Les Ailes du Désir
Film allemand de Wim Wenders (1987) Genre: Comédie dramatique
Daniel et Cassiel, deux anges vivant au ciel, ont le pouvoir de se rendre sur Terre sans être remarqués des humains. Daniel s'éprend de Marion, une trapèziste, mais celle-ci ne le remarque pas puisqu'il est invisible. Peter Falk, un acteur, aide Daniel à devenir un simple mortel afin que Marion le découvre et l'aime...
Attention, chef d'oeuvre!!!
Film splendide, oeuvre remarquable, "les ailes du désir" est un objet unique dans le septième art, un ovni, un trip visuel, un délire cinématographique.
Wim Wenders, cinéaste au talent indiscutable en a signé des chefs d'oeuvres dans sa carrière, comme par exemple "l'ami américain", ou le fabuleux "Paris,Texas" pour lequel il avait remporté la palme d'or au festival de Cannes, ou encore l'excellent "Million dollar hotel".
Mais avec "les ailes du désir" et sa suite "si loin, si proche" le cinéaste allemand m'a littéralement bluffé, je suis de plus en plus impressionné par ses films, et par son génie en général.
Wenders surprend par la rupture qu'il crée dans chacun de ses récits, il réalise des oeuvres sidérantes de beauté, et fabuleuses sur le plan de la mise en scène.
Dans ce film, le réalisateur ne déroge pas à la règle, et signe un film à la beauté plastique fascinante.
Sa mise en scène, d'ailleurs récompensée à Cannes, impressionne par ses longs plans séquences et son cadrage d'une perfection absolue. La photographie splendide du chef opérateur accompagne cela avec ingéniosité, en alternant le noir et blanc et la couleur.
Hormis l'aspect photographique et scènique de son oeuvre, Wenders sidère la spectateur par une histoire merveilleusement belle, nous plongeant intégralement dans un rêve éveillé.
Une histoire d'anges, qui rêvent de devenir des hommes, et qui fait forcément penser à l'optimisme de la vie.
En effet, c'est avec cette volonté de dire que la vie est belle, que le cinéaste outre rhin, a dessiné sa toile filmique.
Il nous montre le plaisir de toucher, de ressentir, de goûter, et d'aimer.
Il ne se focalise pas sur le mal être d'une société, mais au contraire en trouve les aspects attirants.
Cependant toute l'oeuvre n'est pas construite de la sorte, par moment on devine que le malaise social de cette allemagne encore divisée, prive l'humain de sa liberté.
Et cette belle image des deux anges qui traversent le mur de Berlin, comme s'il était inexistant, ne fait que renforcer ce malaise.
L'ange est finalement un être humain libre de sortir de sa vie misérable quand il le désire, l'ange est un homme libre de s'évader, libre d'aller ou bon lui semble, là ou il pense que sa vie sera meilleure.
En cela, Wenders rend son film magique et magnifique, car il en ressort les bons et les mauvais côté de l'espèce humaine. Mais en integrant la notion angélique, il démontre que certaines personnes, quelque part, n'ont pas la chance de sentir, d'aimer ou toucher.
Il soulève, derrière ce scénario fascinant, le douloureux problème de communication, qui divise encore l'allemagne, à cette époque là.
Le mur, ne symbolise pas que la fracture sociale de ce pays, il signifie aussi que de l'autre côté, il y'a une autre vie, une autre liberté, mais qui ne nous appartient pas.
Alors les deux anges, puisqu'ils ne sont pas humains, ont le droit, eux de traverser le béton pour se rendrent libres.
Magnifique allégorie donc, que ce mur, symbole de deux allemagnes, de deux vies, de deux libertés différentes.
Wim Wenders, grâce à une mise en scène unique, parveint à instaurer un climat d'opression, de rêve et de mystère.
Un mélange subtil, presque inpensable, de sentiments différents, qui confèrent à cette oeuvre, ainsi qu'à sa suite, une impressionnante beauté.
Finalement, que retenir de ce film?
Après ses deux heures d'images fortes, ses musiques ennivrantes et sa beauté visuelle sidérante, on ne ressort pas indemne.
On sourit, on voit la vie d'un autre oeil, on est transporté par delà les cieux, on réfléchi, on pardonne, on pleure aussi, on applaudi, on observe le monde, on se sert la main, et on est fier d'être des hommes...
La plus belle oeuvre du cinéma allemand de ses 20 ou 30 dernières années, et l'un des plus beaux films du septième art, car on en ressort sonné, un peu baba, en oubliant qui l'on est...
Magistral! chapeau l'artiste!!!
Note: 18/20