Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ACTE
ACTE
Publicité
Derniers commentaires
Archives
14 avril 2006

Save The Green Planet

coree_du_sud2Film sud-coréen de Jeong Jun-Hwan
Genre: Curiosité ?
Année: 2004                                    
"E.T téléphone maison..."

save_the_green_planetSynopsis:

Pour ce couple, c'est une évidence : les extra-terrestres sont sur le point d'avoir une emprise totale sur la planète. Certains sont même déjà sur le globe, ayant pris l'apparence d'être humains tout à fait normaux. Décidé à empêcher cette invasion, le couple kidnappe un homme d'affaire, persuadé qu'il est l'un d'eux. Petit à petit, les choses se compliquent, et un mystérieux et terrible danger rôde...

Introduction:

Presque deux ans maintenant, que je m'efforce à faire connaître des films, du monde entier, méritant plus d'attention ou de reconnaissance, qu'ils n'en ont.
Presque deux ans de recherches, pour trouver des perles rares, pouvant, sans être des chefs d'oeuvres à chaque fois, vous faire passer de bons moments cinéphiliques.
Aujourd'hui, je suis fier d'avoir trouvé en ce "Save The Green Planet" le digne représentant de ma vocation blogesque.
Un concentré de bohneur, et de joie indéscriptible.
Je vous en conjure, passer à côté de cette perle, serait une grosse erreur, et je n'aurai plus lieu alors, d'exister...
A mi-chemin entre la folie d'un Miike, l'exubérance d'un Terry Gilliam, et des références à "2001: L'odyssée de l'espace" de Kubrick, "Misery" de Rob Reiner ou "Funny Games" de Haneke, voici un film tout à fait surprenant, qu'il faut voir, pour y croire, explications...

L'installation...save1

Le début donne l'alerte, une musique trépidante, démesurée, rappellant un fond sonore de numéro de cirque, avec une bonne dose d'inquiétude quand même.
Puis, un personnage, vêtu d'une cape noire, et d'un chapeau en forme de bocal en plastique, clignotant grâce à des LEDS rouges et vertes.
La scène de l'enlèvement, d'un patron d'entreprise, par peur qu'il soit un alien, annonce la couleur d'un long métrage pas comme les autres.
On est en une minute et demi, dans trois styles de sentiments différents.
Décontraction, inquiétude et curiosité...
L'ambiance sombre, fait contraste avec l'apparente relaxation qu'évoque le film.
On se sent à l'abri, mais on se méfie de quelque chose, le burlesque est suspendu à nos lèvres, et le sourire devient jaune, parce que cette tranquilité, on la devine perturbable, reste à savoir quand, et par quoi....
Le cinéaste réalise son premier film, après s'être longtemps associé à d'autres cinéastes, en leur écrivant leurs scripts.
Il passe derrière la caméra, en écrivant cette fois ci pour lui même, s'évadant dans un scénario sans complexes, maîtrisé, original et farfelu.
Sans doute rêvait-il durant son enfance, pour vouloir nous entraîner dans son monde, avec la même féerie que Monsieur Burton...(Si, si)
La première demi-heure installe ce climat confu, partagé entre l'envie de rire, et l'envie de s'inquiéter...

save3La mise en oeuvre...

On avait raison de douter, le réalisateur réussi l'incroyable dédoublement de personnalité, passant presque du rire aux larmes.
De la comédie douce et sincère des débuts, on entre progressivement dans le drame affectif, l'émotion véritable, d'une séquestration improvisée, d'un mec qu'on peut dignement croire innocent, tant la folie de son tortionnaire semble avancée et évidente.
On prend parti clairement pour la victime, bien que le coupable paraisse davantage victime.
Et c'est là qu'entre la première contradiction, parfaitement maîtrisée par Jeong Jun-Hwan, qui contourne les codes narratifs et la grammaire cinématographique.
En perpétuelle remise en cause, le couple impressionne par son incroyable certitude, d'avoir à faire à un alien déjanté, venu envahir la "Green Planet".
Titre paradoxal lui aussi, si l'on considère que notre planète est surnommée "La planète Bleue".
Coup de génie ou coup d'intox? Les deux, parce que Jun-Hwan n'a de cesse de remettre son film en jeu.
Il n'arrête jamais l'effet contradictoire qu'évoque son oeuvre. Jouant sur les paradoxes, les effets de styles, et bien sûr, les genres.
Car outre la comédie et le drame, il n'hésite pas instaurer une bonne dose de cynisme, parodique et désavoué, à son oeuvre.
Il se moque, avec une maîtrise absolue, de l'ensemble des films de genre. La science-fiction, par le sentiment de paranoia constante, et l'improbable déraisonnement de l'être humain, concernant l'existence des extras-terrestres.
Il remet en cause la notion de croire, en revisitant les oeuvres d'anticipation, que l'histoire du cinéma nous à offert depuis l'existence de l'art même.
Puis, se paie le luxe aussi, d'ironiser et décridibiliser l'histoire de l'espace elle même.
Sans dire jamais que les "autres" n'existent pas, il réinvente l'histoire de l'humanité et celle de l'inhumanité, avec un bohneur déconcertant.
Il revisite aussi, le film d'horreur, par des scènes de gore, tragi-comiques, rappellant le dynamisme d'un Miike, allié à la folie plus nuancée d'un Terry Gilliam au meilleur de sa forme.
Les scènes de tortures sont à la fois, à l'image d'un cinéma coréen violent et cru, mais aussi, d'une virevolte incroyable, parce que retenues par cette once de cynisme et d'humour noir, qui dénature le sens même du mot violence.
Ca paraît inpensable, d'avoir de l'humour et de la violence, avec autant d'autres sensations qui se succèdent, s'entrechoquent, se flirtent, s'anihilent, se complètent ou se juxtaposent, et pourtant Jun-Hwan l'a fait...

La finition...save4

Cet écléctisme sur mesure, n'est en fait que l'enrobage d'une problématique bien plus viscérale et malsaine, voire philosophique.
Le cinéaste ne cache pas son goût pour la déshumanisation. L'être humain mauvais, qui sème la discorde, la haine et la violence, partout ou il passe.
Pour crédibiliser son sentiment, il n'hésite pas à avoir recours au système du flashback, avec un montage brut et rapide, montrant des images empruntées un peu partout, et notament la scène d'ouverture du célèbre Singe frappant avec rage un tas d'os, du film de maître Kubrick, "2001: L'odyssée de L'espace".
Un revirement de situation, que l'on pensait impossible au début du film, alors que tout commencait comme une simple comédie sociale et satirique.
Le twist final atteind un sommet, que j'ai rarement vécu au cinéma. Une preuve que le cinéaste a réussi mille fois, son pari de faire un film de tous les genres, avec très peu de moyens, mais beaucoup d'idées.
Scènes cultes, surfant entre humour et noirceur, scènes d'une beauté plastique étourdissante, décidemment le film de Jun-Hwan est aussi bon sur le fond que sur la forme.
Mais c'est surtout la sous-jacence de sa thèmatique qui est la plus fascinante.
Voir qu'avec des plans chaque fois pilotés de manières différentes, on arrive à parler d'un même thème caché derrière des barrières d'artifices visuels et scénaristiques, est la marque d'un grand cinéaste.
Ce film est un peu un "Orange mécanique" qui se fouttrait de la gueule d'un "2001" qui se moquerait lui même d'un "exorciste" etc... Une sorte de boucle intemporelle, reprenant des éléments qui ont fait leur preuve pour chacun des styles et genres de films (autrement dit, les clichés...) différents, mais qui seraient ici revisités, et réinventés.
C'est avec cette auto-dérision nuancée, que le cinéaste à construit son premier film, remarquable sur tous les points...

Conclusion:

Intelligence, maîtrise, variation majestueuse des styles et des genres cinématographiques, le premier long métrage de Jeong Jun-Hwan est une pépite d'or, remplie en son coeur, d'un doux bonbon acidulé, prêt à répendre son liquide sur toute la surface de la langue.
Un film savoureux, comme il s'en fait tous les 5 ou 10 ans, et qui ne se classe dans aucune catégorie.
Comment peut on reprocher un tel écléctisme et une telle fraîcheur???
Plus qu'une seule chose me frappe à la tête, l'idée d'un remake américain, qui viendrait entâcher ce dynamisme et cette originalité, venant d'orient...
Un bijoux je vous dit !!!!!!!

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Timmmmmmmmmm pas de problème pour le forum de Baptiste, j'allais te le proposer, à toi et aux autres, il vient de le créer, il a besoin de gens pour le lancer, c'est un peu mort en ce moment.<br /> L'idée ce n'est pas de faire d ela concurrence à Christel, mais si ça vous dit de venir de temps en temps, pas de soucis, au contraire :)<br /> <br /> Tu es le bienvenue, et vous tous aussi, :)
T
Sympa les petits commentaires dans la colonne :-)<br /> <br /> Sinon je trouve le forum de Baptiste très sympa, je compte m'y incruster si je peux.
M
Je suis ravi et honoré d'avoir pû présenter Tropical Malady à la face du monde blogesque, ravi que tu te le sois procuré, et j'espère que tu vas l'apprécier à sa juste valeur :)<br /> Merci beaucoup Norma, de me faire confiance lol (Je te préviens, c'est à tes risques et périls lol)
N
... que tu dois continuer à présenter des films : je me suis achetée Tropical Malady ! Et si un jour je tombe sur cette Green Planet, je l'achète aussi.
E
C'est vraiment fort ! A chaque fois un film qui vient de nul part !<br /> En tout cas comme Tim et Chris l'ont dit , tu peux continuer a nous trouver ces perles rares aussi longtemps que tu le voudra car grace a toi ils y en a qui passent de tres bons moment sur leur canapé !
Publicité