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17 avril 2006

49ème Parallèle

angleterre5Film anglais de Michael Powell
Genre: Guerre
Année: 1941                                       
"Décadence d'un IIIème Reich"

49eme_paralleleSynopsis:

1940. Un sous-marin allemand qui vient de torpiller un navire marchand anglais, parvient dans les eaux territoriales canadiennes. Six de ses hommes, commandés par l'officier nazi, Hirt, réussissent à mettre pied sur la côte quand la Canadian Royal Air Force repère le submersible et le coule...

Introduction:

Réédition DVD, des plus belles oeuvres de Michael Powell, grâce à l'institut Lumière.
L'occasion pour tous les cinéphiles de découvrir cet immense cinéaste laissé dans l'oubli le plus total.
Et parce que c'est mon boulot de vous faire découvrir des films, et parfois des cinéastes méconnus, et bien je vous présente un premier film de cette collection, "49ème Parallèle" ou le film de guerre revisité, par un cinéaste poétique, gracieux, qui a inspiré bons nombres de cinéastes actuels, tels que Coppola, Jarmusch, Wenders ou Scorsese...
Petite explication concernant son oeuvre, quelques lignes en dessous...

Captiver dès les premiers instants...49eme2

Telle est la mission qu'entreprend Powell, avec beaucoup de classe et de maturité. Il débute son film par des images d'une beauté étourdissante, un noir et blanc sublime, que l'on croirait moderne, et qui pourtant, se situe en pleine époque de seconde guerre mondiale.
On est au Canada, et un bâteau nazi se fait torpiller violemment par un avion canadien, défendant son territoire.
Seulement, 6 hommes parviennent à s'extraire de ce navire, et se retrouvent sur la côte canadienne.
Débute alors, un long parcours, durant lequel nos personnages vont apprendre à se connaître, connaître le pays; et les habitants.
Ce qui paraît troublant au départ, c'est la manière dont Powell décrit les nazis, avec une espèce de poésie, de grâce, de gentillesse. On les croirait victimes d'un système qu'ils ne maîtrisent pas.
Ce petit groupe, loin des dictatures du Führer, sont d'un seul coup, livrés à eux mêmes dans une contrée lointaine, qui donne l'impression d'être engagée dans la guerre, sans réellement en avoir conscience.
Puis l'un des membres de ce petit groupe de nazis, découvre une fillette, près d'une bâtisse.
Elle leur permettra d'intégrer un groupe d'hommes, luttant contre la guerre, qui leur offriront le gîte et le couvert, et beaucoup d'attention.
Une sorte d'association humanitaire, luttant contre les violences et les atrocités de la guerre.

49eme3Séparations, idéologies différentes...

Mais ce petit confort d'un soir, va rapidemment semer la discorde, au sein du groupe d'abord, avec des idées différentes, et des motivations différentes, et au sein du groupuscule d'idéalistes, aussi, qui commenceront à s'apercevoir de la vraie nature de leurs nouveaux locataires.
Mais c'est au coeur du petit groupe, que l'essentiel de la discorde, se fait omniprésente.
Le Lieutenant Hirth, semblant être un fervent défenseur d'Hitler, il tente bon gré, mal gré, d'embobiner certains de ses soldats.
L'un d'entre eux réfute ce commandement et cet esprit dictateur, et se verra abattre par ses pairs, alors qu'il tentait de rejoindre le groupe canadien, le trouvant bien trop gentil et serviable pour être un nazi.
Puis après une tentative d'évasion de l'île, en avion, ils perdront un autre homme dans le crash de ce dernier.
Progressivement, le groupe se défait de ses liens, qui les unissaient pour une mission.
Le lieutenant perd de son autorité, mais contrôle encore un tant soit peu, sa petite équipe.
Un troisième homme mourra, et c'est à trois, qu'ils continueront l'aventure...

La fin d'un règne...49eme4

Les trois hommes, seuls contre 11 millions de canadiens, attirent les médias, et déjà, Hitler leur fait confiance, mais la rumeur s'est répandue sur l'île, trois hommes sont allemands, et nazis, qui plus est.
Des portraits descriptifs se font entendre, par un général canadien, et dans la foule, les nazis s'inquiètent.
Vont-ils réussir à s'en sortir?
L'un deux perd la boule, et se fait attrapper...Ils continueront l'aventure à deux, contre 11 millions de canadiens.
Powell construit son film par paliers, avec une force incroyable, il dénoue chaque fois plus les liens entre les personnages, si bien, qu'ils semblent se perdrent dans leurs propres idées.
Confrontés à eux mêmes, ils doutent et se remettent en question.
Hirth, par contre, reste camper dans ses positions, son idée du nazisme, jusque dans la persuasion, reste forte et indélebile.
Le cinéaste assombri ainsi les relations, et fait en ce personnage d'Hirth, le stérotype même du nazi borné, aveuglé, perdu entre ses convictions, et celles qu'on lui dicte.
Il est ce symbole, cet espoir de vaincre, même dans le paradoxe le plus total.
Lorsqu'il se retrouve seul contre toute une nation, Hitler le décore de la médaille d'honneur, mais sait-il qu'il est impossible pour ce pauvre homme, de trouver une issue positive à sa quête.
Toute l'idiotie d'un système éclate alors à la face du public, le spectateur, grâce à Powell et l'intelligence de son oeuvre, se rend compte de l'emprise du Führer sur son peuple.
Il l'encourage à finir sa mission, malgré l'improbabilité qu'il s'en sorte vivant.
Puis cette scène, ou Hirth, s'échappant du canada, pour rejoindre la frontière américaine, via un train de marchandise, est stupéfiante d'intelligence.
Jusqu'au bout, jusqu'au moment ou le train franchit la frontière, on est persuadé de la réussite de Hirth, on souffle et on est soulagé, paradoxalement au fait qu'il soit nazi, qu'il est mené à bien sa mission.
Mais Powell réserve son génie pour la fin, et Hirth n'en sera que la marionnette, manipulée par son créateur.
Va t'il s'en sortir? Peut être bien, toujours est-il qu'il aura appris quelque chose dans sa quête...On ne conserve pas sa personnalité, en se séparant de ses compatriotes, et le pouvoir que l'on exerce sur l'autre, passe d'abord par le regard que l'on porte sur soi...
Magnifique conclusion à un film toute en nuance, d'une poésie et d'une vitalité resplendissante...

Conclusion:

Un film remarquable, sorte de long périple humaniste, pour des personnages qui se cherchent, sorte de parcours rédempteur, peut être aussi.
Une quête incertaine, semée d'embûches, montrant à la fois le côté humain du soldat allemand, sous régime nazi, mais aussi, son manque cruel de perception de la réalité.
Powell, comme un poète, parvient à instaurer un climat onirique à son oeuvre, mais en quelques mots, en quelques phrases et avec des mouvements de caméras, il réalise l'une des plus belles oeuvres sur le nazisme, au cinéma.
Parce que son thème est à peine effleuré, et que la psychologie des personnages permet une telle approche, il convient d'observer de plus près, la magie de Powell...

Ps: Dans le DVD bonus, Martin Scorsese, rend un bel hommage à son ami Michael Powell, pour le centenaire de sa naissance...Un moment d'authenticité, capté par la caméra, d'un Scorsese que l'on devine sincère...

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Commentaires
M
Les chaussons rouges, chef d'oeuvre absolu, oui!<br /> <br /> Le voyeur je l'ai vu y'a super longtemps, mais j'espère qu'il sera réédité aussi.<br /> <br /> J'apprécie ce cinéaste, que je suis depuis quelques semaines seulement, mais dont je serai curieux de connaître un peu plus.<br /> Je profite donc de ces rééditions pour le découvrir, ça colle avec la vocation de mon blog, je suis pas hors sujet lol.<br /> Merci pour vos témoignages!
N
... j'ai adoré aussi mais je ne connaissais plus le nom du réalisateur. Mais si c'est le même que le film que nous présente Mike, alors, il faut que je le voie !
C
Je n'ai pas vu celui-ci mais j'ai adoré "Les chaussons rouges" que j'ai revu il n'y a pas longtemps. :-))) Bien sûr j'ai envie de visiter celui-ci ainsi que le reste de sa filmo. J'ai un bon souvenir du "voyeur" également. Très bon choix, cousin ;-)
E
Connais ni le réalisateur , ni le film ça va de soit ...Mais ta critique donne envie de s'y interesser en tout cas
T
Jamais entendu parler à vrai dire. Je vais alors essayer de me procurer les rééditions dvd pour découvrir ce cinéaste que je connais pas du tout.
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