Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ACTE
ACTE
Publicité
Derniers commentaires
Archives
6 février 2006

Leaving Las Vegas

etats_20unis29Film américain de Mike Figgis
Genre: Drame
Année: 1996                               
"Whisky...mon amour"

leaving_las_vegasSynopsis:

Ben, scénariste alcoolique, décide de partir à Las Vegas après s'être fait licencier par la maison de production pour laquelle il travaillait. Il se donne quatre semaines pour boire jusqu'à en mourrir et s'installe pour cela dans un petit hôtel miteux à proximité des bars qui ne ferment jamais. Il rencontre Sera, une jeune prostituée dont il tombe amoureux. Elle décide de l'héberger et l'assistera jusqu'à ses derniers instants...

Introduction:

Une triste pente raide, un pont vers l'irrévocable, un chant inouï de malaise, tels peuvent être les adjectifs qui correspondent à l'oeuvre du cinéaste Mike Figgis.
Dans cet élan d'un pessimisme tout en nuance, Figgis, trouve la juste note lui ouvrant le chemin des oscars.
Mais outre les nominations, c'est avant tout une oeuvre crue, dénuée d'espoir véritable, si ce n'est celui de pouvoir vivre sa vie pleinement, même dans un laps de temps très court.
Profiter de la vie, s'aimer, se laisser aller...

La note juste...

Un film sur l'alcool, sans qu'il soit pathétique ou manichéen, c'est possible, la preuve en est avec ce film subtil, tout en nuance, qui revient sur le désespoir des êtres.
Deux vies, que tout oppose, deux destins, liés inéluctablement.
D'un côté, un scénariste déchû, en mal d'inspiration, qui sombre dans l'abysse indélebile de l'alcool.
Un homme pathétique, triste, seul, chaotique et plongé dans une improbable déchéance.
De l'autre, une pute de luxe, qui erre sur les trottoirs de Las Vegas, la ville illuminée.
Une fille paumée, peut être triste, peut être pas, mais en quête de rédemption. Une fille qui veut s'en sortir, mais peut être pas, finalement.
Elle attends son alter-ego, son pareil masculin, qui pourra l'aider à s'en sortir.
Les deux êtres se rencontrent, aux détours d'une rue.
Figgis se fait alors l'observateur d'une quête de l'espoir impossible. Il filme, dans un magistral tour de force, deux destins qui se découvrent.

Je sombre...tu me rattrappes...

Ben devient loque humaine, un invertébré notoire, qui ne respire qu'avec une main tendue.
Son approche devient timide, il ne sait plus qui il est.
Mais, tout en sombrant, il se rattrappes à Sera, sa douceur quotidienne, sa récompense peut être, son identique.
Amputé de toute allusion à la fête, l'alcool est ici représenté sous la forme d'une personnification.
Ben est l'alcool, comme peut le montrer la scène incroyable ou il s'écroule devant son frigo, épousant parfaitement la forme d'une bouteille.
Il est certain qu'à ce moment là, rien ne sera plus pareil, il ne s'en sortira jamais, car d'une part, il ne le veut pas, et d'autre part, il est déjà trop tard.
Ce suicide organisé longtemps à l'avance ne peut plus être déjoué, Ben a choisi sa mort, dans la souffrance la plus terrible.
Il ne veut garder comme unique image, que l'amour d'une femme.
Rien ne lui fera plus plaisir que ce court moment d'interêt.
Ce film est un bloc de souffrance en attente.
La mise en scène est propre, pas de partis pris, mais une immense exploration de cette terre finalement inconnue.
On connait l'alcool festif, pas l'alcool morbide.
Ce qui peut paraître troublant dans le film de Figgis, c'est qu'à aucun moment on ne peut remarquer un soupçon d'espoir chez Ben, il ne veut pas s'en sortir, et cela peut paraitre difficile à admettre, parce que l'on pense toujours qu'il le peut, avec l'amour de Sera, et un peu de volonté.
On se laisse inviter par le voyage que propose le cinéaste, la passerelle entre la vie et la mort...

Chronique d'une mort annoncée...

C'est évident, Ben va mourir, reste à savoir quand et dans quelle condition.
Mais pas de misérabilisme dans ce voyage vers la dérive.
Une tonalité proche des plus grandes partitions, une musique ennivrante, et un attachement à ce couple atypique.
L'un et l'autre s'aiment, à leur façon.
Aime t'il Sera davantage qu'une bouteille de Whisky?
Sans doute refuse t'il de se l'avouer, trop imprécis dans ses décisions, dans ses choix, parce qu'habité par l'alcool.
Une mélancolie viscérale s'empare du spectateur, qui n'attends plus que la fin d'une histoire, vouée à l'échec.
Qui a dit que l'amour ne conduisait pas à la mort?

Conclusion:

Un film fin, rare, d'une grande intelligence dans la narration.
Tout en distance sur sa thématique, il pose les bonnes questions, en n'apportant aucune réponse concrète.
Le spectateur choisi sa morale, si morale il y'a, parce que Figgis, loin de la misère et de la facilité, tisse un linge charnel et offre un regard propre sur le sujet.
Cage, grand acteur, récompensé par un oscar, Shue, sublime dans sa fragilité à l'écran, et Figgis, splendide metteur en scène.
Les clés d'un grand film, à voir absolument!

Publicité
Publicité
Commentaires
N
C'est marrant cette mise au point sur la question de savoir comment finit le film. Moins subtilement, j'ai eu la même discussion à propos de Titanic. La mort a séparé à tout jamais les amoureux mais est-ce pour autant que le film termine mal ? <br /> <br /> Ce n'est pas toujours facile de faire la part des choses entre sa propre émotion (difficile de trouver la chute du personnage de Cage heureuse) et ce que dit le réalisateur (fin dans la lumière), surtout quand le langage de ce dernier est très peu audible, c'est-à-dire quand il ne parle pas assez fort pour passer au-dessus de notre propre écho intérieur...
C
"Dans cet élan d'un pessimisme tout en nuance, Figgis, trouve la juste note lui ouvrant le chemin des oscars".<br /> <br /> "Mais outre les nominations, c'est avant tout une oeuvre crue, dénuée d'espoir véritable, si ce n'est celui de pouvoir vivre sa vie pleinement, même dans un laps de temps très court".<br /> <br /> Deux phrases qui se nient, l'une l'autre. Je comprends parce que, en son temps, j'ai eu de très longs débats sur ce film. Il faut absolument observer les images de fin, après la mort de Cage, pour voir que Figgis termine son film dans un étrange bonheur, un optimisme subtil.<br /> <br /> Donc je ne suis pas trop d'accord avec "pessimisme tout en nuance", "dénuée de tout espoir", "pont vers l'irrévocable", "triste pente raide", notions qui ne correspondent pas, selon moi, avec la fin du film de Mike Figgis, beaucoup plus riche de complexité. Et la fin, après la mort de Cage, est justement là, volontairement amenée par le metteur en scène, pour foudroyer toute notion de tristesse ou de bonheur, bref de sentiment unilatéral.
B
Pas vu! Même les films ricains je décroche maintenant mdr
Publicité