Munich
Film américain de Steven Spielberg
Genre: Drame
Année: 2005 "Chronique d'un récit râté"
Dans la nuit du 5 septembre, un commando de l'organisation palestinienne Septembre Noir s'introduit dans le Village Olympique, force l'entrée du pavillon israélien, abat deux de ses occupants et prend en otages les neuf autres.
Avner, un jeune agent du Mossad, prend la tête d'une équipe de quatre hommes, chargée de traquer à travers le monde onze représentants de Septembre Noir désignés comme responsables de l'attentat de Munich. Pour mener à bien cette mission ultrasecrète, les cinq hommes devront vivre en permanence dans l'ombre...
Introduction:
Comment parler d'un thème aussi lourd, aussi grave, sans tomber dans le pathos vulgaire? , le semi-reportage de M6, et en faire une fiction convenable, comme pouvait l'être "La liste de Schindler" sur un thème tout aussi grave et émouvant.
Steven Spielberg, râte le coche dès le départ, en impreignant son récit, de clichés d'une rare inefficacité. Explications:
Polémique ou fiction?
Aucune des deux, pour moi, Spielberg nettoie son film de toute polémique, pour l'emmener sur la simple pente de l'information, au sens documentaire du terme.
Je n'ai pas eu l'impression d'assister à un film, tant le récit semblait poussiéreux, et digne d'un reportage mal réalisé, par manque de personnalité, ou d'enquête.
Ici, Spielberg caractérise son oeuvre par un grand titre, "Munich" qui au final parle de tout sauf du véritable carnage et surtout de l'inefficacité policière de l'époque.
La distance par rapport au récit n'est pas respectée, et plus grave encore, le cinéaste sombre dans le cliché vulgaire, sans aucune âme, sans aucune problématique, sans grand interêt, si ce n'est historique, au détriment d'un recul cinématographique, bien plus interessant, surtout de la part d'un si grand metteur en scène.
Clichés, clichés...
Etait-il réellement necessaire de foutre du Edith Piaf, pour que l'on comprenne qu'on se trouve à Paris? tant de clichés caractéristiques du reportage journalistique, qui ici, n'ont rien à y faire.
Puis cet héro, tapis dans l'ombre, sur l'affiche du film, qui surjoue dans le malaise qu'il évoque, comment pourrait il être d'un seul coup la figure emblématique d'une quelconque souffrance, alors qu'il évoque dès le départ, d'étonnantes questions.
Un personnage démuni, qui assiste plus qu'il ne participe réellement. L'engrenage du non-sens est alors en marche, et le film dégringole.
La scène ou l'homme faisant l'amour à sa femme devant son poste de télévision est d'une nullité affligeante, qui n'inspire ni confiance en ce film, ni amour sincère, tant sa banalité hors du commun, offre un regard de dégôût sur le clichéisme.
Spielberg s'est amusé à mettre entre des terroristes A et des terroristes B, des personnages aux images déchues, qui n'amènent que des questions, mais surtout sortent les terroristes de l'histoire, les rendant simples executants, avec aucune autre tâche.
Une mise en scène laborieuse...
Dès le début, la caméra râte sa virevolte, en évitant le sujet.
C'est filmer à la va-vite, dans une vulgaire précipitation.
Puis les nombreux flashbacks, font définitivement sombrer le film dans le pathos.
On ne nous présente pas les membres de l'équipe, en dehors de simples discussions dans des scènes de repas.
On croirait que Spielberg situe son récit autre part, mais ou?
Ou veut il en venir? avec quels arguments? Il ne nous sert qu'un pauvre film de plus, démontrant sa déchéance actuelle, il n'effleure que son thème, et au final tant mieux, car plus précis dans cette imprécision, aurait fait couler ce film et ce qu'il représente, sur un plan plus historique.
Conclusion:
Un film empêché, perpetuellement, qui se lamente derrière le regard d'un cinéaste appauvri, sans dignité, qui ne tourne que pour tourner, en séparant l'âme de ses films.
2h40 de pur ennui, une oeuvre bâclée, sans grand interêt, qui plonge amèrement ses pieds dans la soupe bouillante.
Un film pâle, décoloré, amer. Rarement l'ennui ne sera tomber si bas dans l'improbable.
Parce que Spielberg c'est Spielberg, bon sang, et que ce film là, il l'a dirigé de loin, laissant son sujet rattrappé son regard d'artiste.
Si Spielberg c'est Munich, si Munich est son chef d'oeuvre, comme je l'entends, alors il y'a deux Spielberg, celui d'"E.T", De "la Liste de Schindler", de "Sugarland Express" des "Dents de la mer" et....l'autre, son sosie râté, qui délabre sa filmographie, en racontant des histoires qui sont loin d'atteindre leurs buts...
Pauvre Spielberg....