Versus
Film japonais de Ryuhei Kitamura
Genre: Action
Année: 2001 "Une rencontre sans fin"
Dans une forêt qui s'avère être l'une des portes de l'enfer, 2 fugitifs tentent d'échapper à Satan. Il y a KSC2303, un bagnard évadé, et une fille dont le sacrifice permettrait l'ouverture de la porte aux légions du Mal. KSC2-303 et le démon se sont déjà affrontés il y a longtemps. Le duel ultime va pouvoir commencer...
Introduction:
Que pourrait bien donner un premier long métrage, réalisé sans moyens, par un cinéaste aussi allumé que Takashi Miike, avec des idées plein la tête, et une seule caméra numérique?
La réponse est "Versus"...
Un film barré, complètement destructuré, sans aucun sens, mais qui fascine dès les premiers instants par son action débordante, sa musique décalée, et son ambiance apocalyptique.
Un samourai, seul dans la forêt, une horde d'ennemis à ses côtés, il s'avance, et tranche tout d'un seul coup, le sang gicle sur l'objectif de la caméra, les ennemis tombent sur le sol, découpés en morceaux, c'est parti le film commence!
En effet, dès le départ, Kitamura ne fait pas dans la dentelle, il n'épargne pas le spectateur, et injecte son premier long métrage, de centaines de litres d'hémoglobine.
Pas d'état d'âme, c'est pas un film pour les sensibles, et encore moins pour les filles...( ;-)
Ca tranche, et ça retranche, et le sang devient notre meilleur ami. On pourrait presque se couper exprès pour en avoir aussi un peu...
Ce qui impressionne, c'est la maîtrise du cinéaste, de ne pas sombrer dans l'action pure et dure sans interêt, en proposant un fil conducteur à son film.
Ici, on devien que le fil conducteur sera un duel sans fin entre deux personnages, qui ont traversé les époques, pour l'amour d'une fille? on ne sait pas, toujours est-il que l'on cherche à le comprendre.
Ce n'est pas forcément nuancé, mais pas non plus explicite...
Le film est violent, c'est sur, mais jusqu'à quel point?
Est-ce dans le but de montrer tout, dans l'optique d'une certaine moralité?
Bien évidemment que non, il s'agit davantage d'une gigantesque tuerie dans le but de divertir, mùais aussi dans un soucis de réalisme historique.
Les samourais n'étaient pas, et n'ont jamais été de très fins assassins, avec un sabre, on évite de faire dans la dentelle.
Ainsi, cela va dérouter bons nombres de spectateurs, et mieux vaut être averti, vous ne verrez pas deux films pareil...
Violence....toujours la violence...
Oui, une violence inquiétante, mais pour peu que vous ne soyez pas avertis, autrement, vous passerez outre cela, en vous plongeant davantage dans l'humour décalé de Kitamura.
J'entends déjà d'ici, "Mais qu'est ce que c'est que ce film de fous, na na na, pourquoi autant de violence, patati et patata, il est cinglé...."
Bref, des spectateurs lambdas, choqués devant "Sauvez Willy" et qui pleureront ici toutes les larmes de leur corps, oubliant que cette sauvagerie est avant tout, hyper, hyper décalée.
J'ai rarement autant rit devant un tel bouillon d'hémoglobine, c'est super trash, mais qu'est ce que c'est fandard.
On rigole de cet absurde décalé comme seuls les asiatiques savent le faire.
Un réel plaisir, parce que c'est un humour cynique à mort, bien plus fin qu'il ne laisse le paraître.
Une mise en scène, impeccable...
Le point fort du film, pour combler un scénario pas franchement traité en profondeur.
Mais tel n'est pas son but en même temps, c'est un premier film, donc beaucoup de maladresses de styles, mais pas d'idées, parce que c'est inventif comme jamais, rien que sur les cadrages.
Une seule caméra, 20 000 000 de plans tournés, sous tout les angles, des combats d'une chorégraphie remarquable, bref, un mélange détonnant qui le rend exceptionnel.
La photo est elle aussi remarquable, d'autant plus qu'elle est absolument naturelle, puisque tournée en extérieur, dans des conditions propres aux caméras numériques, l'image est à peine retravaillée au montage, ce qui offre un aspect très interessant sur le plan strictement esthétique.
Le film est absolument grandiose sur plusieurs points, son esthétisme, son originalité et son montage.
Versus est un film de montage, qui ampute le scénario, passant au troisième plan.
On n'est pourtant jamais frustré de cette faille, parce qu'elle est volontaire. Kitamura n'est pas scénariste, encore moins un écrivain hors pair, mais c'est un maître artificier splendide, peut être l'un des meilleurs de sa génération, qui nous surprend par son seul jonglage de l'image.
Sur le plan technique, c'est parfait, grâce à une esthétique hors du commun, atypique et diablement efficace.
Une maitrise rare, de la mise en scène, qui rappelle un peu Johnnie To, ou Gaspar Noé, par exemple, véritables jongleurs du cadrage...
Conclusion:
Un film simple, fabuleusement ingénieux, qui regorge d'idées et de maitrise technique, offrant à Kitamura, un aller vers l'élite du nouveau cinéma d'action japonais.
Un cinéaste à l'allure De Johnnie To, croisé à la folie de Takashi Miike, qui bouscule le panthéon des meilleurs cinéaste, par son audace et son inventivité.
Kitamura prouve à lui seul, qu'il n'y a nul besoin de dix millions de dollars pour pondre un chef d'oeuvre.
Avec très peu de moyens, mais beaucoup d'idées, le cinéaste et sa jeune équipe pleine de dynamisme, ont prouvés qu'ils pouvaient aller très loin dans le concept novateur.
Un film qui prouve toute l'efficacité et la fraîcheur, d'un tout nouveau cinéma asiatique...
A voir et revoir, avec plaisir!