Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ACTE
ACTE
Publicité
Derniers commentaires
Archives
4 mai 2006

Do The Right Thing

etats_20unis33Film américain de Spike Lee
Genre: Comédie dramatique
Année: 1989                                     
"Love Fm, la radio des couleurs"

do_thingSynopsis:

La situation des Noirs en Amérique étant toujours aussi précaire de nos jours, le combat contre le racisme doit donc continuer, chacun vivant quand même sa petite vie quotidienne, que ce soit Sal le marchand de pizzas, Mookie le livreur, Da Mayor le poivrot, Mother Sister la commère, Mister Senor Love Daddy le disc jockey, jusqu'au jour, ou tout bascule...

Introduction:

Retour aux sources, nous sommes en 1989 et Spike Lee est alors tout jeune. Il sort à peine de son école de cinéma, a réalisé un film musical juste avant, et se lance dans ce "Do The Right Thing" dans lequel il souhaite parler de Brooklyn, du quartier chaud de New York, quartier représentant misère et pauvreté, mélange ethnique et racisme récurrent.
Quartier de sa jeunesse, quartier de ses amis, de ses parents, de sa famille.
Spike Lee, avec une caméra, des idées, et une ruelle entassée de bâtiments, commence le périple de tout son cinéma. Raconter des histoires, sur fond de violence raciale.
Considéré comme l'un des meilleurs films américains sur le sujet, "Do The Right Thing" révèlera un cinéaste, aujourd'hui reconnu...

Une réalisation particulière....dotherightthing1

Le film démarre étrangement, une sorte de générique de sitcom, dans lequel les personnages défilent, sur un fond musical enjoué.
Les personages sont en face de la caméra, et la couleur de l'image, fait scintiller leurs visages.
Puis le film démarre, avec une facilité dans les mouvements, remarquable en tout point.
L'objectif semble être attiré tout naturellement vers l'action, à coups de travelling et panoramiques.
Caméra ras du sol, captant chaque mouvements, scrutant l'horizon, se déplaçant aisément.
Spike Lee, filme comme personne, distribuant l'action dans le champs, puis à l'extérieur aussi.
Il a cette facilité d'enfermer l'action dans le cadre, hypnotisant ainsi le spectacle, réduisant l'appareil à capter l'essentiel.
Comme une sorte de galerie d'oeuvres d'art, Spike Lee, dépeint à merveille ses tableaux.
Les personnages se succèdent, se croisent, se saluent, puis se retrouvent dans cette pizzeria, italo-américaine.
La fresque Spikeléene démarre ainsi, dans une sorte de microcosme social, dans lequel chaque élément du décor, à son rôle à jouer.
Le quotidien est évoqué de manière très manichéenne, volontairement, faisant obligatoirement référence à sa récurrence, sa monotonie.
Le quotidien de ses jeunes de banlieue se répète, jours après jours, sans fin...

dotherightthing2Une galerie de personnages...

Les personnages sont attachants pour leurs spécificités.
Il y'a Mookie, évidemment, jeune père de famille, un peu absent, bien content d'avoir trouvé un boulot de livreur de pizza, dans ce quartier ou le chômage, reste le plus important de tous les Etats-Unis.
Il ne gagne que 250 Dollars par semaines, mais peu importe, il travaille...
Il y'a ce veillard aussi, qui erre de rues en rues, se faisant appeller "Le Maire". Un vieil ivrogne, plus tout à fait les pieds sur terre, mais qui se révelera indispensable, dans la suite de l'aventure. Il y'a son équivalent féminin, "Mère-Soeur" dame un peu âgée, dont on devine une vie difficile, sans doute veuve ou abandonnée.
Puis il y'a Radio Raheem, personnage un peu bourrin, Black musclé, se balladant avec une Radio, passant, à l'image de la monotonie de son quotidien, systématiquement la même musique.
Jade aussi, belle jeune femme, la soeur de Mookie. Elle attire Sal, le patron de la pizzeria, au plus grand désespoir de Mookie.
Sal, évidemment, incarné avec brio par Danny Aiello. Un patron passioné par son métier, qui loin de la haine qu'on lui découvrira, aime faire manger tout son quartier, depuis 50 ans.
Il a construit son entreprise de ses propres mains, et l'acharnement dont il fait preuve, renforce le sentiment de respect de ses pairs.
Puis il y'a Vito et Pino, ses deux fils, qui l'aident comme ils peuvent, davantage préoccupés par leur propre relation, l'un est foncièrement raciste, l'autre non.
C'est le début d'une tragédie, qui se profile à l'horizon, on le remarquera lors d'une discussion entre le père et le fils aîné, autour d'une table.
Enfin, il y'a le présentateur radio, incarné par Samuel L.Jackson, un élément vital au film, et la bonne relation qu'entretiennent les personnages au début. Il est un élément fédérateur, il passe de la musique de toutes les ethnies, s'appuyant sur un nom d'ondes assez évocateur. "Love Radio".
C'est en fait le personnage de Radio Raheem, qui sera au centre de toute la polémique qui suivra.
Il a sur ses mains, deux bagues, une de chaque côté. L'une évoque le nom de "love" l'autre de "Hate". Littéralement, "amour" et "haine".
Comme un symbole, ou un prédicateur de faits, Radio Raheem a compris que quelque chose n'allait pas. Soudain sa musique ne plaît plus, il cherche une part de pizza, et c'est le drame...

Un final explosif...dotherightthing3

La bascule s'est affaissée, les tensions raciales se font ressentir.
Radio Raheem, est tué dans une bagarre avec la police blanche. Les fenêtres de la pizzeria explosent, le feu brûle le bâtiment, et les personnages, comme un jour de bombardement, courent dans tous les sens.
Les trottoirs sont alors séparés par deux couleurs, les blancs et les noirs.
La tension et la haine se lisent sur les visages, et la police n'y fera pas grand chose.
Spike Lee redimensionne l'ensemble, faisant virevolter sa caméra, et la plaçant au coeur de l'action.
Puis dans un élan de distance, il survole l'action, préférant éviter de prendre parti.
La rue étroite des débuts, devient un vaste champs de bataille, dans lequel les couleurs se confondent, la musique retentit, et Big Love Daddy le présentateur, ne peut plus rien faire pour calmer la foule.
Pour Spike Lee, personne n'est mauvais, dans cette histoire, tout n'est que concours de circonstances.
Do The Right Thing, permet de bien mettre en lumière, l'évidente nonchalance du système social américain, la difficulté de s'y intégrer, d'y construire quelque chose.
Ce qui fait de ce film un chef d'oeuvre du genre, selon moi, c'est la manière dont il intériorise toute cette haine, en la symbolisant par des éléments de décor. Des photos, des musiques, des discours, jamais le cinéaste n'entre dans la violence facile, préférant laisser en suspens, tout débordement, d'un parti ou de l'autre.
Si Spike Lee est noir, il reste néanmoins suffisament intelligent et distant, pour ne pas prendre ce parti comme celui des bons, et les blancs comme celui des mauvais.
D'ailleurs, aucun passage de ce film, laisse entrevoir quelconque affiliation à l'un ou l'autre des camps.
Et les coréens, de jouer dans cette histoire, l'équilibre parfait entre blancs et noirs.

Conclusion:

Finalement, qu'importe la couleur dans ce film. Spike Lee dépeint davantage les tensions raciales des bas quartiers, que l'affiliation à un parti, ou l'autre, en cherchant les torts de l'un ou les raisons de l'autre.
Le cinéaste, se fait le porte parole de la communauté, peu importe son origine éthnique.
Il reste d'une grande clareté, quant à son désir d'interpeller le spectateur, sur un phénomène social grave, et perpetuel.
"DO tHE rIGHT tHING" Ou l'un des films les plus forts sur le thème, mais surtout, l'un des plus intelligents...

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Merci pour ton intervention Miss... :)
T
J'ai vu ce film, aussi ! C'est dingue ! Pour une fois !<br /> Sans vouloir me la jouer les gars, j'avais aussi vu l'hommage à La nuit du chasseur :)<br /> <br /> J'ai vraiment bien aimé ce film, moi aussi. On étouffe en regardant ce film, l'ambiance est brulante,... <br /> Un beau regard sur le quotidien, sur l'intolérance et sur la bêtise.
B
Un film exceptionnelement fort, et très réussi sur le plan plastique (enfin je me cmprends). CELA FAIT PLAISIR DE VOIR QU4IL Y A DES AUTEURS QUI refusent de céder au cinéma d'auteur macabre ou au blockbuster pour créer lur propre univers à la fois ouvert et rude. Spike Lee, artiste de génie...
M
En effet, tu as raison, je l'évoquais de loin, mais je ne suis pas entré en détail dedans, parce que je n'en étais pas sûr....:) Belle interprétation de ta part Norma.
N
C'est marrant Mike que tu te poses la question du rapport avec le film de Laughton, parce qu'à la lecture de ton article, quand tu as parlé de "prédicateur" pour Radio Raheem, je me suis dit que tu évoquais entre les lignes La Nuit du chasseur...
Publicité