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27 février 2006

J'aimerais pas crever un Dimanche

france4Film français de Didier Le Pêcheur
Genre: Comédie dramatique
Année: 1999                                     
"Le sexe n'est qu'une étape..."

j_aimerais_pas_crever_un_dimancheSynopsis:

A la morgue, Ben ramène Térésa à la vie en lui faisant l'amour. Reconnaissante, la jeune femme veut mieux connaître son cynique sauveur. Mais Ben est un homme blessé, en quête d'absolu dans des jeux érotiques extrêmes. Qu'importe, Térésa l'y suivra, s'accrochant à ce personnage fascinant, l'homme qui avant tout lui a offert une seconde vie...

Introduction:

Un cinéaste au talent indiscutable. Pour moi, le meilleur réalisateur français à l'heure actuelle, mais malheureusement, bien trop discret et pas assez connu par le grand public.
Dans l'ombre d'un Bertrand Blier, le cinéaste tisse des portraits fabuleusement ingénieux, de personnages loufoques, en quête de rédemption.
Toujours à l'affût du moindre sarcasme, Le Pêcheur, crée un univers de cynisme et d'humour noir, proche de l'apogée cinématographique.
Mon dieu que le monde est injuste, de ne pas laisser un tel talent s'exprimer plus librement.
"Des Nouvelles du Bon Dieu", un film à l'humour caustique diablement maîtrisé, alternant gags corrosifs, et situations cocasses.
Mais dans l'absolu, le film est bien plus profond que sa simple enveloppe qui placarde humour franchouillard à la face du public.
Le public esquive l'une des plus grandes productions françaises de ses dix dernières années, en préférant lorgner sur des productions insipides, symboles d'un cinéma français en pleine décadence.
Le Pêcheur, sort des sentiers battus, en proposant une oeuvre lunaire, un film complexe, dur, franc, qui parvient à faire rire sur des sujets graves, tels que la mort et la présence de l'homme sur la terre.
On s'imprègne de l'histoire, on l'a vit à fond, et l'on se sent enfin libre au cinéma.
Cette liberté artistique, Le Pêcheur va la conserver dans son second long métrage, plus vicieux, plus trash, moins comique, mais tout aussi fascinant.
"J'aimerais pas crever un dimanche" un film au titre cynique au plus haut point, qui annonce la couleur, d'un métrage à la frontière de l'insoutenable, très mal compris d'un public de novices, habitués au cinéma conventionnel et insipide...

Une lente plongée philosophique...paysage_1

Dès le départ, le ton est donné, le film traînera constamment le long de cette ligne imaginaire qui sépare le mythe et le réel.
Passant d'un côté à l'autre, sans demi-mesure.
A la réplique : "J'aimerais pas crever un Dimanche", un collègue de boulot du personnage de Ben, incarné par un fabuleux Jean Marc Barr, lui demande, "et pourquoi?"
Ben, lui rétorque alors "Parce que je ne voudrais pas crever un jour ou je me suis lever tard, et ou j'ai rien glander"
La thématique s'annonce, on va surfer sur la mort, lui tendre la main, la titiller durant l'ensemble du métrage.
Moins comique, mais davantage cynique encore, que son petit frère, "Des nouvelles du Bon Dieu", le second film de Le Pêcheur est une perpétuelle remise en question du couple, de la notion d'aimer et du droit à la seconde chance.
Avec ce cynisme Blier-iste, le metteur en scène annonce sa récurrence.
Il aime les images atypiques, les métaphores qui entourent la mort et la notion de philosophie au cinéma.
Derrière le malaise, se cache en réalité, une oeuvre profondément riche, ancrée dans l'anti-conformisme, refusant la sacro-sainte idée de convention cinématographique.
Un film contestataire, très bien écrit, sonnant toujours juste, malgré une apparence des plus troublantes.

paysage_2Halte à la censure...

Une interdiction aux moins de 16 ans, lors de sa sortie en salle, l'a amputé de toute chance de satisfaire un public des plus large.
Au nom de la censure, le film se prive d'une entrée cultissime dans l'histoire du cinéma français, plongeant dans l'inconscient collectif.
Un film culte, qui ne le sait pas encore, parce que boudé bêtement par le troupeau de moutons que nous sommes.
Heureusement, Le Pêcheur se moque de l'image qu'il véhicule, continuant je l'espère encore longtemps, son petit bonhomme de chemin.
Entre les images fortement controversées de son film et son délire visuel proche d'un Takashi Miike, Le Pêcheur est bien seul dans ce cinéma, à tenter une véritable expérience, et peut être seul Gaspar Noé, un cousin éloigné dans le style, serait capable de le comprendre.
Parce que son montage du départ est brut, un assemblage de séquences rapides, puis un calme absolu, malsain et lyrique, très étonnant.
Le cinéaste parle du sexe, sous sa forme la plus animale, la plus bestiale.
Abordant le sado-masochisme, la rivalité des sexes, le côté très machinal et robotisé qui se cache derrière ce besoin vital, de reproduction.

Un sujet intelligent...j_aimerais

Avec cette guerre du sexe, son alliénation, son affiliation à la mort et à l'oubli, le cinéaste va très loin dans la thématique.
Il sort de la simple définition du sexe, en le liant très dangereusement au morbide.
La mort devient ainsi, un aspect subtil du sexe.
L'amour de la mort, ou la mort de l'amour, même combat, au final Le Pêcheur assimile aisemment les deux, en suggestion, sans crier le réalisme de son thème.
Les personnages, une nouvelle fois sont comme lobotimisés par une société désoeuvrée.
Des espèces d'êtres en quête de quelque chose qui pourrait les rassurer.
Un nouveau chassé-croisé de personnages différents, qui se rencontrent, s'aident, s'aiment, puis se séparent.
Comme dans son précédent film, le cinéaste utilise ce thème de la rencontre atypique, d'êtres différents, à la recherche d'amitié, fuyant la monotonie et la solitude.
Cette peur manifeste, du quotidien, incite aux personnages, l'idée de former un groupe uni, par les mêmes craintes et les mêmes envies d'un autre avenir.
Le sexe, semble être ici, le sujet qui uni ces hommes si différents et pourtant si identiques.
Le masochisme, le sexe-objet, le loisir de faire l'amour autrement, pour éprouver des sensations à l'image de leur état d'esprit.
L'amour voltige, non avoué, caché derrière ce sexe machinal.
Autant de variations différentes, renvoyant systématiquement au même sentiment...L'amour.

Conclusion:

Là ou le cinéma français fixe ses frontières, son acceptable et ce qu'il réfute, Le Pêcheur se fait une toute petite place, parce que la chaise qu'on lui laisse, semble être fissurée.
Quel avenir pour un cinéaste bien seul dans ce grand bordel français?
J'espère réellement qu'il sera rejoint dans son univers, par d'autres cinéastes du même calibre, capables de faire renaître un cinéma en plein désarroi.
Le Pêcheur, ou le cinéaste le moins compris du septième art français, et comme toujours, comme le dit si bien l'expression, les grands génies sont toujours incompris...

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Commentaires
T
Je n'ai pas vu le film non plus mais ça me dit quelque chose. <br /> :)
M
Votre seule présence ici les amis, me suffit largement, même si vous n'avez pas vu le film!<br /> Donc, Non, Tim tu n'auras pas le nom de mon fournisseur lol :)<br /> Un jour peut être....
T
Comme Norma, j'en ai marre de mettre les mêmes coms à chaque fois. Je veux me tuer ! Mike aide moi et dit moi le nom de ton fournisseur, tu me sauveras d'une mort certaine :-)<br /> <br /> Sinon, pas vu le film :D lol<br /> J'essaierai de le voir puisque tu dis que c'est si bien mais sinon je serai passé à côté...
N
Bon que dire sauf "désolée, je n'ai pas vu ce film". Ce ne sera que la x ième fois que je mettrai ce com de la honte...<br /> <br /> Mais je m'engage à le voir dès que possible. Parce que ton article donne envie...
M
Oui Chris, j'ai beaucoup entendu parler de Desplechin, et je crois que je vais facilement me laisser tenter, même si j'ai omis de le mettre dans le lien chez Sarah.<br /> De même, j'ai oublié de préciser que j'affectionne le cinéma de Assayas, aussi, qui comprend réellement les démarches d'un bon film.<br /> Pour toi, qui admire Blier, je reste persuadé que Le Pêcheur, te plairait énormément.<br /> J'en mettrai presque ma main au feu.<br /> On échange donc, je regarde Desplechin, et toi Le Pêcheur...Pari tenu!
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