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7 juin 2006

Koma

chine11Film hong-kongais de Lo Chi-Leung
Genre: Fantastique
Année: 2004                                    
"Peur d'outre Rein..."

komaSynopsis:

Dans le salon de réception d’un hotel de luxe se termine une cérémonie de mariage. Chi Ching, passablement éméchée, hérite du bouquet de la mariée. Tandis qu’elle jouit de son bonheur annoncé, les promis tentent de la monter dans leur chambre pour la coucher. Au moment où Ching s’enferme aux toilettes pour vomir, une jeune femme se réveille dans une autre chambre de l’hôtel. Nue dans une baignoire remplie de glace, elle semble ignorer où elle se trouve...

Introduction:

On connaissait du fantastique asiatique, le Japon, la Corée et la Thailande, mais un peu moins Hong Kong, davantage orienté vers le polar ou le film d'action.
Voila chose faite, avec cet excellent "Koma". Un film fascinant, à l'ambiance hypnotisante et à la qualité technique proche d'un Johnnie To.
Un film "Borderline" à la frontière de plusieurs styles, mélangeant aussi abilement que parfaitement, des ambiances, des couleurs et des sons.
Lo Chi-Leung, à qui l'on doit déjà le splendide "Inner Senses" s'incruste donc dans un monde étrange, délicieusement envoûtant, et implacablement dérangeant...

Une ambiance particulière...koma1

Une magnifique introduction, une musique splendide et sensuelle, puis un plan séquence fabuleux, se jouant de la foule d'une soirée de mariage dans un hôtel.
La photo est remarquable, un véritable tour de force.
La caméra suit à présent Chi Ching, l'héroïne du film. Elle a sans aucun doute, beaucoup trop bu, et se dirige vers les toilettes de l'hôtel.
Paradoxalement à l'atmosphère détendue de la fête, se cache un malaise enfouit quelque part, dans cette immensité luxuriante.
Un malaise pas si lointain, à quelques mètres seulement de l'action. Une femme qui baigne dans de la glace, qui se lève de sa baignoire et constate avec effroi, qu'il lui manque un rein.
Le ton est donné, le film va surfer entre la réalité d'une peur, et un onirisme certain.
Rapidement, le cadrage devient précis, utilisant tout l'espace qu'on offre à la caméra, dans un champ prédéfini à l'avance, là ou va se situer l'action principale.
Ainsi, le cinéaste va placer son cadre à des endroits précis, au sol par exemple, pour renforcer la dimension de gigantisme, ou encore légèrement décadré par rapport à une poignée de porte, afin de renforcer l'idée d'incertitude.
La photographie magnifique, apporte en plus, l'étrange paradoxe d'une beauté formelle à une situation d'une grande noirceur.
Puis le fond musical, de jouer encore davantage dans cette histoire, une certaine intrigue hypnotisante.

koma2Une histoire à double sens...

Puisque Lo Chi-Leung aime s'imbiber de plusieurs styles, force est de constater que son film ne joue jamais la carte de la linéarité.
A contrario, il sait admirablement bien piocher dans le meilleur de chaque genre, afin d'y glisser son intrigue.
Fort de ce remaniement des styles, le cinéaste peut laisser place à un effroi contrôlé, délicat et charnel, en complète contradiction avec les clés du genre horrifique.
Lorsque l'horreur prend en principe un visage de dégoût, Lo Chi-Leung lui préfère une sorte d'érotisme sensuel, une chaleur esthétique, loin de la noirceur habituelle du genre.
Peut être une forme de distanciation sur le style, ou simplement un rééquilibrage du genre, une relecture.
Toujours est-il que le film prend des allures de "Running On Karma" de Johnnie To et Wai Ka-Fai, non pas dans le scénario à proprement dit, mais dans cet esthétisme et cette double lecture qui se joue à l'écran.
Chapeau bas au duo d'actrice, qui joue un rôle fondamental dans la réussite de ce long métrage.
Cette dualité ambigüe qui s'installe entre les deux femmes, vient semer le trouble dans l'esprit du spectateur.
On ne sait pas réellement ce que l'une représente pour l'autre. Chi-Ching est malade, un problème de rein, qui l'empêche de vivre une vie sexuelle correcte avec son ami. Du coup celui ci couche avec Suen Ling.
Suen Ling apprend à Chi-Ching qu'elle s'ébat sexuellement avec Wai, le petit ami en question.
Une sorte de haine va s'installer entre les deux femmes, mais une haine très furtive, en suspension même.

Un duel amical, un danger permanent...koma3

Cette haine s'engendre par la présence de cette tierce personne, Wai. Le petit ami plutôt protecteur, dont on sent l'amour qu'il porte à Chi-Ching, et sans sa maladie, sûrement qu'il n'irait pas voir ailleurs. Mais le fait est là, il joue sur deux tableaux, il rapproche les deux femmes, alors qu'elles se font face.
Puis la haine, se transforme en amitié, surtout le jour ou Chi-Ching se fait enlever, allongée sur une table d'opération, elle est à mi chemin de se faire faire retirer un rein, par le psychopate. C'est Suen Ling qui viendra à son secours...
Mais au delà de ça, on pourrait y percevoir un amour inavoué.
L'amitié féminine revisitée de manière ambigue, afin de prolonger le mystère qui entoure la relation de ses deux femmes.
En fin de compte, on ne se trouve plus du tout devant le même type de peur qu'au départ.
Le film est devenu polar, on entre dans une enquête policière, pour retrouver le preneur d'organe.
Mais cette peur, reste toujours en suspend, et elle reste le moteur du film, l'alimentant constamment.
Le trio se rapproche, puis se séparera à nouveau, dans une fin magistrale, utilisant à la fois le mode du flashback, puis celui du double point de vue. Un retournement de situation qu'on pensait improbable, mais qui restait néanmoins plausible depuis le départ.
Finalement, Lo Chi-Leung choisi son genre, il restera dans un pur style horrifique, surtout à la fin, après avoir frappé à toutes les portes des genres similaires...

Conclusion:

Un film fort, se déjouant un tantinet des films du style. Rien de très innovant sur un plan scénaristique, mais de grandes richesses formelles et une mise en scène vraiment très originale.
Le polar HK revisité à la sauce fantastique contemporaine, et une ambiance constamment paradoxale.
A la noirceur d'un propos, le cinéaste ajoute une part de couleur, étrangement belle, étrangement ensorcelante, signe d'une grande efficacité...
Un film à voir pour ne pas mourir idiot....

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Commentaires
R
Euhh je crois que c'est la 1ère fois que je viens sur ton "acte" de canalblog. Je m'aperçoit que c'est les mêmes articles que sur skyblog. Et comme j'ai un peu de mal avec canalblog bah je vais rester sur skyblog.<br /> <br /> @++
C
"Heu, en même temps c'est un film fantastique... C'est clair que la douceur n'est pas le style le plus approprié au genre :)"<br /> <br /> J'espère qu'un jour, on pourra parler en profondeur de ce sujet cousin, car moi, je vous un culte au pouvoir de suggestion. Peut-être que le pouvoir de terroriser au plus haut point se situe dans la manière LA PLUS DOUCE de proposer une image... <br /> <br /> Je suis sûr que je commence à franchement te faire c.... avec mon histoire, mais je ne lâcherai JAMAIS le morceau !!!! JAMAIS !!!!!<br /> <br /> ++ cousin adoré ;-)
M
Heu, en même temps c'est un film fantastique... C'est clair que la douceur n'est pas le style le plus approprié au genre :)
C
"je sais que ton seuil de résistance est beaucoup plus élevé que le mien"<br /> <br /> Idem pour moi. Là-dessus, cousin et moi, on diverge ! looooooooooooooooooooooooooooooool
N
Je suis un peu comme Tim sur ce coup-là. Je n'ai pas vu le film, comme d'habitude, mais ton article dessine un film à la violence marquée. Et sur ce thème-là, je sais que ton seuil de résistance est beaucoup plus élevé que le mien...
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