Chinatown
Film américain de Roman Polanski (1974) Genre: Policier
Evelyn Mulwray, demande au détective privé J.J. Gittes de filer son mari qu'elle soupçonne d'adultère. Mais Gittes découvre qu'Evelyn n'est pas la vraie Madame Mulwray et qu'il s'agit d'une machination pour discréditer un fonctionnaire intègre. Mulwray est retrouvé noyé. Gittes pousuit l'enquête avec l'aide de la véritable Mme Mulwray...
Des films de Polanski, on en aura vu beaucoup sur ce blog, et ce n'est pas encore prêt de finir.
Aujourd'hui, pourtant, un passage de ce livre extraordinaire que nous à écrit Roman, tout au long de sa carrière, prend une allure toute autre.
En effet, avec "Chinatown" Polanski renoue avec son grand chef d'oeuvre qu'est "Le couteau dans L'eau".
De cette époque des grands succès, il marquera le septième art de son empreinte, car Chinatown, correspond ni plus, ni moins, au meilleur polar contemporain.
Cette grande fresque, tissée par le cinéaste fascine d'abord par son casting, impressionnant.
John Huston, Faye Dunaway, et et et....mon acteur favori, Jack Nicholson, dans un rôle une nouvelle fois, plus qu'exemplaire.
Bien entendu, un casting sans un fond, bien écrit et maitrisé n'apporterait rien de bien suffisamment attractif. Or ici, il ne sert qu'à embellir l'aspect d'une affiche de cinéma.
Car que ce soit ce trio magique, ou un autre, je crois que de toute manière, le film de Polanski aurait impressionné plus d'un spectateur, tant sa maitrise est grandiose.
En effet, et cela se voit encore aujourd'hui, la mise en scène est parfaite, dans son ensemble. Du cadrage, remarquablement desservi à l'envelloppe esthétique du film, tout est gage de splendeur et de perfection.
Avec une méthode finalement somme toute assez classique, Polanski dépeint un portrait impressionnant du polar américain.
Entre film policier soft, à l'ambiance "cigare" et "fumée" et le film noir des années 30, à l'allure magnifiquement chorégraphiée, "Chinatown" prend une dimension qui dépasse les espérances et attentes du spectateur.
Derrière une enquête d'un troublant ennui, finalement, les mensonges et les trahisons foisonnent, et désocialisent finalement les personnages.
Encrés dans une attente intérminable de la vérité, les divers protagonistes subissent les faits et dires de chacun les entourant.
Qui dit vrai, qui dit faux? En fait, on s'en moque, car l'enquête au fil de son déroulement, ne semble plus interresser personne, ni même le spectateur.
On se prend au jeu, tout au plus, sans vraiment chercher à comprendre le pourquoi, du comment...
Ce qui fascine, dans la durée, c'est le cercle qui se créé autour des personnages. L'univers, à la fois d'opression de mystère ou de mensonge, qui désacralise le rôle de l'être humain.
Ce masque de menteur, de traitre, que nous cachons tous derrière une facette esthétique et un joli sourire, prend sa forme au fil des jours.
Toute l'ironie, et le machiavélisme du coupable, et de la victime, jaillit de tout ce groupe de personnes, aux motivations différentes.
Alors au final, Polanski, avec son habituelle facilité à mettre en scène un trio de personnages, parvient à instaurer ce climat d'une grande noirceur.
Comme toujours dans son cinéma, les relations qu'entretiennent les protagonistes sont de l'ordre de l'étrange, de l'insocial.
Il en fait des pions, manipulés à aisance, par un système, un lieu, une action, un fait.
Ici, le dénouement, entre arrachement au rêve de liberté et enfermement physique de la vérité, on ne sait trop ou se placer...
Fantasme? Réminiscence? Réalité? La victime qui dans sa fuite perd la vie, est associable, au mythe du destin qui rattrappe l'action commise, mais finalement peut être qu'il n'y a rien de tout ça, et que dans un Chinatown s'éloignant de la société, une personne est morte , simplement, et connement, si j'ose dire, dans une fusillade entre flics, et coupable...
Un immense film, le meilleur du cinéaste après "Le couteau dans L'eau", et un immense chef d'oeuvre, intemporel, servi par une distribution unique. Chapeau l'artiste!
Note: 18/20