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29 mars 2006

Eros

chine9etats_20unis31italie2Film italo-américano-hong-kongais de Michelangelo Antonioni, Steven Soderbergh et Wong Kar-Wai
Genre: Drame/Comédie dramatique
Année: 2005                                 
"Trois styles, trois histoires..."


erosSynopsis:

Variations en trois parties sur l'érotisme et le désir par trois maîtres du cinéma contemporain : Michelangelo Antonioni avec "Le Périlleux enchaînement des choses", Steven Soderbergh avec "Equilibre" et Wong Kar-Wai avec "La Main"...

Introduction:

Trois réalisateurs, différents, atypiques, de véritables créateurs dans leurs domaines respectifs, qui se lancent un défi incroyable: Un triptyque sensuel, charnel et novateur.
Une recherche de style, un exercice de mise en scène, un débat sur l'amour et ses faiblesses, le sexe et sa force.
Trois petites histoires, trois pays différents, trois méthodes différentes.
Poésie et magie, pour le maître Antonioni, perte d'équilibre, travail technique extraordinaire pour Soderbergh et enfin, le meilleur pour la fin: Virevolte des sens, claque visuelle, histoire de haute-couture sensuelle et minimaliste, signée Wong Kar-Wai...

eros1"Le Périlleux enchaînement des choses"... de Michelangelo Antonioni

Dès le départ, on comprend la procédure du maître italien, un décor naturel, une vieille demeure que l'on pourrait croire abandonnée, puis cette femme, errante sur sa chaise, à la recherche d'attention.
Une histoire d'adultère se profile à l'horizon, sans en percevoir immédiatement le dessein.
Quelques discours, glanés ça et là, un jeu de regards, tantôt furtifs, tantôt évasifs, jamais sincères, et l'on se plonge volontier dans cette dérive d'un couple trop parfait, à la caricature BCBG, flanquée d'une paradoxale impression d'amourette de vacances...
Pourtant, dans cet assemblage d'ingrédients contradictoires, subsistent encore quelques sentiments amoureux, une relation basée sur le non-dit, qui va faire chavirer les coeurs et les sexes, vers d'autres horizons.
Cette femme, subitement abandonée, qui va se réfugier sur la plage, dansant nue, comme pour se libérer d'un poid.
Cet homme, allant chercher ailleurs, ce qu'il ne trouve pas, faute de volonté sans doute, dans son propre couple. Il rencontre une autre femme, celle ci se laisse charmer, l'érotisme au sens propre prend alors sa valeur, et poésie sexuelle devient alors une évidence, dans la mise en scène d'un Antonioni retrouvé, mais manquant de réel investissement, voire de profondeur et de nuance.
Quelques belles scènes, notament la scène finale sur la plage, mais un rythme assez lent, peut être trop, ou pas assez.
Cruellement, on reste un peu sur sa faim, malgré une très grande partition...
Le maître explore ce qu'il a déjà fait, sans chercher le renouvellement, sans appronfondir une thématique pourtant bien substancielle.
Un film inégal, qui surfe soit dans le très bon, soit dans le vulgaire. Toujours est il, qu'à l'image de son cinéma, fait de chefs d'oeuvre ou de mauvais goûts, le premier des trois films d'Eros, laisse un avis partagé entre bonheur et désillusion...

"Equilibre"... de Steven Soderbergheros3

Le départ offre la vision déjà exacerbée, d'un cinéaste qui tente le conceptuel, au profit d'un scénario désavoué, et sans grand intêret.
On le suit pourtant, dans son aventure de 25 minutes, parce que quelque chose se dégage du visuel, étrangement beau, choisi par Soderbergh.
Une mise en scène chavirante, tel un navire qui s'échoue. Des mouvements disgracieux, éventrés, qui scotchent par leur décontraction et leur originalité.
Paradoxe lié au titre de son court, Soderbergh choisi la perte de l'équilibre cérébral comme thématique érotique, finalement très peu abordée.
Le noir et blanc, filmé dans une pièce unique, en huis clos, paraît angélique. Sa beauté foudroie, mais on ne comprend pas trop ce parti-pris.
Soderbergh comble ses défaillances de cinéaste prétentieux et lourdeau, par une mise en scène naviguante, d'une évidente maîtrise.
Mais là ou Antonioni avait me mérite d'apporter du charme et de la poésie à son histoire, Soderbergh, évite tout débat lié au thème de base, d'EROS, à savoir l'érotisme.
Le cinéaste américanise son film, en le piégant de nombreux discours absurdes, bien que très bien interprêtés, par un Robert Downey Jr, très bon, mais guignolard dans ce film d'un non sens absolu.
La virevolte de la caméra, n'y pourra rien, ce second volet n'apporte rien de bien interessant, à un triptyque qui ne porte plus qu'espoir en la personne de Wong Kar-Wai.
Soderbergh prouve sa grande efficacité technique, et c'est là, le seul intêret du film, mais échoue dans la globalité, par un goût trop prononcé pour le discours ravageur, perdu dans son absurdité, n'amenant aucune réflexion, sur cette seconde variation du sexe amoureux.
Finalement, on est davantage encore mitigé, qu'après la vision emblématique, mais inégale, du maître italien.
On se demande ce que l'on va voir avec le chef de file hong kongais, mais on regretterai presque de s'être déplacer, pour l'instant.

eros4"La Main..." de Wong Kar-Wai

Un dernier volet, qui pourrait faire définitivement sombrer l'idée originale émanant d'EROS, s'il n'avait pas été réalisé avec brio, par un cinéaste fabuleux.
Attention, maître Wai surveille, et signe un chef d'oeuvre, qui mérite à lui seul l'achat du DVD.
Ca commence par un plan fixe, rappellant fièrement un autre de ses chefs d'oeuvre, "In the Mood for Love".
On est dans les années soixantes, une nouvelle fois, et l'on voit un homme, s'adressant, arrière plan caché, à une femme.
Le cadrage est propre, l'ambiance s'installe et l'on s'aclimate volontier à cette épopée qui promet un long voyage dans la poésie, chorégraphiée sans demi-mesure, et dirigée, baguette à la main, par un maître en la matière.
Le visuel éclate à la gueule, la photo, signée Christopher Doyle, nous situe dans le 2046 des années soixantes.
les musiques accompagnant délicieusement la fragile histoire d'amour naissante, entre un tailleur et sa cliente.
L'amour couture prend son envol, dans un admirable balet audiovisuel, et une danse des caméras, qui prolonge le plaisir des sens.
La mise en scène est épurée, soignée, distinguée, toujours cette récurrence d'un cadrage systématiquement coupé.
Un minimalisme qui invite le spectateur, dans un Hong Kong méconnaissable, puisque totalement dénaturé, par le cadre qui cloître l'action dans un lieu determiné, vidé de son physique et de sa représentation.
Une mise en scène habituelle du cinéaste, qui démystifie ainsi, la sacro-sainte immensité de la mégalopole, la réduisant à des ruelles, des bâtisses, et la redondance de ses lieux, presque imaginaires.
La réalisation est stupéfiante, tout en nuance, dans la profondeur, dans l'intimisme le plus total.
Un tour de main fascinant, loin des grisgris Soderberghien, ou de la maladresse Antonionesque.
Ici, Wong Kar-Wai laisse éclater sa maîtrise, signant en 39 minutes seulement, un chef d'oeuvre, de la même intensité qu' "In the Mood for Love".
Puis ce perpetuel renvoit à la main, son image, sa représentation du toucher, de la découverte de l'autre, de l'amour au sens physique, et non uniquement sexuel.
Un délice que ce dernier volet, qui fait oublier un premier essai audacieux mais qui manque cruellement de dynamisme, et une seconde mouture prétentieuse, techniquement parfaite, mais violée de sa crédibilité, par un scénario taillé en hors sujet quasi total, digne d'un prétentieux bavard et sans maîtrise.

Conclusion:

Finalement, il n'y qu'un volet de réussi, dans ce triple regard sur le couple et son désir.
Antonioni, signe un film interessant, pas franchement mauvais, mais vidé de son charisme, par un manque cruel de souffle et de dynamisme.
Un film fatigué, qui parvient quand même, à certains moments, nous rappeller qu'un maître se trouve derrière la caméra.
Soderbergh pêche par sa morale, son sens du film technique, mais inappronfondi.
Un film bâclé, par une histoire ennuyante, vraiment mal abordée, malgré un visuel incroyable, et un duo d'acteur solide et convaincant.
Enfin, un chef d'oeuvre inégalable en dessert. Un cinéaste qui en peu de temps, sans avoir une expérience aussi grande que ses compatriotes d'un jour, a sû prouver sa supériorité dans le domaine.
Un film remarquable, d'une précision et d'une qualité indescriptible. Il faut le voir pour le croire, mais croyez moi, ça vaut le détour...

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Commentaires
T
J'ai vu une bande d'annonce et j'avoue que ça avait l'air vraiment bien !<br /> Mais voilà, comme d'hab, j'ai pas vu :(
T
Je connaissais les films que vous avez cités en plus :s Réponse trop hative :D
M
Oui Norma en effet, merci de cette précision, il y'a eu aussi récemment "3 Extremes", ou là, je dirai, que les trois volets sont d'une qualité plus ou moins égale...Encore que Park Chan Wook sort du lot...Mais, c'est plus égal qu'ici en tout cas :)
N
..apparemment uniquement pour Wong Kar-Wai. Mais rien que pour lui je l'achèterai. <br /> <br /> Tim, la méthode du triptyque n'est pas si originale que ça ; il y a eu par exemple un autre film réalisés à 3 mains : New-York Stories. C'était en 1989 et les 3 réalisateurs sont 3 bonshommes que tu connais bien : Scorsese, Coppola, et Allen. <br /> <br /> Ceci dit, dans mon souvenir, je ne me souviens pas d'un film triptyque où les 3 volets étaient d'une égale qualité...
T
J'en ai entendu parler. J'ai été assez surpris que 3 réalisateurs différents réalisent un même film. Plutôt original...<br /> <br /> J'essaierai de le voir par curiosité et pour Wong.
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