Midnight Express
Film anglais de Alan Parker (1978) Genre: Drame
Pour avoir tenté de faire passer du haschich, Billy Hayes est arrêté par la police à la frontière Turque. Condamné à 4 ans de prison, il purge sa peine mais 53 jours avant sa libération, il apprend que le gouvernement a transformé sa condamnation en détention à perpétuité. Billy n'a plus qu'un espoir : parvenir à s'évader...
Parker, le grand Parker, on finit par connaître ses films par coeur. Quel plaisir, en même temps de découvrir, ou redécouvrir ses oeuvres, qui ont réussies, avec brio, à s'installer au panthéon des plus grands films de ce siècle.
Bien sûr, on lui en a reprocher des choses, et aujourd'hui, s'il semble avoir perdu de sa superbe, il a en tout cas, à l'époque, signé de grands chef d'oeuvres.
Dois-je les rappeller? "Birdy", "Mississipi Burning", "Angel Heart"... Oui, c'est le même homme qui est à l'origine de tout ça. La morale de ses films? l'aspiration de chaque homme à vivre libre...
"Midnight Express" ne déroge donc pas à la règle, et s'inspire de ce que Parker sait faire le mieux, à savoir bouleverser le spectateur par son approche de l'humanité.
Il dénonce beaucoup les injustices, et l'histoire de cet homme, emprisonné à vie pour du Haschich, en prend le chemin, une nouvelle fois.
Inspiré d'une histoire vraie, ce récit troublant, dégage une athmosphère particulière. En effet on se sent mal à l'aise dès le départ, lorsque le ton est donné.
A l'aéroport, on pense à chaque instant que le personnage va s'en sortir. On le croit jusqu'au moment ou l'on s'attend le moins à ce qu'il se fasse arrêter.
Fabuleuse, est la manière dont cela se déroule. La tension était arrivée à son apogée, puis redescend, dans un élan d'humour noir, jusqu'à devenir inquiétante, puis humiliante pour Hayes.
Désormais plus rien ne sera drôle, ou très peu de moments.
Le pessimisme jalonne l'oeuvre de Parker, mais on connait le cinéaste, il choisira le moment opportun pour refaire naître l'espoir.
Le jugement prononce 4 années d'emprisonnement, on est surpris, mais heureux que le destin de cet homme soit enfin scellé.
Mais Parker n'a pas dit son dernier mot, entre scène de violence inouie pour l'époque, et beauté des images, le cinéaste place un second jugement, celui-ci sera fatal.
La fatalité est mesurée cela dit, pas de mauvaise fin dans un film parkerien, mais de l'optimisme, quelle qu'en soit sa forme.
Alors d'abord c'est l'ascension vers la rage, puis la folie et le mutisme. Comme dans "Birdy" ou " Angel Heart".
La folie, parlons en. Le personnage s'enferme, à l'image d'un enfant qui vient de commettre une erreur, dans un silence, qui devient bruyant par l'image.
La force qui émane des expressions, ou du jeu de l'acteur, fait froid dans le dos.
La scène du meurtre dans la prison, celle qui fera chavirer Billy de l'autre côté, est exemplaire.
Une magnifique chorégraphie de la violence, et l'acharnement de l'homme à l'erreur.
Par vengeance, par haine, ou les deux mélangés, Billy change de visage, il devient appeurant, cruel et barbare. Le film change d'aspect, du drame, il devient psychologique, et sa force n'en sera qu'amplifiée.
C'est avec cette notion de la cruauté pour la bonne cause, que Parker dessine ses personnages.
Ils en deviennent attachant, car ils correspondent à l'ouvrier de la classe moyenne. Ils appartiennent à cette catégorie de gens, messieurs tout-le-monde, à qui l'on pompe l'argent, et à qui on enlève si facilement et sans amertume, le droit à la liberté et à la seconde chance.
Donc, il y'a quelque chose de morale, de récurrent dans le cinéma de Parker, et il n'a pas fallu attendre "Birdy" ou d'autres de ses films des années 80 à 90 pour le constater.
A la fin des années 70, déja, le cinéaste se focalisait sur ce thème anti-social.
"Midnight Express" pourrait apparaitre comme une ébauche d'un cinéma futur, et pourtant il n'en est rien, il va bien au delà de tout ça, et personnellement, je le considère comme le plus grand film du cinéaste.
"[i]Je vous emmerde bande de sale turcs[/i]" voici un extrait d'un dialogue du film, il fallait oser, et pourtant, sans racisme ou antisémitisme, Parker le fait dire à l'un des ses protagonistes. Peut être était-ce une manière forte d'appréhender le spectateur, et le faire réagir face à une certaine réalité.
La volonté de la Turquie, à l'époque, de lutter contre le trafic de stupéfiants, les ont conduit à prendre les mauvaises décisions.
Pas de jugements dans le film, sur l'aspect politique ou autre, mais la réalité de l'image le prouve amplement.
Une erreur, d'ordre humain, plus que politique, a failli conduire un homme à la perte. Je dis bien failli, car, comme dans tout excellent Parker, la fin n'est que très rarement taillée dans l'amertume. Une touche d'espoir, ou de renaissance vient rapprocher l'homme de son but... La volonté de vivre heureux, et libre....
Un chef d'oeuvre, absolument grandiose, maitrisé de bout en bout, et profondément humaniste.
Note: 18/20