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7 janvier 2006

Twin Falls Idaho (Les frères Falls)

etats_20unis26Film américain de Michael Polish
Genre: Drame
Année: 1999
                                       
"L'amour à tout prix"

les_fr_res_fallsSynopsis:

Francis et Blake Falls sont frères siamois. A la recherche de leur mère, ils fêtent leur anniversaire dans un hôtel minable le soir d'Halloween. Ils invitent Penny, une prostituée qui rêve d'être mannequin. Cette jeune femme, qui erre dans son existence, est au départ horrifiée par la vue des deux frères, mais elle décide de rester. Elle se découvre de la tendresse pour les frères Falls, tombant peu a peu amoureuse de Blake. Cependant Francis est tres malade...

Introduction:

Un premier film fascinant, qui raconte une histoire touchante, qui dévit du traditionnel fatalisme, au profit d'un récit bouleversant, profond et sincère.
Les frères Polish, très concernés par la notion de gémellité, puisque jumeaux eux mêmes, dépeignent ici un portrait juste et personnel, de l'amour de deux frères, unis à la vie à la mort, par deux pensées différentes, mais un seul corps.
Un tableau de toute beauté, qui nous pose les bonnes questions, sur notre propre existence...

Un film simple, sans fatalité ni misérabilisme...

Pour ce premier long métrage, les deux frères, qui s'unissent pour le scénario et l'interprétation mais qui se séparent, pour laisser seul Michael, à la réalisation, offrent un regard nouveau sur la notion de gémellité, laissant découvrir un monde décoloré, mais jamais misérable, à un spectateur, en perpétuel apprentissage de la vie et de l'amour.
Le film commence par un plan sur une jolie jeune femme, qui regarde l'horizon, à travers la fenêtre d'un taxi.
Son regard semble lointain, comme si elle rêvait d'une autre vie.
Elle descend, et entre dans un môtel, sordide, en vérifiant le nom inscrit sur sa main.
Elle a un rendez-vous, c'est une prostituée, plutôt sexy, qui se rend chez son client.
Son client, elle le découvre dans cette chambre pourrie, un homme, caché derrière une porte, répondant au nom de Francis Falls.
Lorsqu'il sort, on aperçoit son jumeau, collé à son corps, Blake.
Les premières images sont d'une incroyable intensité, on dit souvent que si les premières minutes sont accrocheuses, on ne décrochera plus jamais de la suite...
Ici, le départ de l'action, donne envie d'aller jusqu'au bout.
Surtout, on se laisse emporter, par l'émotion d'abord, par la fragilité des personnages ensuite, en quête de rédemption, à la recherche d'un autre avenir, d'un but ultime.
Je le disais, pas de fatalisme facile, pas de morale à retenir ici. Les frères parlent d'un sujet qui les touchent, de l'amour de deux êtres, accrochés l'un à l'autre, depuis la naissance, mais qui rêvent de liberté.
L'un est amoureux, et veut se séparer de sa seconde moitié, afin de vivre sa vie, l'autre est malade, et ne fait que dormir, privant son frère de liberté.
Mais leur amour est si fort, qu'aucun, ne désire vivre sans l'autre.

L'amour, la mort, une seule et même étape...

Car, la mort ne fait ni peur à Blake, ni peur à Francis. Ils sont venus ensemble, et repartiront ensemble, comme se plait à le dire Blake, avec un peu de philosophie.
Le film est avant tout, un hymne à l'amour, une déclaration d'un inséparable couple.
Deux hommes, qui dorment ensemble, se lavent ensemble, qui se connaissent par coeur, pour avoir le même corps.
La rencontre avec Penny, sera une étape historique dans leurs vies.
Au départ, simple inconnue, elle devient une amie, sensible à l'histoire de ses deux frères, qui plus qu'en quête de leur mère, viennent mourir en silence, loin de tout, loin des regards moqueurs.
Mais la confiance vient rapidement, Penny, est une jeune femme touchante, on la devine sincère, elle ne triche pas avec les sentiments, et partage son jardin secret avec Blake, lorsque Francis, épuisé, dort à ses côtés.
D'images belles et épurées, en métaphores stylisées et atypiques, le film prend des allures de poésie viscérale et métaphysique. Une oeuvre qui devient au fil de son déroulement d'une tristesse magnifique d'exemplarité et de franchise.
Les frères Polish, dans une admirable mise en scène, limpide et ennivrante, chantent la monstruosité, avec auto-dérision et maitrise, rappellant ainsi, l'oeuvre sublime de David Lynch, "Eraserhead".

Une atmosphère obsédante...

Lentement, par des mouvements de caméra sereins et distancieux, Michael Polish amène une atmosphère obsédante, d'un calme apparent étrange et insolite.
Une photographie magnifique, accompagne cette délicate histoire, raffinée et légère, qui se regarde comme on écoute du Mozart.
On se laisse prendre dans ce trip languinant et d'une beauté sidérante, car le film se construit petit à petit, sans précipitation.
Il se forme un trio de personnages remarquables, rappellant les tierces de Polanski, par exemple, avec la même attache, la même attention de ne pas sombrer dans la démesure, en se focalisant sur les psychologies, et les désirs de chacun.
On n'en sait que très peu sur le passé de chaque personnage, et l'on s'en moque royalement, car cela évite la fatalité. On ne se laisse que porter par les désirs permanents des protagonistes.
Ils vivent au jour le jour, laissant l'enfance derrière eux.
Ce film est quasiment parfait, car le cinéaste n'entre jamais dans cette facilité émotive, de dire, les pauvres siamois qui ont eu une enfance difficile. Pas de flashbacks, mais une certaine ironie, de l'autodérision, de l'humour même.
Même dans la tragédie, dans l'inévitable, Michael Polish reprend la mesure, lorsque l'on croit qu'elle s'arrête de jouer. Il traîne ses personnages, au fond d'un gouffre de non retour, mais qui laisse une grande sensation d'espoir.

Conclusion:

Un film fort, authentique, qui fascine par son trouble apparent. Une oeuvre d'une grande intelligence, sortit de nulle part, qui propose un recul évident sur la mort, en titillant les tracas quotidiens, et les petits moments qui paraissent inutiles.
Rien n'est laissé au hasard ici, en montrant à quel point les paroles, restent ancrées, à quel point la réflexion nous rappelle la beauté de la vie.
Comme en témoigne un des dialogues du films:
"Tout fini toujours bien, même lorsque cela finit mal...Si une histoire finit mal, c'est parce que l'auteur à décidé de l'arrêter ici, d'y mettre une fin, mais l'histoire, elle,continue en réalité..."
Une oeuvre donc d'une grande franchise, d'une sobriété et d'une simplicité etourdissante.
Une atmosphère sensuelle, étrange et insolite, dans la droite lignée du cinéma de David Lynch...

Note: 19/20                                 Coup de coeur du moment!!

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Commentaires
T
D'un côté j'ai pas trop envi de le voir maintenant mais de l'autre tu dis que c'est un de tes coups de coeur du moment alors j'attendrai encore un peu...
C
Si c'est en droite ligne de l'ami, j'vais pô l'râté celui-là !
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