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15 août 2006

Sue perdue dans Manhattan

ETATS_20UNISFilm américain d'Amos Kollek
Genre: Drame
Année: 1997                                             
"Alone in the Dark..."

sue_perdue_dans_manhattanSynopsis:

Les errances d'une jeune femme seule et sans emploi qui vit a New York. Sue a quitté depuis longtemps sa province, sa famille et ses amis pour New York. Elle a perdu son emploi de secrétaire et ne peut plus payer son loyer. Attirante et sexy, elle s'en remet au hasard des rencontres inattendues d'un soir pour soulager sa solitude. Armée d'une tenacité surprenante et d'une grande dignité, elle essaie de nouer des relations d'amitié avec des femmes pour alléger son chagrin...

Introduction:

Silhouette écorchée, splendide et dégénérée. Corps encore criblé des stigmates de la vie New-Yorkaise, l'histoire de Sue, perdue dans Manhattan, femme fragile et incertaine, à la fois belle et défigurée, dont le désarroi et la solitude, va la plonger dans un gouffre sans fin...
Un film fort et poignant, caméra plantée dans les bas-fonds New-Yorkais, Amos Kollek, cinéaste indépendant magnifie l'image, offrant de l'espoir au désespoir, et de l'amour à la haine...

Un plongeon dans la ville...sue1

Le cadre est à l'image du film, bancal, incertain, tiraillé par le doute.
La caméra gigote, elle accompagne les mouvements, les rend plus forts, moins forts, puis le calme frappe soudainement.
Sue, est seule, seule dans cette immensité, une gigantesque mégalopole qui ne demande qu'à être traversée.
Mais Sue schématise son parcours, elle ne sort qu'à certains moments de la journée ou de la nuit, se rendant dans les mêmes lieux, sirotant un café, puis deux, puis trois, puis plus rien.
Puis elle rentre chez elle, croisant un voisin de palier, lui fredonnant quelques mots à l'oreille, en ramassant son courrier.
Une facture, puis deux, puis trois, puis un coup de téléphone.
Son proprio la menace d'expulsion, Sue est condamnée à errer, pour trouver un boulot, de quoi payer son loyer.
Le film pose les bases d'un phénomène assez fréquent dans les grandes villes.
Une forme avancée d'incommunicabilité, d'incompréhension, d'indifférence.
Un mélange des trois peut être, avec comme toile de fond, un personnage troublé, perdu dans ses pensées, incompris et dénué de bonheur.
De manière virtuose, le cinéaste agite sa caméra, carressant dans le sens contraire, une héroïne atypique, sorte de figure emblématique du désarroi collectif.
Une femme belle d'apparence, mais sale à l'intérieur. Rongée par un passé troublant, dont elle préfère oublier l'existence.
Sans doute fille unique, femme frustrée malheureuse en amour, elle trouve réconfort dans l'échange des quelques mots qu'elle sort de sa bouche en croisant dans la rue un vieil homme lui demandant de voir ses seins, ou encore en discutant avec un homme assis derrière elle dans une salle de restaurant.

sue2Le début de la fin...

De ces rencontre anodines, Sue en tire les bénéfices adéquats. Pleurant les larmes de son corps pour préserver sa dignité, et riant fièrement avec des amies d'un jour, rencontrées au grè de sorties nocturnes.
Puis Sue découvre Ben, homme élégant, qui jongle sa vie avec son travail.
Le bel homme voyage beaucoup, errant lui aussi seul, loin du cocon familial.
Son destin attire Sue, qui redéfini le sens du mot amour. Un flirt de courte durée puisque Ben s'en va en Inde.
L'élégance et la sincérité de la relation de ces deux êtres déchûs, comme un signe du destin, ne se concrétise pas, et Sue, est à nouveau abandonée, livrée à elle même.
Mais Lola se trouve là, en bas de la rue dans un bar, elle lui propose son aide...
L'amour cède, mais l'amitié renaît. Sue sent qu'elle peut se faire une alliée, une amie, une confidente.
Bonheur une nouvelle fois écourté, Lola s'en va étudier en Californie. Sue, comme un cycle perpétuel, est à nouveau seule...
Amos Kollek évite toute forme de misérabilisme, conférant à son oeuvre une saveur particulière.
Il ne juge, ni ne condamne personne, refusant l'empathie spectactorielle, ou le mélo larmoyant.
Le spectateur seul, conclue le film à sa façon, gardant en mémoire l'image de fin.
De façon optimiste, ou pessimiste, de toute manière l'objectivité sera remise en cause, car le film ne laisse pas les clés en main.
Il déroule son manteau de hasards et de coincidences.
La vie étant un hasard total, parfois gaie, parfois triste, mais n'épargnant personne.

Sue...Perdue dans Manhattan...sue3

Sue pense peut être depuis le début à cette notion de hasard. Elle refuse de se laisser prendre au jeu de l'attachement.
Elle s'auto-mutile, whisky dans la main droite et clope dans la main gauche, en se défendant de vivre longtemps.
Pour éviter le chagrin lié à la perte d'un proche ou d'un mari, ou encore pour s'éviter les problèmes d'amitié foireuse, les demandes d'argent ou les prises de parti, elle condamne les liens affectifs qu'elle pourrait éprouver.
D'extérieur, Sue paraît maîtresse de son destin, alors qu'en réalité elle ne maîtrise rien.
Sa carapace robuste l'empêche de s'envoler, elle est cramponnée à la désillusion, au mécanisme radical de la déchéance.
Mais après tout, tout est un choix personnel...
De facto, Amos Kollek parvient à instaurer les codes de sa narration. Il parvient à rendre attrayant, une histoire qui ne l'est pas en surface.
Caméra portée à l'épaule, dynamique et sensuel, il dessine le portrait d'une femme blessée, qui cherche le bonheur là ou il n'existe pas.

Conclusion:

Solitude, cri de douleur ou d'agonie, et pourtant terrible espoir d'une femme qui ne demande rien d'autre que la solitude, malgrè l'apparence qu'elle en donne.
Un film magistral, simple comme bonjour, qui redonne à la fois goût en la vie, et en ressort tous les aspects négatifs.
Un film ni positif, ni négatif, mais qui évoque les deux impressions.
Amos Kollek, nom méconnu du grand public, et qui mérite pourtant que l'on se penche sur son oeuvre.
"Sue perdue dans Manhattan", un vent d'air frais dans toute la grisaille du cinéma moderne...

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Commentaires
M
Oui je te le montrerai sans souci, ce film vaut vraiment le détour !
H
Faut absolument que je le trouve...<br /> <br /> Déjà, c'est parfaitement un théme que j'affectionne : l'errance. Dans un même genre, je pourrai citer L'Epouvantail, Les Gens de la Pluie, Macadam Cowboy ou encore le sublime Wanda de Loden...<br /> <br /> Quand on croisera à la FNAC tu me montreras ou on trouve ça...<br /> <br /> +++ l'ami ;-)
B
C'est vraiment le genre de comms que je déteste laissé mais je n'ai pas vu le film et j'en ai juste entendu vaguement parlé.<br /> <br /> J'essayerai cependant de le voir si je viens à le trouver dans les rayons ;)<br /> <br /> Benoît
E
Mon commentaire ne va pas servir à grand chose , juste a montrer que je suis venu faire un tour sur ton blog ! Mais en l'occurence je n'ai pas vu ce film , qui a l'air toute fois tres interessant !
T
Mais je me souviens que Chris l'avait mis sur le jeu en images ! <br /> <br /> Je note, je note...
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