L'homme sans Passé

Film finlandais de Aki Kaurismäki (2002) Genre: Comédie dramatique

Un homme arrive à Helsinki pour y trouver du travail. Après avoir été tabassé, il devient amnésique et doit faire table rase de sa vie pour tout rebâtir. Il va aimer et être aimé d'une femme, et sera amené à se chercher des valeurs dignes d'une vie d'homme...
Très belle oeuvre, que "l'homme sans passé", d'un cinéaste plein de talent, à qui l'on doit le sublime "au loin s'en vont les nuages".
Dans sa finlande natale, Aki Kaurismäki, élabore un portrait réussi de la classe ouvrière de son pays. Il y develloppe des personnages aux valeurs atypiques, mi-solitaires, mi-soudés.
Ce qui marque tout de suite, en regardant le film, c'est à quel points les protagonistes sont tristes, sans aucune attache quelconque, sans famille, sans vrais amis, bref des personnages plongés dans une solitude abbérante.
Cela, on le remarque dès le départ en fait, dans la scè ne d'introduction, un homme sort du train, il erre dans un parc, se fait tabasser, et on lit la detresse de tous les gens qui le croiseront sur sa route après cela.
Tous, sans exceptions, viennent de la même classe sociale, ils sont dépourvus d'artifices, et ne sont que des pions de l'état.
La mise en scène est d'une froideur déconcertante. Le rythme lent qu'elle impose, confirme ce partis pris. En fait, comme une sorte de mystère, elle dessine ses personnages, et contourne leur aspect physique, pour se focaliser sur le mental.
Les couleurs, exterieures sont assez nettes, du vert, du jaune, du blanc, un contraste particulier qui reprend l'intensité de l'éclairage intérieur.
Paradoxalement, l'image claire, colorée et pêchue affronte la mise en scène plutôt sombre et froide du film en offrant une approche très originale de l'histoire.
Cet affrontement de style, allié à une bande son en parfaite harmonie, est d'une beauté rare, et suffisante pour être soulignée.
Le scénario, se construit avec intelligence et maturité. Pas d'extravagance, que du réalisme avec une étude de moeurs parfaitement orchestrée. Finalement on ne retient que du très bon dans cette oeuvre. Des thèmes qui renvoient à la mémoire, à la quête de l'identité, à l'oubli, à la vie avec un profond humanisme. Le sujet est maîtrisé de bout en bout, et le cinéaste ne fait aucune fausse note, grâce à une technique irréprochable, faite de plans parfaits, d'un montage nickel chrome, et d'une bande son alliant rythmes rock et blues, avec des passages dans le classique.
Techniquement parfait, scénaristiquement impeccable, "L'homme sans passé" restera dans l'histoire du cinéma, comme un chef d'oeuvre incontestable, d'un auteur qui l'est tout autant, et d'un cinéma en devenir...

Note: 5/5