Samaria
Film sud-coréen de Kim Ki-Duk (2004) Genre: Drame
Yeo-Jin n'a pas encore vingt ans ; elle vit avec son père veuf. Sa meilleure amie, Jae-Young, est prostituée. Yeo-Jin lui sert pour ainsi dire de manager - elle fait le tri des clients et veille à ce qu'il paient leur dû. Un jour, Jae-Young s'amourache de l'un d'eux et lui donne rendez-vous pour un dîner à trois. Yeo-Jin se fâche de cet excès d'intimité et Jae-Young annule le rendez-vous. Peu de temps après, Yeo-Jin commet une faute aux conséquences funestes. Elle fait comme d'habitude le guet lorsque Jae-Young disparaît dans le motel avec un homme. Cette fois-ci, Yeo-Jin n'a toutefois pas remarqué les policiers qui traquent les prostituées mineures...
Chef d'oeuvre incontestable, d'un cinéaste qui force l'admiration de films en films, "Samaria" est également une oeuvre admirable, remplie de chassés-croisés passionnants, de cruauté extrême, forte et dure à reconnaître.
En fait, toute la qualité du cinéma de Kim Ki-Duk, se trouve dans sa manière abstraite, d'amener à une certaine réflexion sur la vie.
Dans "Printemps, été...." il nous offre un morceau de vie, d'un jeune homme qui apprend à devenir un être humain. Il en prend les côtés difficiles, afin de lui attribuer son rôle d'homme, dans une société dépourvue d'humanité.
A travers un apprentissage de la vie, le cinéaste bouscule les moeurs, en proposant toujours, une certaine cruauté, comme pour rappeller que la vie, elle même, est cruelle.
Dans Samaria, on retrouve ce tour de force, mais ici ce sont deux jeunes adolescentes, qui, absentes d'une vraie vie d'adulte, tente de provoquer leur entrée dans ce monde, plus tôt que prévu.
Ainsi, la prostitution, assimilée à un jeu à l'issue macabre, devient la source d'amusement première, afin de pénétrer dans l'univers adulte.
Le film de Kim Ki-Duk, puissamment poignant, se décompose en fait en trois histoires bien distinctes.
Dans la première partie du film, les deux jeunes femmes sont montrées dans leur quotidien, jusqu'à son dénouement fatal pour l'une d'entre elle. La scène du suicide est atroce, elle fait mal. On se sent mal à l'aise rien qu'en voyant ce qui se prépare.
Dans la seconde partie, Yéo-Jin, désormais seule, tente d'être digne envers l'esprit de sa meilleure amie. Elle décide d'effacer son passé, en couchant avec tous ses clients, comme pour dire, qu'elle ne l'a jamais fait.
Le père de Yeo-Jin, lui, apprend que sa fille est une prostituée, et on le voit alors se venger de chacun des clients de sa fille.
Dans la dernière partie, le film devient une oeuvre intimiste, onirique, dans laquelle, un père et sa fille tentent de se retrouver, ils partent, dans une sorte de road movie, dans la campagne coréenne, pour se receuillir sur la tombe de la femme qui les unis tous les deux, à savoir la femme du père, et la mère de la fille.
Cette dernière partie, très belle, offre un final inattendu, absolument sublime, mais à l'image de toute l'oeuvre, à savoir, cruel et difficile à supporter.
Incroyable mise en scène, tout en silences, en nons-dits, avec une pudeur incroyable et des musiques discrètes, qui accompagnent juste, sans offrir l'ambiance unique de l'oeuvre, qui ne doit sa splendeur que grâce à son géni d'auteur.
Finalement, Samaria est une parabole moderne sur la culpabilité et le salut, mise en scène avec une sobriété impeccable, dans la tradition d'un cinéma plus japonais que coréen.
Note: 5/5