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10 mars 2006

Marebito

japon11Film japonais de Takashi Shimizu
Genre: Fantastique
Année: 2004                                          
"L'Amour sous terre..."

marebitoSynopsis:

Caméraman pour la télévision, Masuoka a filmé le suicide particulièrement violent d'un homme dont le regard empli d'effroi l'a subjugué. Il veut comprendre cette terreur.
Il croit trouver des indices dans les souterrains de Tokyo : marchant sur les traces des " Déros ", un peuple de légende qui aurait investi le centre de la terre pour tourmenter les hommes, il découvre une jeune fille, enchaînée, laissée à l'état sauvage...

Introduction:

Shimizu, que l'on connait en France pour le remake américain de son propre film "Ju-On", intitulé pour l'occasion "The Grudge", avait pendant cette année là, eu le temps de tourner, entre deux tournages, en huit jours à peine, ce film étrange au nom évocateur "Marebito", littéralement "ceux qui viennent d'ailleurs", en japonais.
Un film tourné en numérique, sans moyens, mais gonflé d'idées.
Shimizu reste plus ou moins dans le style qu'il affectionne, bien qu'ici, il préfère un scénario quasi philosophique, symbolique, et légèrement différent du traditionel film d'horreur.
Avec son concept du caméraman filmé, on entre dans une sorte d'intimité, absolument grandiose, qui va nous conduire, à la frontière de la folie...

Une étrange rencontre...mare1

Dès les premiers instants, avec son climat post-apocalyptique, Shimizu imprègne son film de son aura, et n'en démordra pas.
Le côté glauque, malsain, se fait de suite ressentir, par un ensemble de sons, semblant comme égorgés, étouffés dans la tuyauterie des égouts de Tokyo.
Une sorte de grinçante mélodie, qui fait froid dans le dos.
Masuoka, la peur au ventre s'avance dans les souterrains, captant le moindre bruit, le moindre geste, le souffle s'accélerant à chaque pas de plus.
Une musique d'une grande qualité sonore, presque acoustique se met en place, le cauchemar, semble devenir rêve lorsque Masuoka croise le chemin de cette jeune femme, nue, allongée sur le sol.
Enchaînée, elle n'ose l'observé. La main de Masuoka caresse les cheveux de F, la femme allongée.
Elle lève la tête et esquisse un regard, que Masuoka, capte avec son objectif.
Pas de doute, Shimizu a transformé les souterrains de Tokyo, en une sorte de cité interdite, magnifique de pureté, dans laquelle vit une femme errante, à la beauté fatale, toute droite descendue des cieux.
Cette rencontre, boulversante sera aussi le début d'un long apprentissage, deux êtres que tout oppose, vivant dans deux mondes différents, qui vont apprendre à cohabiter.
Masuoka l'emmène chez lui, il la découvre, au quotidien, l'élevant presque comme un enfant, mais le rêve, va à nouveau céder sa place au cauchemar...

mare3Le goût du sang...

Les premiers jours, la jeune femme a bien du mal à s'apprivoiser, elle ne mange, ni ne boit, inquiétant ainsi Masuoka, qui comprend vite qu'elle est attirée par le sang...
Commence alors pour Masuoka, un long périple meurtrier, à la frontière de la folie, pour satisfaire sa belle compagne.
Shimizu expérimente la vision de l'amour, car au delà d'une simple rencontre, il est évident que Masuoka commence à tomber amoureux de cette femme étrange, il n'hésite pas à tuer pour la satisfaire, mettant ainsi sa propre existence en danger.
Pourtant, on sent bien que le malaise règne perpetuellement.
La tranquilité de ce couple atypique est bouleversé par l'apparition de l'ex-femme de Masuoka, le suivant au jour le jour, en réclamant le droit de voir sa fille.
Le doute s'empare du spectateur, Masuoka serait il le père de cette fille, qu'il élève comme un animal domestique? Serait il un monstre sanguinaire prêt à tout pour comprendre la peur?
En tout cas, rien ne paraît évident. Shimizu conserve le mystère, en évoquant simplement cette hypothèse de famille déconstruite, cherchant à fuir la récurrence d'un quotidien.

Au bord de la folie...mare21

Mais on comprend quand même rapidement, ou le cinéaste veut en venir, grâce à une mise en scène volontairement bancale, à coup de caméra de travers, d'utilisation d'artifices de montage, avec des plans rapides, fondus névrosés, ambiance dérangeante...
Il nous plonge dans un univers ou rien ne paraît réel, même la population semble en phase de dégénérécence.
On ne voit jamais complètement Tokyo, les gens semblent flous, lointains, la ville paraît presque déserte, et Masuoka y évolue en passant dans des petites ruelles, des chemins perdus, comme si Tokyo était plus vaste sous terre qu'au dessus...
Le cinéaste, n'exprime jamais, non plus, le vrai travail de Masuoka, il est visiblement caméraman contractuel, travaillant quand on a besoin de lui, mais passant le plus clair de son temps chez lui, à observer le monde dans ses moniteurs, qu'il raccorde à sa caméra.
C'est elle qui filme le monde, il ne le voit pas de ses propres yeux.
En se servant de cet objet pour observer, on comprend que Masuoka est déconnecté du monde, et sa personnalité devient alors évidente, cet homme est fou...

Conclusion:

Un film perturbant, dont je ne dévoilerai rien d'autre. Une oeuvre à l'atmosphère lourde et pesante, qui jongle amèrement entre le film fantastique angoissant, et le thriller apocalyptique.
Un onirisme profond, une perpetuelle référence aux mythologies et à la psychologie, bref un film d'horreur minimaliste, nihiliste, simple et complexe à la fois...

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Commentaires
M
j'h"site un peu en fait. J'aime bien le réal parce qu'il a su me faire peur avecses jug-on mais j'ai entend bcp de mal de ce marebito qui ne ferait pas peur et serait torché à la va vite...<br /> <br /> sans doute irais-je le louer pour me fiare une opinion
N
Eh ben moi, j'ai la même réaction que Tim : quand les Jap ne sont pas dans la retenue totale, ils vont en général bcp plus loin que leurs voisins et en tout cas, bcp trop loin pour moi. Comme s'il y avait plus de violence brutale dans leur cinéma que dans les autres. Et ton article me laisse entrevoir le pire...
T
Non, là je n'ai pas envi de le voir. Quand le japon rentre dans ce genre, ça me fait trop peur. C'est un peu le genre "The eye"... merde, j'ai envi de dormir moi ! :D
M
Juste pour t'informer que je n'ai pas non plus aimé the grudge, je n'attendais donc pas quelque chose de formidable avec ce film, j'ai été, pourtant, agréablement surpris, même si ce n'est pas un chef d'oeuvre, il est clair qu'il mérite d'être vu, car il change des autres films du genre.<br /> Ca vaut le détour, même si ce n'est pas inmanquable...:)
C
"entre le film fantastique angoissant, et le thriller apocalyptique"<br /> <br /> Quelque chose qui me fait un peu penser à "Eraserhead", même si je suis persuadé que le style est totalement différent. "The grudge", j'avais pas du tout aimé son côté archi superficiel. Moyennement tenté sur ce coup-là...<br /> <br /> ++++
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