Essaye-moi
Film français de Pierre-François Martin Laval
Genre: Comédie
Année: 2006 "Raconte moi une histoire drôle..."
Quand ils avaient 9 ans, Jacqueline a promis à Yves-Marie qu'elle l'épouserait quand il ira dans les étoiles. 24 ans plus tard, devenu cosmonaute, Yves-Marie revient à la charge, mais Jacqueline, qui a tout oublié de sa promesse, s'apprête à épouser Vincent. Alors, Yves-Marie a une idée : Essaye-moi une journée avant de dire non !...
Introduction:
Sous le charme, de ce nouvel essai concluant d'un autre membre de la troupe de Robins des Bois.
Pef, pour les intimes, passe derrière la caméra et signe un vrai film authentique, spontané, à l'image des oeuvres burlesques de Chaplin, ou celles d'un Jaques Tati.
En petit homme, anti-héro atypique par excellence, il crée un univers enchanté, dans lequel se confrontent les sentiments, habités par une sorte d'innocence infantile, dont on retouve ici toute la magie...
Un régal pour les sens, par un faiseur d'histoires....
Les premières minutes annoncent la couleur de l'ensemble de l'oeuvre de Pef.
Ce plan sur deux enfants allongés dans l'herbe, et ce regard pétillant, qui les unis.
Puis cette innocence de la vie, dans les répliques.
- "On est fait l'un pour l'autre..."
- "Non, c'est pas vrai, c'est toi qui es fait l'un pour l'autre"...
Puis ils se retrouveront, des années plus tard.
Lui n'a pas grandit dans la tête, il est toujours ce môme de 9 ans, dans un corps d'adulte, il aime sans doute encore les malabars, et les histoires drôles.
Elle, est sur le point de se marier, elle mène une vie routinière, loin des rêveries et de l'imaginaire.
Son quotidien est perturbé, un homme loufoque frappe à sa porte.
C'est lui, l'enfant eternel, qu'elle reconnaît, mais qu'elle laisse seul, sur le pas de sa porte.
Il s'enfuit et veut mourir, il ne vit que dans l'espoir d'une seule chose, se faire faire essayer par sa femme de coeur...
En vrai conteur, Pef se targue de ne pas sombrer dans le pathos sentimentaliste, en restant toujours maître de son thème.
Peut être parce que c'est une histoire personnelle qu'il nous raconte. Lui, cet enfant qui refuse de grandir, et que l'on a pu voir dans ce rôle, déjà, à l'époque des Robins.
Toujours à préserver le mythe de l'enfance, à travers ces farces absurdes et son refus de se soucier de la vie.
Insouciance, innocence, même combat, pour un personnage haut en couleurs.
Ce clown, mi-drôle mi-triste, qui nous esquisse larmes de joie, et larmes de tristesse...
On y pense, à ce film de Takeshi Kitano, cet espèce de Road movie entre un homme grincheux, et un enfant perdu.
Tantôt drôle, coquasse, furtif et sincère, et puis triste, émouvant, épuré.
L'enfant, ici, ce n'est pas celui auquel on pense.
Il cherche à satisfaire une promesse qui remonte dans le passé. Il continue d'aimer subtilement, romantiquement, cette femme à qui il a promis la lune, ou presque.
Puis, il lui demande de l'essayer, le film change de ton, il devient réellement comique, presque absurde et grotesque, comme Chaplin ou Tati, savent le faire.
De ce fiasco, de prime abord, le personnage de Pef, laissera ses marques et ses empreintes, créant en Jacqueline, le besoin inéluctable de le revoir.
Ces bizzareries, qui l'ampute de sa monotonie lui manquent.
Elle se refuse de vivre une vie triste et quotidienne, obligée de se soumettre aux stéréotypes de la vie de couple.
Ici belle maison, beau jardin, belle voiture, se troquent habilement contre un petit moment farouche et original, avec un petit bonhomme, qui vit la tête dans les étoiles...
On est en présence, d'un film atypique, qui fait du bien dans le paysage audiovisuel français actuel.
Une impression de rêve éveillé, vraiment plaisant et suffisament rare pour être souligné.
Les comédiens y sont pour beaucoup dans la réussite de cette histoire touchante et roquambolesque.
Pef, bien sûr dans le rôle de cet homme, à la recherche de son amour d'enfance. Mais aussi, Pierre Richard, vraiment touchant et authentique dans son rôle de père protecteur et maladroit, qui colle parfaitement à son image d'acteur.
Un rôle sur mesure, pour un vrai moment de bonheur, un véritable hommage, en tout cas, à toute une carrière.
Puis Julie Depardieu, toujours juste, toujours sincère.
Elle semble parfois fragile, touchée peut être par la grâce.
Elle atteind des sommets, pendant que Pef, lui, y reste haut perché.
Puis Kad Merad, remarquable reconversion dans le burlesque non cucul, loin de ses âneries habituelles, il parvient à rester drôle, en touchant sensiblement le spectateur.
Un casting efficace, pour un film diablement maitrisé.
Conclusion:
Pour finir, un film somptueux, virevoltant, touché par un authentisme devenu rare au cinéma, notamment en France.
Loin des insipides productions actuelles, véritable beuveries sans saveurs, PEF tire son épingle du jeu en livrant au public, un film magique, revisitant l'enfance.
Enfin un film français non prétentieux, qui propose un regard juste et sincère, spontané et atypique, sur l'amour et l'insouciance.
Une véritable perle, qui me fait penser que la nouvelle vague française est entrain de se profiler à l'horizon avec des mecs comme Barthelemy, Noé, Desplechin ou ce Martin Laval.
Ce qui est troublant c'est que deux comiques d'une même troupe, aient compris avant tout le monde, et les milliers de pseudos cinéastes français, ou se trouvait l'âme du vrai cinéma...
Comme quoi simplicité et authentisme, suffisent à créer des chefs d'oeuvres....