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16 octobre 2006

S.P.L

Film hong kongais de Wilson Yip

Genre: Polar

Année: 2005                                      "Sang pour sang..."

SPL_affSynopsis:

L’Inspecteur de Police Chan et son équipe voient leur vie basculer lorsque la famille qu’ils protégeaient est exécutée sous leurs yeux. Le témoignage qui aurait dû envoyer pour de bon à l’ombre Po, la tête de proue de la pègre locale, n’aura pas lieu. Dès cet instant, Chan décide de stopper par tous les moyens, Po. Pourtant à quelques jours de sa retraite, Chan n’est toujours pas parvenu à le mettre sous les barreaux, et doit passer ses derniers moments à la tête de sa brigade d’intervention à débroussailler le terrain pour son remplaçant, l’Inspecteur Ma...

Introduction:

Retour au cinéma d'action qui a fait la gloire de Hong Kong, quelques décennies en arrière. "S.P.L " littéralement "Sha, Pô, Lang" les trois étoiles dont la combinaison, selon l'astrologie chinoise, est censée amener à la destruction, est un film d'une puissance remarquable.

L'auteur de "Juliet in Love" et "Bullets over Summer" parvient à surprendre le spectateur, dans ce film d'action à la beauté plastique indiscutable, à mi-chemin entre les films d'arts martiaux, et le néo polar hong kongais.

Un film poussé à l'extrême...SPL_05

Dès les premières minutes, le film place la barre très haute, la photographie sublime l'écran, et la musique accompagne les première ébauches du scénario implacable qui prendra vie sous nos yeux.

Même s'il n'est pas l'atout principal de ce film, il n'en reste pas moins très bien écrit, confrontant les personnages entre eux, créant ainsi des liens difficiles à couper.

La première séquence est d'une brillance absolue, à mon avis, car elle instaure le climat d'emblée. Un plan de grue, en mouvement léger, qui fixe l'architecture hong kongaise.

Un bâtiment, une autoroute, puis un bruit qui se fait entendre hors cadre.

La grue monte dans le ciel, la caméra s'incline vers le sol, et l'on voit deux voitures, encastrées l'une dans l'autre. La fumée se mélange à l'air ambiant, les protagonistes à l'intérieur n'ont rien eu le temps de faire.

Wilson Yip sidère le spectateur par sa seule mise en scène. Quelques mouvements seulement, et l'on sait déjà que l'on va assister à une oeuvre spectaculaire.

La suite n'en sera que mieux, les personnages se dessinent, les destins se croisent, se complètent, se confrontent.

Le film pousse à l'extrême, les scènes de combats, de violences, de fusillades.

Sammo Hung, grand et talentueux acteur de l'âge d'or du cinéma d'action hong kongais trouve ici sa rédemption, son ultime rôle, peut être l'un de ses plus beaux.

Une forme incroyable, mais surtout un charisme sidérant. Rarement un méchant n'aura si bien doré son blason.

Costard, cravate, cigare. Mélange récurrent, mais qui prend ici toute sa splendeur par l'interprétation.

Simon Yam, acteur convaincant, sorte de Tony Leung, qui prend son rôle de lieutenant très au sérieux. Puis Donnie Yen, qui a écrit le scénario et réalisé les scènes de combats. Peut être l'un des meilleurs maîtres d'arts martiaux, de toute l'asie. Oublions les Jet Li ou Tony Jaa un instant, bien plus formatés.

Il réalise des scènes de combats d'une fluidité et d'une précision sans égal. Le réalisme de l'action colle à merveille avec l'ambiance du film. Film sombre, glauque, tragique.

Mais c'est surtout le retour aux sources, d'un cinéma sans compromis, sans concessions qui fait de "S.P.L" un grand film.

Il casse un peu le modernisme apporté aux productions récentes, qui lorgnaient du côté des Etats-Unis, par une mise en scène très spectaculaire, des combats volants, des personnages haut en couleur.

Wilson Yip préfère une approche plus réaliste dans les combats, des chorégraphies improvisées selon les déplacements des personnages, et non selon le script original.

SPL_03Entre classicisme et innovation…

On pourrait reprocher à « SPL » un certain classicisme, du moins en apparence. Rien de bien original sur un plan strictement scénaristique.

Que ce soit la construction narrative, ou le récit dans son ensemble, Wilson Yip ne brille pas par un talent d’écriture, mais à contrario, par un sens de l’esthétisme et de la mise en valeur des plans.

Chaque plan à son équivalent, chaque recherche formelle, sa valeur cinématographique.

Comme un diamant que l’on taille pour le rendre parfait, le cinéaste dessine son film pour en faire un diamant.

C’est à dire, que la structure tient la route par la fondation qui le soutient.

SPL c’est un peu ça, la première pierre d’un édifice de grande taille.

L’innovation, je le disais, est à chercher du côté de la mise en scène. Mais aussi, plus profondément, du côté de la photographie.

Chaque séquence laisse place à une lumière enivrante. Les couleurs se fondent dans la noirceur de l’espace, le temps s’arrête.

Wilson Yip réalise une peinture remarquable. Les formes, les traits, les caractères, tout y passe, ou presque.

Puis le montage, agrémente alors, plus qu’il ne souligne, le parcours rédempteur des protagonistes de cette sombre histoire.

Parce que les personnages de Yip semblent morts, de honte, de peur, effrayés par les secondes qui défilent, le temps qui passe.

Ils ont quelque chose à avouer, à dire, ils les renferment, se mentent, pour mieux fuir.

Typiquement asiatique, cette violence brutale de l’esprit sur le corps, ce désir d’échapper au destin, de manière parfois tragique.

Résoudre ses problèmes par le sang, chercher sa rédemption dans la mutilation.

Un polar funeste…SPL_09

Inutile de se voiler la face, le film n’est pas une partie de plaisir. Sa violence quasi systématique, quelle soit morale ou simplement physique, renvoie à la même déduction.

Le mal de l’un, guérit l’autre.

C’est sur cette base que le cinéaste se focalise, n’hésitant pas à incruster à son récit, une sorte de philosophie astrale, vérifiée par l’astrologie chinoise.

Trois symboles, trois sens, une seule définition. S.P.L, pour mener le corps et l’esprit vers la destruction.

Dans quel but ? Guérir les maux, peut être. Ceux qui font mal au cœur, ceux qui rendent fous les hommes qui en souffre.

La chevauchée suicidaire des personnages met l’accent sur le désir de mourir pour fuir.

C’est le quotidien, manifesté par la fête des pères dans le film, qui est au centre de l’histoire finalement.

La sonnerie du téléphone qui retentit durant une fusillade, la femme qui veut parler à son mari, de manière aussi évidente que s’il se rendait au travail le matin, et qu’il avait oublié sa chemise à la maison. La sonnerie qui retentit à nouveau, la fille ou le fils qui veut parler à son père pour lui souhaiter bonne fête.

Ces moments ou l’action faiblit, juste pour sacraliser l’instant d’un amour que l’on ne dévoile pas.

Wilson Yip fait tout ça. A la fois un polar sombre, dans lequel les destins sont déjà tracés, avant même qu’ils ne se croisent, mais aussi une chronique sur l’espoir.

L’espoir d’un père pour son fils, l’espoir d’un amour qui ne faillit jamais, d’un pardon que l’on garde au fond de soi, ou d’une erreur que l’on ne parvient pas à assumer.

Conclusion :

C’est un film formidable que le cinéaste hong kongais nous offre une fois plus. Peut être aussi bon, voire plus, que « Bullets Over Summer » son chef d’œuvre.

« SPL » nous plonge dans l’abîme de la honte, dans la souffrance des être, mais dans l’espoir d’une meilleure vie, quelque part d’autre.

Sombre, violent, parsemé de combats réalistes et magnifiquement chorégraphiés, la dernière œuvre de Wilson Yip est tout à la fois. Un film d’arts martiaux, peut être l’un des meilleurs de ces dernières années, et un polar, tout aussi réussi que les premières œuvres de Woo ou Hark, dans le vieux Hong Kong. Celui de l’âge d’or.

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Commentaires
T
SPL et non SLP :)
T
J'ai pas vu Bullets over Summer, SLP.<br /> Mais si SLP signifie bien ce que je pense, je dois évidemment le voir. D'autant plus que les polars HK et moi ça fait 1 !<br /> <br /> SLP : Super Lippo Protéine ?
N
Si c'est encore mieux que Bullets over Summer, ça vaut quand même la peine de le trouver effectivement...
C
Je vais essayer de le trouver mais si j'ai un problème je t'envoie un immense SOS !!! Loooool ! Merci cousin ;-)
M
Oui cousin, très appréciable. De plus, si tu as aimé les précédentes oeuvres de ce cinéaste, pas de raisons que tu n'apprécies pas celui là.<br /> <br /> Tu le trouves chez toi ou veux-tu que je te l'envoie ?<br /> <br /> @+
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