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1 avril 2006

Natural City

coree_du_sud3Film sud-coréen de Min Byeong-Cheon
Genre: Science-Fiction
Année: 2004                                       
"Amour infini..."

natural_citySynopsis:

En 2080, coexiste deux espèces : les humains et les androïdes. R, un soldat de la troupe MP, assurant la sécurité de la mégalopole, s'est amouraché d'une cyborg, Ria, dont la durée de vie n'est plus que de 3 jours. Pour la sauver, R fait appel à un savant fou qui lui promet de sauver sa compagne en l'échange d'argent, de puces d'intelligence cyborg, et d'un corps humain hôte, acceptant la puce de Ria. R vient justement de trouver cette personne mais un androïde déviant, libéré de l'esclavagisme humain, cherche lui aussi à tout prix à s'emparer de cet individu…

Introduction:

La naissance du cinéma de science-fiction asiatique est toute récente. Si dans les années 70 déjà, certains cinéastes ont tenté l'expérience, avec une once d'avant gardisme, le public sans doute n'y était pas encore ouvert.
Les moyens techniques faisant défauts, le genre semblait perdu.
Il en est tout autre aujourd'hui, avec la nouvelle vague que l'on connait actuellement sur ce continent. Les producteurs jouent la surenchère, et les dollars tombent par miliers.
Si certains films semblent tirer leur épingle du jeu, notamment Casshern ou ce Natural City, gare cependant à ne pas sombrer dans ce mécanisme typiquement budgétaire, en proposant des oeuvres trop formatisées, et dénuées d'originalité.
Pour l'instant, nous n'en sommes pas encore là, et l'asie reste le continent le plus appréciable, en matière de renouveau.
"Natural City", est un peu ce "Casshern" coréen, la romance en plus, les références vidéoludiques en moins...

Un visuel accrocheur...naturalcity_07

Le départ annonce la couleur d'un long métrage en constante fabrication d'une image d'accroche conceptuelle.
Le cinéaste cherche à surprendre par la technique, à défaut, il est vrai, d'un scénario stigmatisé, empruntant beaucoup de ses thématiques, à un autre film, américain lui, "Blade Runner".
Si les références sont évidentes, elles restent néanmoins bien lointaines, dû à la différence de culture des cinéastes, mais aussi de leur technicités, radicalement opposées.
Byeong-Cheon s'acclimate avec l'âme de la pellicule, cherchant perpetuellement la lumière impossible, les jeux d'ombres et silhouettes, la photographie somptueuse.
Les reflets, les effets lumineux, post-production, sont absolument grandioses, conférant au film, cette image si pure et éblouissante.
En ajoutant à cela des choix de cadrages, à la limite du défi technique, il est clair que l'on obtient un film à la forme parfaite.
La caméra survole constamment l'action, basculant entre intimisme et observation. Intimisme dans sa façon ingénieuse de faire part de l'action, au plus profond des sentiments humains, et observation, dans son choix de tout montrer, en distance.
Avec l'effervescence du numérique, et de l'animation, le cinéaste choisi intelligemment d'en profiter pleinement.
Il aère son métrage de ses nombreuses expérimentations technologiques.
"Casshern", son homologue japonais, se rapprochait davantage d'un jeu vidéo, ou d'un manga live, comme si l'on faisait de "Ghost in the Shell" un vrai film. Ou de "Zone of The Enders", le chef d'oeuvre vidéoludique de Konami, un film live également.
Dans "Natural City" on est beaucoup plus proche d'un film que d'un jeu ou d'un manga, cependant, force est de constater qu'il s'en réfère un peu quand même.

naturalcity_03Un amour impossible...

Parce qu'il est une déferlante de sentiments humains, le film du cinéaste coréen, s'égare même de sa simple étiquette d'oeuvre de SCI-Fi asiatique.
Jouant perpetuellement sur les deux tableaux, il rappelle un peu les films de Kim-Ki Duk, par exemple, qui derrière un aspect noir et sombre, cachent des messages d'amour.
Ici, le cinéma n'est pas nihiliste ou simpliste, comme dans le bon cinéma d'auteur, mais pas non plus rythmé et orchestré comme du cinéma d'action.
Il reste sur la ligne du milieu, empruntant les récurrences et assimilitations propres à chacun des cinémas.
R, derrière sa facade d'homme sans coeur, en totale autarcie et en solitaire qu'il est, se façonne une autre image, celle d'un gars romantique, amoureux, et prêt à tout pour sauver sa bien aimée.
Ria, n'a pas le plus beau rôle dans cette histoire de couple, parce qu'elle est un cyborg, et que sa vie n'est que matérielle, manipulée à aisance par les humains, qui en font un objet d'utilité publique, plus qu'une véritable femme.
Byeong-Cheon, revisite ainsi le mythe de la femme, lui octroyant la douceur et la tendresse, mais aussi la fragilité.
Une nouvelle fois, c'est ce cinéma de symbole que l'on aperçoit à l'écran. Des métaphores visuelles, d'une beauté foudroyante, et paradoxalement, d'une grande noirceur.
R, court après le temps, le temps le fuit, il le rattrappe, puis à nouveau, il s'enfuit.
Cette phrase résume à elle seule, amèrement, cette quête sans fin, qui unit un homme à une femme.
La course après l'amour, l'amour qui quitte la course, et toujours cet aveuglement, sincère et obssessionel.
Les pulsions les plus profondes sont représentées à l'écran. On suit le chemin rédempteur d'un homme, partagé entre le pardon et le pourquoi.

Le temps qui passe, la mort qui guette...naturalcity_041

Un bon film coréen, n'est jamais un film au dénouement heureux, je suis assez bien placé pour le dire, il s'y cache toujours une forme de désespoir.
Ici, au delà du simple thème de l'amour, on assiste aussi à un véritable pourparler au profit de l'amitié retrouvée.
Deux êtres, amis, puis ennemis, qui se retrouvent, pour un même objectif, et qui le plus naturellement possible, redeviennent amis par les jeux de regard, car un film coréen, ce n'est jamais explicite...
La nuance, l'intelligence, la subtilité. Autant d'impressions, qui sont admirablement retrouver ici.
La mort, et son renvoit systématique à la beauté, à la libération. Le temps, comme élément déjouant le cercle dans lequel les personnages s'engouffrent...
Natural City, est un film fascinant, parce qu'il sait très bien se situer, entre deux univers, deux mondes, deux êtres...
D'un côté, les robots, et leurs droits, ou non, à la même liberté humaine. De l'autre, les humains, et leurs droits, ou non, à donner la liberté.
Aucune réponse n'est apportée à ces questions, et cela fait la force du métrage de Byeong-Cheon.

Conclusion:

Un film juste, qui pêche peut être par un scénario peu original, et pas assez poussé, mais qui sublime l'image et ses nombreuses symboliques.
Un film subtil, qui réinvente le genre, à défaut de le perfectionner.
C'est moins brouillon qu'un Casshern, plus romantique et expérimental, et a en plus le mérite d'être un profond hommage à des oeuvres d'avant-garde, telles qu'ont pu être "Blade Runner" ou "Ghost in the Shell".
Ce n'est pas toujours original, mais on sent le début d'une nouvelle révolution asiatique, dans un autre domaine que le cinéma d'auteur, le cinéma grand public, plus profond qu'un cinéma actuel américain, en manque de renouveau artistique...

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Commentaires
N
J'aime tellement Blade Runner que j'ai du mal avec tous les films qui surfent sur la même vague mais si je le vois, je le regarderai quand même grâce à ta critique.<br /> <br /> "Un bon film coréen, n'est jamais un film au dénouement heureux, je suis assez bien placé pour le dire, il s'y cache toujours une forme de désespoir." J'adore cette phrase.
T
Dans la videothèque, en ayant vu une autre affiche... je croyais que le film était américain ! Il ne m'attirait pas. Tu m'as donné envi de le voir.
M
Bah ça arrive cousin, on peut pas toujours être d'accord, le bon vieux temps ressurgirait il? lol :)<br /> C'est pas un chef d'oeuvre, c'est sûr, mais ça se laisse regarder, au moins pour les belles images ;)
C
Je sais seulement que je l'ai arrêté, sans bien me souvenir pourquoi, à part ne pas avoir aimé. :-(
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