleures hospices.
Mais là ou d'autres oeuvres se prennent au sérieux, "Snakes on the Plane" lui, revendique son côté kitsch.
Pari réussi.

CONCLUSION:

"Des Serpents dans l'Avion". Film d'action survitaminé, aux allures de série B kitsch. Souvent volontairement maladroit, il n'en demeure pas moins un film d'action surprenant, très bien réalisé, permettant de passer un agréable moment.
Souvent on en demande pas plus à une oeuvre, à partir du moment ou l'on y prend du plaisir.
Ici, le pari est d'autant plus réussi que le film parvient à jouer sur la parodie, et l'humour, avec beaucoup de nuance et d'intelligence.
Ce n'est pas le plus grand film d'action qui existe, mais au moins, on s'amuse, on rit, et l'on s'étonne même parfois.

EN DEUX MOTS :

Action, humour, suprises, nous sommes dans un film réussi, ni plus, ni moins. :-)

5 mars 2007

VICTIM

Un film de Ringo Lam

Pays: Hong Kong
Genre: Polar/Fantastique
Année: 1999
Casting: Tony Leung Ka-Fai, Lau Ching Wan, Emily Kwan, Yiu Cheung-Lai ...

fa3202a814011f1c6ab519de109ab467SYNOPSIS:

Kidnappé et retrouvé dans une demeure supposée hantée, l’informaticien Manson Ma est interrogé par l’inspecteur Pit dans les locaux de la police de Hong Kong. Très vite, la femme de Manson confie que son époux, la veille de son enlèvement, semblait avoir un comportement anormalement agressif. Que s’est-il réellement passé ?...

INTRODUCTION:

Il existe deux sentiments différents dans "Victim". Celui d'être trompé, et celui d'être surpris.
Trompés par la première demi-heure, que l'on observe avec un peu de frustration. Surfant sur le succés des "Ring" et autres films d'horreur de la nouvelle vague asiatique, "Victim" victimise le spectateur à coup de sons angoissants et plans typiquement sortis des meilleures oeuvres horrifiques.
Mais l'on ne peut s'empêcher de ressentir une légère deception. Et pourtant elle sera de très courte durée.

PREMIERE PARTIE:victim_032

Même pas totalement une demi-heure, avant de commencer à se poser de très larges questions. C'est à peu près le temps qu'il faudra au film pour véritablement démarrer. Non pas qu'il soit ennuyant avant cela, mais on va dire qu'il ne paraissait ni surprenant ni novateur. Mais l'introduction passée, Ringo Lam poursuit de manière assez admirable vers un désequilibre cinématographique, surprenant. Mi-fantastique, mi-polar, en fait, on ne sait pas trop dans quoi on va embarquer.

"Victim" parce que chacun des protagonistes est décrit comme une victime du quotidien, sombrant peu à peu dans une folie permanente.
Victimes d'un système, d'une routine, d'un certain classicisme, les héros du film de Lam sont en fait eux même les victimes de ce qu'ils traquent.

D'un coté, un flic qui recherche la vérité, de l'autre, un pauvre homme enlevé et battu, qui ne se souvient de rien et agit comme un coupable idéal.
Deux personnages en quête d'une vérité. Et finalement, deux hommes victimes de leur quotidien.

L'horreur chez Ringo Lam devient ainsi beaucoup plus intimiste. Le film bascule dans un polar qui oppose deux hommes, dans une traque d'abord psychologique avant d'être physique.
Comme si l'horreur provenait de ce qui les entourent, et non de l'action en elle même. Pit, le flic préfère passer du temps au boulot plutôt que d'affronter sa femme, qu'il soupçonne d'adultère. Passant de rares coups de téléphone à sa fille, sorte de fantôme de sa propre existence.
Manson Ma lui, passe son temps à bétonner son jardin, pour y enfermer un passé qu'il ne veut plus jamais avoir a subir.

Victim03DEUXIEME PARTIE:

Ringo Lam transforme l'horreur en psychose intimiste refoulée. On ne sait plus très bien qui traque qui, et pourquoi. C'est cette dernière question qui se révèle la plus difficile à résoudre. Pourquoi ?
Comme un quotidien qui oblige à agir, les deux hommes se croisent, se suivent, se battent, sans jamais parvenir à s'attrapper totalement. L'image de fin, sublime, prouve cette théorie de la poursuite infinie, sans aucune fin possible.

Surtout, "Victim" décrit une ville de Hong Kong en pleine dégénérescence, qui fait de tout ses habitants des victimes potentielles.
Même les seconds rôles, dans le film, sont emprunts d'une certaine impatience, prisonniers d'un système qui les victimisent de toute manière. Quelle qu'en soit l'issue.

Archétype même du film noir, sombre et pessimiste, "Victim" utilise la clé de deux genres paradoxaux.
D'un côté, un genre plus terre à terre, le polar, qui fait montre bien souvent, d'un réalisme abrupte. Une certaine rage ancrée dans une réalité vécue.
De l'autre, le fantastique, plus nuancé dans ses interprétations. Une sorte de double lecture possible, pour un film qui se veut ni réel, ni fantasmagorique.

Une histoire de fantômes réels, de victimes désancrées d'une vie banale. Comme pour en souligner la force et la rage, et prouver sa théorie, Ringo Lam filme la dernière séquence de son film dans un cimetière.
Un Hong Kong crépusculaire, un silence étrange, puis une traque quasi muette.

Les deux hommes se cherchent, puis finissent par se trouver dans une admirable scène de gunfight.

Là, le polar et le fantastique, plus que jamais semblent liés. Mais est-ce le réel qui est montré, ou au contraire, l'irréel ?
La réponse, ni nous, ni eux, ne la savent réellement. Il s'agit bel et bien d'un grand film, peut être le meilleur de son auteur...

CONCLUSION:

"Victim" est une oeuvre fascinante, surfant abilement entre deux genres remarquables. Un film à la fois millimétré et calculé comme un polar, sombre, pessimiste et inconsolable, et puis nuancé et libre dans son interprétation. Beaucoup plus ouvert qu'on ne le pense, cette nouvelle oeuvre de Ringo Lam est un plaisir difficile à décrire. Dérangeant, violent, sombre, puis en même temps, tout l'inverse...

EN DEUX MOTS:

Chef d'oeuvre perdu entre deux genres...

11 février 2007

BABY BOY FRANKIE

Un film d'Allen Baron

Pays: USA

Genre: Polar

Année: 1961

Casting: Allen Baron, Molly McCarthy, Larry Tucker...

BBFSYNOPSIS :

Retiré des affaires depuis quelque temps, Frankie Bono, tueur à gages, revient à New York pour un dernier contrat : l'assassinat d'un gangster de moyenne envergure.
Lors de la traque, alors qu'il s'emploie à éviter tout contact avec sa future victime, il est reconnu par un de ses anciens amis de l'orphelinat dans lequel ils ont été élevés. Le calme, le manque d'ambition et la routine de cet ancien ami contrastent sérieusement avec la vie solitaire de Bono.
Excédé et distrait, Bono commet une nouvelle erreur...

INTRODUCTION :

Tout commence par une scène inaugurale forte intéressante. Caméra embarquée à bord d’un train, qui file à toute vitesse.

Deuxième plan, le train s’arrête. Frankie Bono, tueur à gages professionnel en sort. Il pose ses pieds sur le quai. Une voix off nous explique alors le fin mot de l’histoire…

Début d’un long périple assassin, début d’une cavale sans issue…

PREMIERE PARTIE :bbf1

A l’évidence, on sent l’influence de Baron, pour les films de gangsters des années 30 ou 40.

Noir et blanc poussiéreux, image granuleuse, sobriété de la mise en scène. Allen Baron maîtrise son film du début à la fin.

Il faut bien avouer pourtant, que l’histoire de ce film a failli ne jamais exister. Tourné quasiment clandestinement, sans autorisation de tournage, avec un budget dérisoire de 800 Dollars. Le film de Baron est en quelque sorte, un film miracle, une petite pépite d’or, gravée dans l’histoire du cinéma, comme une preuve de réussite totale.

A partir d’une construction simpliste, le metteur en scène à su transformer peu à peu son œuvre, en un récit plus complexe qu’il n’y paraît.

Voix off, chemin rédempteur d’un personnage qui semble bien seul, refus progressif de tuer, en fait c’est le portrait d’un assassin qui le devient un peu malgré lui.

Tuer pour l’argent, tuer pour répondre à une offre, tuer sans savoir pourquoi. Tâche ingrate, délivrée aux hommes faibles, errants, sans aucune vie sociale.

D’ailleurs, la faiblesse semble être le point d’orgue du metteur en scène, comme une sorte de fascination pour celle ci, il structure son récit de sorte à ce que l’on sente de manière quasi permanente, la perte de lucidité, d’un anti-héros déchût.

Comme en témoigne cette scène dans laquelle Frankie Bono, cède au désir sexuel que lui inspire une ancienne amie.

Il se retrouve dans son appartement, livré à ses pulsions animales, et perd instantanément toute notion de logique ou d’éthique sociale.

Il se jette sur son amie, obéissant une nouvelle fois à un désir plus important que sa propre volonté…

bbf2DEUXIEME PARTIE :

C’est cette notion de sentiments refoulés, qui refait surface périodiquement dans le film. Comme une note de musique, appuyée longuement pour marquer de son empreinte, l’importance d’une scène, ou d’une tonalité.

Baron, insiste sur cette notion de refoulement. Ses personnages semblent témoins d’un état qu’ils ne contrôlent pas, ou plus.

Bono est ainsi, un tueur solitaire, aux sentiments refoulés. Comme s’il n’avait pas fait l’amour depuis des décennies, il obéit à l’appel de son désir sexuel dans cette scène. Mais ne réfléchit nullement à ses conséquences.

Prêt à perdre l’amitié, au profit d’un instant de plaisir, sabordé par un mécanisme purement animal et instinctif.

Le film d’Allen Baron répond à cela. Il s’agit d’instinct, de désir, de plaisir, de non satisfaction.

Constamment, au long du périple de Bono, se retrouvent face à lui, pléthores d’obstacles du quotidien, comme un rappel à la normalité.

Bono n’écoute pas, n’écoute rien. Obstiné, par l’argent, par le sexe, par la non conformité peut être, il sombre dans une folie destructrice, qu’encore une fois, il ne contrôle pas.

CONCLUSION :

« Baby Boy Frankie », est un film fascinant. Il s’inscrit dans un genre à part, et marque les vrais débuts du cinéma indépendant américain. Il est des films dont on aime se souvenir. Pour leurs couleurs de fond, leurs unicités, leurs sobriétés, leurs grains si particulier…

Oui, BBF est de ceux là, des petits films, qui de part leurs simplicités, deviennent de grandes œuvres.

Celui-là, assurément, est à ranger aux côtés des « Citizen Kane » et autres films de légendes…

EN DEUX MOTS :

Perle rare à découvrir, pour ne pas mourir idiot :-)

21 janvier 2007

SEVEN SWORDS

Un film de Tsui Hark

Pays: Hong Kong
Genre: Action
Année: 2005
Casting: Leon Lai, Donnie Yen, Charlie Yeung, Liwu Dai, So-yeon Kim Duncan Lai, Liu Chia Kiang, Mickael Wong ...

SevenSwords_AfficheSYNOPSIS:

A l'aube des années 1660, la Mandchourie annexe la Chine pour y installer la dynastie Ching. A la suite des multiples insurrections contre le gouvernement, ce dernier interdit l'étude et l'exercice des arts martiaux afin de maintenir l'ordre et la discipline dans le pays. Fire-wind, chef militaire de la dynastie antérieure, se dit qu'en aidant le gouvernement à faire appliquer la nouvelle loi il parviendra à s'enrichir rapidement. Il a projeté de s'attaquer à la dernière ville frontière, petite bourgade du nom de Martial Village, dont les habitants sont réputés rebelles et courageux…

INTRODUCTION : 

On ne présente plus Tsui Hark, grand maître artificier du cinéma hong kongais des années 80. Au même titre que John Woo, il a su faire exporter le cinéma de son pays, vers des destinations en soif d’action et de créativité.

La créativité, sans doute la marque de fabrique du grand Tsui Hark, après de nombreuses œuvres à succès, telles que « The Blade » ou « Time and Tide » et la saga « Il était une fois en Chine ».

Le Wu Xia Pian, est un genre cinématographique qu’il maîtrise bien. Et avec « Seven Swords » il signe son grand retour…

PREMIERE PARTIE :SevenSwords_02

Impossible de ne pas faire une allusion à « Hero » ou « Le Secret des Poignards Volants » de Zhang Yimou, dès l’ouverture du film. Le visuel frappe instantanément. Une peinture animée à l’écran, d’une beauté éclatante. Des couleurs magnifiques, des costumes resplendissants, et une image propre en tout point.

Pourtant, par la suite les choses se corsent un peu. Loin du génie des films majeurs de ces dernières années, Tsui Hark semble s’enfermer avec « Seven Swords » dans un genre qu’il a su pourtant réinventer.

Du coup, on exige beaucoup de la part du cinéaste, peut être trop. Sa relecture des sept samouraïs de Kurosawa est trop fade. L’esthétisme forcené du métrage ne suffit pas à lui offrir l’intérêt nécessaire, que tout bon film se doit d’offrir au spectateur.

A commencer par la facilité qu’à le metteur en scène à se reposer sur le charisme de ses acteurs. Ceux-ci se laissent aller dans des dialogues parfois lourds de sens, sans pour autant que Tsui Hark, ne vienne y changer quoi que ce soit. Etrange de la part de celui que l’on considérait autrefois comme le « Spielberg » asiatique.

Bien sûr, hormis les quelques failles du casting, l’ensemble reste plus que correct, d’ailleurs mention spéciale à Sun Hong-Lei, vraiment impressionnant.

Le point fort du film réside évidemment dans son aspect formel. La mise en scène également, montre à nouveau, sans aucune difficulté, l’aisance et l’expérience de Tsui Hark derrière la caméra.
On n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace, c’est un peu le sentiment évoqué par le cadrage du maître. Chaque mouvement de caméra, chaque plan, est d’une précision déconcertante.
Evidemment, aucun reproche ne peut être fait à cet égard.

SevenSwords_06DEUXIEME PARTIE:

La mise en scène donc, relate du savoir faire Harkien. Cependant, si techniquement parlant, il lui est difficile de le critiquer, on pourra se pencher sur certaines scènes de combat, qui pêchent un peu par un manque d’originalité.

Parfois l’issue demeure prévisible, parfois aussi, le spectateur ne ressent rien d’autre qu’une impression de platitude.

Tout va très vite, ou à contrario, tout est très lent. Mais ce manque de rythme constant, rend le nouveau long métrage de Tsui Hark, trop linéaire, voire carrément, long et ennuyant.

Peut être que les 2h30 du film se ressentent un peu trop, et pourtant ce n’est ici que la version courte. Parce qu’elle a été amputée de ses passages les plus liants peut être.
C’est la liaison justement, qui manque cruellement par moment, comme si deux scènes juxtaposées, n’étaient pas du tout en parfaite cohésion.

Normal, lorsqu’un film est massacré de la sorte. Le montage ne peut alors plus lié les éléments entre eux, et il devient difficile pour le cinéaste, de rester maître de son sujet.

Enfin, impossible aussi de ne pas parler de la superbe composition de Kenji Kawai. Musicien bien connu dans le monde du cinéma asiatique, puisqu’on lui doit notamment les partitions fabuleuses d’ « Avalon » ou celles de « Ghost In The Shell » de Mamoru Oshii.

Composition une nouvelle fois remarquable, bien qu’un tantinet timide et discrète, notamment sur certains passages du film.

CONCLUSION :

« Seven Swords » n’est donc pas un chef d’œuvre de plus. Il s’agit simplement d’un retour en demi-teinte, d’un auteur à l’immense filmographie.
On ne peut pas lui reprocher d’avoir voulu signer un retour fracassant, mais il est arrivé un peu trop tard. Ang Lee et Zhang Yimou, l’ont battu sur son propre terrain.

Le point positif, on le réserve pour une prochaine tentative. Un lion de la sorte, n’aime pas rester derrière la scène…

EN DEUX MOTS:

Retour en demi-teinte, pour auteur à succès...

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