Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ACTE
ACTE
Publicité
Derniers commentaires
Archives
5 janvier 2006

Turkish Delight

pays_basFilm hollandais de Paul Verhoeven
Genre: Comédie dramatique
Année: 1973
                                  "L'adolescence par outrance"   

turkish_delights3Synopsis:

Depuis que sa fiancée, Olga, l'a quittée, Eric Vonk, un sculpteur, a laissé la crasse et la pourriture envahir son appartement. Il ne sort plus et passe ses journées a rêver du temps passé, de sa rencontre avec Olga, de leur bonheur puis de la rencontre d'Olga avec un médecin, Paul, avec qui elle est partie...

Introduction:

Deuxième long métrage du cinéaste instable, qu'est Paul Verhoven. Deuxième film de sa partie hollandaise, absolument phénoménale à mon sens, car avant-gardiste, et révolutionnaire.
Verhoeven, libère dans son métrage, des pulsions créatrices remarquables, qui font de "Turkish Delight", incontestablement, un de mes 100 films préférés...Explications.

Le goût de la provocation...

Dès le départ, le ton est donné, par son ouverture, sa façon de filmer l'action, très proche dans l'observation, on devine que Verhoeven, ne fera pas dans la dentelle, il n'épargnera pas le spectateur, de son délire scénique, et à contrario, va l'y emmener tout droit dedans.
La première scène, fait référence aux grands classiques des films policiers, des années 40 à 50. Un psychopate, qui tire sur un couple, qui attendait là, dans un vieux taxi délabré.
D'une balle en pleine tête, la jeune femme s'écroule, laissant s'échapper du sang, à la couleur orangée, quasi grotesque.
Puis, l'action, se dirige à présent dans une chambre, un homme est couché, là, sur son lit, le sexe apparent, qui est il?
On le comprend lorsque le cinéaste nous montre que la scène précédente, n'était en fait qu'un rêve, de cet homme dont on sait à présent, qu'il sera le héro de l'histoire tordue et roquambolesque, qui nous attend.
Verhoeven, filme donc d'abord la fin, puis revient au début, avec une traditionelle ellipse, qui situe à présent l'histoire, deux ans avant...
L'odyssée sexuelle, et la folie évidente de son métrage débute alors, le cinéaste ne lésine pas sur l'outrance, quitte à provoquer le dégoût, on s'en fou, c'est Verhoeven, et l'on sait à quoi s'attendre.
Mais attention, il ne s'agit pas d'un périple pervers et mégalo, car avec beaucoup d'intelligence et de maîtrise, Verhoeven, s'infiltre dans la psychologie, de personnages, que l'on croirait tout droit sortis de l' "Orange Mécanique" d'un certain Kubrick.
Une sorte d'adolescence instable et fascinée par la violence et le sexe.
Oui, l'inspiration de Kubrick est très forte, jusque dans la mise en scène.
Mais rapidemment, le film s'en détache, pour ne proposer qu'une vision personnelle du monde Verhoevenien. Un pourparler moral d'une rare dérive.

Une délicate plongée...

Car si le film débute de façon presque décalée, adoptant un humour noir violent et satirique, il se poursuit dans une voie bien plus dramatique, voire tragique.
On apprend qu'Olga est atteinte d'un cancer, qu'elle couche avec un autre homme, que son père va mourir dans d'atroces souffrances, libérant une odeur épouvantable dans la pièce dans laquelle il est allongé sur son lit de mort.
Bref, la vie rêvée, idyllique, du début laisse sa place à un véritable enfer, comme pour signifier "Bienvenue chez les adultes...."
Car cette plongée lente et subtile, nous fait réellement comprendre le sens du mot humanité.
La connerie des débuts, l'insouciance, engendre un affrontement du quotidien, bien plus inquiétant et immoral, qu'on pouvait le penser.
Les personnages se retrouvent soudainement basculés dans une vie d'adulte, loin de l'idyllisme de l'adolescence.
Bienvenue donc dans cet enfer, ce train de vie morose, d'un rare pessimisme.
Mais, jamais, jamais le cinéaste ne sombre dans le fatalisme fatal, il en ressort au contraire, toute l'absurdité. Le cancer devient le moment de se remttre en question, de constater ses erreurs, et d'oublier le passé triste et morose, pour repartir sur de nouvelles bases.
En gros, c'est sur le lit de mort, que l'on a envie de mieux vivre.
Le père d'Olga, lorsqu'il décède, ne surprend pas grand monde, cela s'impose comme une simple "formalité" de la vie.
Tout le monde y passe un jour, pourquoi faire le supris?
Le film est aussi un cocktail de scènes cultes, anthologiques, absolument grandioses.
Une des plus belles de l'histoire du cinéma, selon moi, au moment ou Eric et Olga font un accident de voiture.
Elle se passe de commentaires, et s'observe, simplement.

Un film sur l'amour, sur la mort....

Oui, Verhoeven, malgrè son goût pour l'outrance, se fait poète, à ses heures, en délivrant au final, une fable, plus qu'un simple film de plus sur les dérives de l'adolescence.
Lointaine semble l'époque d'Hollywood, ici, il ne s'amuse pas à créer le spectacle, celui-ci vient naturellement, il se fond dans l'histoire, n'apparait ici, que comme une étape que traversent des personnages hauts en couleurs, malgrè le drame qui s'annonce.
Jusque dans ses touches dramatiques, l'humour soft et décalé d'un auteur en perpétuelle remise en question, se fait ressentir.
Pas d'élucubrations moralistes ou de scènes refermées sur elles mêmes, la profondeur du film lui suffit à ouvrir l'esprit d'un spectateur à la recherche d'originalité.

Conclusion:

Le deuxième film de Verhoeven s'annonce donc comme un chef d'oeuvre d'avant-garde, un film qui avait plus de trente ans d'avance sur son époque, parce que fidèle à la société d'aujourd'hui, faite de dérives, d'immoralité et d'instabilité.
Mais là ou certains cinéastes échouent car ils se focalisent trop sur le documentarisme, Verhoeven réussi son pari, parce qu'il mélange, point de vue personnel très en recul, et humour noir.
Les meilleurs films dramatiques ne sont ils pas ceux ou l'on peut rire du drame????

Note: 18/20

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Ok ça marche, je n'y manquerais pas :)
C
Bien sûr que ça tient ! Tu me préviens dès que tu peux.... ;-)
M
Eh eh eh, je ne dévoilerais mon secret à personne, mais je peux réussir à les faire voir, y'a toujours moyen, n'est ce pas Chris? lol :)<br /> Au fait y'a des chances que je passe dans pas trop longtemps en Belgique, si ton invit' tiens toujours, je crois que me laisserais tenter, je t'informe de cela très rapidement :)
T
Oui si seulement tu pouvais nous dire ton fournisseur, ce serait pas mal ;-)
C
Mais où est-ce que tu vas les chercher tes films. En tout cas, celui-ci, très bien choisi pour ne pas recevoir une critique désagréable de Mero. looool. A cet égard, oublie de mettre du Zhang Yimou aussi. Par contre, tu peux y aller sur du Oliver Stone Historique ou sur "Grand Gorille" aseptisé, si tu vois ce que je veux dire.... ;-)<br /> <br /> Bref, du Hollandais des années 70, ça me tente bien. Et Verhoeven a démontré qu'il n'était pas un nain de jardin à la mise en scène.
Publicité