Shiri
Film sud-coréen de Kang Jae-Gyu (2000) Genre: Action
Ryu, un agent des services secrets de la Corée du Sud, enquête sur une conspiration terroriste organisée par des activistes de la Corée du Nord. Celle-ci souhaiterait déclencher une guerre en faisant exploser une bombe au stade de Séoul pendant que les Présidents des deux pays assisteront à un match de football opposant le Nord au Sud...
Voila, c'est par ce film que tout à commencé. C'est à partir de ce chef d'oeuvre de l'action, que la nouvelle vague asiatique, coréenne notamment, a débutée.
C'était en 2000, un film à gros budget, made in Korea, qui allait bouleverser le cinéma de Hong Kong, ou le cinéma américain.
On le découvre en France, et on crie au chef d'oeuvre, un film hallucinant de maîtrise technique, et d'inventivité.
Un film qui, à lui seul, renouvele le genre.
Kang, cinéaste prolifique, exporte son film à travers le monde, afin de faire découvrir d'une part, le malaise social qui frappe son pays, et d'autre part, en cachant cela derrière de l'action débordante, tente de montrer les capacités techniques et visuelles d'un nouveau cinéma coréen.
Ce film, sur le plan historique, fait le même effet que le "A bout de souffle" de Jean-Luc Godard, qui marquait le début de la nouvelle vague française, en 1959.
Aujourd'hui, nous ne pouvons que constater l'effet engouffrant de cette nouvelle vague, puisqu'il sort de plus en plus de films asiatiques, et notamment des films coréens, qui avalent tout sur leurs passages.
Techniquement donc, Kang Jae-Gyu nous émerveille par des plans qui regorgent d'ingéniosité. Des mouvements de caméras, qui accompagnent l'action, toujours avec une énorme retenue, et sans entrer dans le voyeurisme brut et banal.
Le casting propose une affiche de rêve. On retrouve Suk Kyu-Han, que l'on a pu voir notamment dans "The President Last Bang" de Hong San Soo. Il y'a également le fabuleux Song Kan-Ho, qsue l'on connait beaucoup mieux en europe, pour ses préstations dans "JSA" ou "Sympathy for Mister Vengeance" de Park Chan-Wook, et dans l'exceptionnel "Memories of Murder" de Bong Joon-Ho.
Bien entendu, on y retrouve aussi l'immense star Choi Min-Sik, que l'on connait pour "Old Boy", "Lady Vengeance" ou "Ivre de Femmes et de Peinture"
Enfin, complète cette affiche remarquable, la sublime Yun Jin-Kim, interprète de la comédie asiatique phénomène de l'année, "My Sassy Girl", et que l'on retrouvera prochainement aux Etats-Unis, aux côtés de Billy Bob Thornton.
Le gratin du cinéma asiatique, dans un seul film, que demander de plus?
L'histoire est prenante du début à la fin, pas de moments ou l'on s'ennuie, car quand l'action n'est pas là, l'émotion, elle, y est.
Film d'amour aussi, l'oeuvre de Kang est une remarquable métaphore sur les relations et ses non-dits, sur la double vie, la face cachée de l'Homme.
Derrière ce tissu filandreux, évidemment, l'action ne demande qu'à jaillir, ce que le cinéaste s'emploie à faire, dès qu'il le peut, sans toutefois casser le rythme imposé par son film.
La mise en scène, je le disais, n'entre jamais dans l'évidence, les plans sont inventifs, et on a à faire à de nombreuses techniques différentes, dont de remarquables plans séquences.
Voila, "Shiri" c'est donc le film qui a fait connaitre le cinéma coréen au monde entier, c'est le film qui a rapporter le plus d'argent au box office local, et qui peut se vanter d'entrer dans l'histoire pour son influence, désormais, sur le reste des productions grand spectacle.
Shiri, ou la manière intelligente d'allier action et réflexion, fond et forme.
Un grand, grand film!
Note: 18/20