Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ACTE
ACTE
Publicité
Derniers commentaires
Archives
3 décembre 2006

Fudoh

Film japonais de Takashi Miike
Genre: Action
Année: 1996            
"Vengeance sanglante..."

titleSynopsis:

Un Yakusa, père de deux garçons, échoue lors d'une mission et doit payer un tribut afin de prouver sa loyauté envers les autres familles de Yakusas. Pour cela, il doit tuer son fils aîné.
Dix ans plus tard, le jeune frère, devenu maintenant l'élève le plus intelligent et le plus populaire de son lycée, rassemble ses amis et décide de prendre sa revanche sur son père et tous les autres chefs Yakusas afin d'arrêter la pratique de ces coutumes ancestrales barbares, notamment celle qui consiste à tuer un membre de sa famille...

Introduction:

Takashi Miike... Un nom qui se suffirait presque à lui tout seul. Il n'y aurait pas besoin de plus d'explications, pour raconter en quelques lignes, les impressions ressenties après la vision de ce "Fudoh".
Mais en même temps, Miike, c'est un cinéma très particulier, souvent récurrent, mais aussi très différent dans sa démarche.
Aussi abile dans le cinéma underground que le cinéma d'auteur - Un chef d'oeuvre d'onirisme, à suivre dans quelques semaines sur ce blog - ce doux dingue du cinéma japonais contemporain, sait captiver le spectateur par n'importe quel moyen.
Fudoh, est un exemple de plus de la richesse délurée d'un metteur en scène, vraiment pas comme les autres...

Il était une fois...00

Tout commence par une scène dans des toilettes publics. Un mec téléphone à son patron, en crachant du sang. Deux hommes entrent dans les chiottes. Le gars se tait. Les deux hommes, look pêcheurs mafieux, armés de gros calibres se taisent aussi. La tension est palpable.
L'un d'eux pourtant prend la parole. Il dit: "Montagnes ?"
Le mec dans la cabine des toilettes répond: "Rivière ?"
Mauvaise réponse, la fusillade éclate. La tuerie s'achève dans un bain de sang, le gars au téléphone est étendu sur le sol. Son corps de vide de son sang, venant entraîner les milliers de douilles semées sur le sol.
La caméra reste fixe, les pieds des deux tueurs traversent le cadre. L'image se dérobe, le film démarre...

Scène inaugurale remarquable. Tout y est pour annoncer la couleur du métrage qui va suivre. L'action est déjà là, mais surtout, les personnages se dessinent en à peine 2 minutes. Sans les connaître, on veut déjà apprendre le fin mot de l'histoire.
L'histoire justement, se profile. C'est celle d'un gamin, d'une dizaine d'années à peine qui a vu son père exécuter son fils aîné pour rendre des comptes à la mafia locale.
C'est l'histoire d'un môme qui sera marqué à vie par cette vision, c'est l'histoire d'un gamin qui va vouloir diriger le monde des adultes.
La transition est parfaite, dans ce délire cinématographique, Takashi Miike parvient à instaurer une scène de contemplation spectaculaire. Le jeune Fudoh est assis devant une porte, il disparaît. Le plan reste fixe, un long couloir vide est alors le centre de l'action. Le silence est présent, quelques secondes. Le garçon réapparaît au même endroit, mais les années ont passées...

04Le début d'une longue ascension...

Miike signe avec Fudoh, le film précurseur d'Old Boy, du coréen Park Chan-Wook. C'est une adaptation d'un manga également, mais surtout, il tisse le portrait d'une vengeance préméditée.
Ainsi, l'on verra à l'écran, durant 1h30, l'ascension d'un jeune homme, vers la folie destructrice, assassine.
Un parcours ensanglanté, sombre, sur lequel chaque personnage qui s'y dresse, représente un pion de plus à éliminer.
Le film de Miike prend alors une toute autre dimension. La violence est synonyme de rédemption, les êtres humains sont comme des bâtons dans les roues.
La force de ce film réside dans la puissance qui se dégage des relations entre les protagonistes. Un mélange d'indifférence, allié à un jeu pervers et macabre, comme Michael Haneke a réussi à mettre en place dans son "Funny Games".

Parce que la violence au cinéma, reste difficile à aborder. La suggestion étant une arme imparable, que l'on doit à Kubrick, Peckinpah ou Haneke, il devient difficile de démontrer quelque chose, sans le montrer.
Miike, d'ailleurs, n'est pas du genre à esquiver la violence. Sa suggestion, il l'imagine par un tout autre procédé. L'abbération.

Dans ce souci d'éviter la démonstration de son degré de violence, le cinéaste japonais réussi à faire passer celle-ci comme une simple formalité. L'abbération de son cinéma prend alors tout son sens et tâte même le paroxysme.
C'est une violence prononcée, mais absurde. Aussi absurde que cette femme qui lance des flèchettes grâce à une sarbacane vaginale. Aussi absurde que ses enfants qui se promènent dans la rue et qui tirent sur des adultes. Aussi absurde qu'une femme hermaphrodite qui ne sait pas encore de quel sexe elle se sent le plus proche...

Oui, Miike c'est tout à la fois. Du profondément débile, allié à une profonde morale cinématographique.

Le début de la fin...11

Mais le cinéma de Takashi Miike, avant de n'être vu que comme un défouloir timbré et psychotique, renferme des subtilités importantes. Ici, comme dans "Izo" les enfants ont un rôle important. On pourrait faire un lien avec "Battle Royale" aussi, de Kinji Fukasaku, non pas dans son message, mais dans les rapports qu'entretiennent les enfants avec le monde adulte. Les rapports entre une société de violence et les acteurs qui la compose.

Dans "Izo", Miike n'hésitait pas à faire assassiner des enfants. Dans "Fudoh", ils tuent.
Il y'a cette dualité constante entre monde infantile et monde adulte. Dans "Ichi The Killer" les hommes se massacrent, dans "Visitor Q" les femmes se font frappées. Il y'a encore une fois une dualité, masculine/féminine cette fois-ci.
On devine alors le souhait du réalisateur, dans chacunes de ses oeuvres, de loger tout le monde à la même enseigne. Pas de différences de sexes - La preuve avec cette femme hermaphrodite - pas de différences entre adultes et enfants. Non, rien de tout ça. Juste des hommes, qui naissent et meurent sur cette terre, pour les mêmes motivations.

Conclusion:

"Fudoh" ne raconte pas grand chose de plus qu'une histoire de vengeance. Mais il le fait d'une admirable façon.
Une mise en scène à la hauteur de son auteur, qui n'a plus rien à prouver de son talent.
Si "Old Boy" a tant satisfait ce public occidental, avide de nouvelles sensations asiatiques, il n'en demeure pas moins une adaptation prononcée de "Fudoh".
Mais là ou Old Boy demeurait violent et dérangeant, Fudoh lui, saura vous convaincre par son goût de l'abbération, de l'absurde, et de l'infiniment grotesque...

Publicité
Publicité
Commentaires
N
"Miike, d'ailleurs, n'est pas du genre à esquiver la violence."... Une phrase qui me fait un peu peur. Tu sais que je suis très délicate de ce côté-là...
M
Takashi Miike, est un cinéaste très intéressant. Il a réalisé une centaine de films, ce qui offre un très grand choix au public. Chacune de ses oeuvres, est constituée de très bons moments.<br /> <br /> Vraiment, j'apprécie ce cinéaste pour sa liberté d'action, et sa folie récurrente.<br /> <br /> Je pense que tu devrais apprécier bon nombres de ses films...<br /> <br /> :-)<br /> <br /> +++
C
Un metteur qui m'intéresse. Je n'ai presque rien vu donc encore très intéressé de découvrir.<br /> <br /> +++
Publicité