China Girl
Film américain de Abel Ferrara (1987) Genre: Comédie dramatique
A New York, les jeunes habitants dans le quartier italien et ceux de Chinatown continuent à s'affronter pour faire valoir leurs droits. C'est dans ce contexte de violence qu'un adolescent italien, Tony et une jeune chinoise, Tyan vont mettre leurs vies en péril pour vivre leur amour au grand jour...
Cinéaste spécialisé dans le thriller social, Ferrara, signe avec "China Girl" une belle fresque sur l'amour et sur le racisme.
Sur fond d'histoire shakespearienne, le sauvage Ferrara, évoque le Roméo et Juliette version temps moderne, dans ce film au parfum doux amer.
Si l'image est très belle, la métaphore reussie, et la mise en scène plutôt singulière, mais de qualité sont au rendez vous, c'est parce que le cinéaste tient un sujet qui le fascine et l'inspire clairement.
3 ans avant son film culte, "Bad Lieutenant" avec un Harvey Keitel métamorphosé, Ferrara l'impitoyable bouscule les idées reçues avec un thriller urbain, plein de bonnes choses.
Son film comporte, au dela de ses quelques images vieillisantes, de fabuleux moments d'anthologie, comme par exemple la scène de course poursuite entre Tony, le rital, et un petit groupe de chinois en colère.
Dans cette scène en effet, après une longue course poursuite, les deux camps opposés sont fatigués, et la belle image de Ferrara consiste à montrer que Tony, s'arrête, essouflé, de l'autre côté d'un carrefour. Il tourne la tête vers; l'arrière et constate que ses poursuivants, sont arrêtés à queques pas de lui, à la limite de la fin du quartier de chinatown.
Très belle image donc, que cette frontière "invisible" qui sépare deux quartiers, et donc deux cultures...
La fin, d'un pessimisme clairement revendiqué, ne fait que confirmer ce que l'on pense de ce cinéaste des laissés pour compte, des traffiquants et des hommes rejettés par le systeme.
La lutte contre le racisme est évoquée très nettement dans le film, même si cela n'est jamais explicitement montré.
L'image de fin, dont je tairais le contenu, est une des plus belles que le cinéma social est pu montré jusqu'alors. Elle est culte, et anthologique même.
La mise en scène, plutôt conformiste et pas franchement conceptuelle, suffit largement à démontrer ce que le cinéaste cherche à démontrer. Pas d'artifices inutiles, juste du concret et son évocation de la guerre des gangs, se subordonne magnifiquement à sa mise en scène.
L'esthétisme en revanche, prend une place importante dans son oeuvre. Il crée une atmosphère glauque, teintée de bleu et de rouge, offrant du coup une ambiance chaude et froide, représentant l'opposition des deux camps.
Cette confrontation raciale, se traduit surtout par des attitudes, pas par des mots, ou très peu.
Les armes semblent régler le problème sous-jacent d'une violence inévitable, parsemée par deux cultures d'êtres humains, fiers et débiles, comme nous le sommes tous.
Le film de Ferrara est une dénonciation évidente d'un systeme américain qui doute des biens fondés de sa suprematie.
Le film pointe du doigt, l'actualité politico-économique de l'époque, et cela se traduit par des tensions de quartiers, qui ne bénéficient pas des mêmes ressources.
Sociale, est l'oeuvre d'Abel Ferrara, c'est un fait, mais au dela de cette évidence, se cache un message bien plus douloureux, celui du racisme et son irrémédiable conséquence sur la communauté.
Alors, le cinéaste prend t-il parti? Oui, mais d'aucun des deux camps, il prend parti du camps humain, celui dans lequel nous sommes tous convié, mais que stupidement, par fierté ou bêtise, nous refusons tous de rejoindre...
L'être humain est un idiot? Après un tel film, en tout cas, et au vu de la dernière scène, on est en droit de se poser sincèrement la question...
Note: 13/20