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18 décembre 2005

71 Fragments d'une Chronologie du Hasard

autriche3Film autrichien de Michael Haneke (1994) Genre: Drame

71_fragments_d_une_chronologie_du_hasardA la veille de Noël 1993, un étudiant de 19 ans tue, sans motif apparent, plusieurs personnes lui étant totalement étrangères. Qu'est-ce qui rapprochait victimes et assassin??...
Ultime volet de sa trilogie de la glaciation émotionelle, "71 Fragments..." est aussi le plus étrange des trois.
Le synopsis de cette histoire ne se dévoile en réalité qu'à la toute fin du film, puisqu'avant, Haneke aura pris un malin plaisir à guider les spectateurs que nous sommes dans un traquenard sans précédent.
En effet, comme l'indique le titre du film, ce dernier volet n'est en fait qu'un tissu de multiples couleurs. Un guêpier dans lequel viennent s'entasser des dizaines et des dizaines d'images, toutes différentes, construites sous formes de puzzles.
Plusieurs histoires différentes, filmées de manière très théatrales, des plans fixes, comme d'habitude chez le metteur en scène, qui coupent volontairement les personnages.
Théatral donc, dans la manière de montrer tout en distance, une dérive du quotidien.
On commence par la confrontation de l'adulte à l'enfant. Thème récurrent chez Haneke, la non-communication, on parle mais on ne communique pas, une nuance qui fait toute sa différence ici.
L'enfant, meurtri dans un quotidien d'adultes réfractaires d'une société vampirisée.
Des moutons, qui suivent le berger, même s'il saute dans le précipice.
Lentement, mais sûrement, le drame se dessine. On connait l'histoire, en lisant le synopsis, mais on ne sait jamais, chez Haneke, quand cela va basculer.
Dans son troisième film, une nouvelle fois ce quotidien monotone sera la source de la déchéance. L'ennui profond, la banalité d'une vie, le temps qui passe, mais ou rien ne se passe.
Car c'est de cela qu'il s'agit, du temps, et de son déchènement psychologique. Lorsqu'on dit que le silence tue, je crois que l'on ne le dit pas assez fort. Haneke lui, en tout cas, y crois dur comme fer.
Ses personnages sont des sortes de momies, guidées par un je-ne-sais-quoi, qui les rend amorphes de désir. Ils parlent pour parler, agissent pour agir, pleurent sans savoir pourquoi, ils sont là, tel des larves, des invertébrés transparents, des zombies dotés de la parole.
Son film, il le construit donc en fragments, plusieurs histoires, mais une seule finalité.
Son histoire commence comme un journal télé. On regarde, on bave d'apprentissage, on se tue devant le tissu de manipulation médiatique, il ne nous reste plus qu'à aller au boulot le lendemain, et parler à Jean-Jacques de l'attentat de la nuit dernière. On s'y croirait, tant le réalisme réel, notre réalité, est ici dépeinte.
Un fragment découpé en de multiples autres dérives, pour assouvir un besoin de connaître.
Mais la connaissance, sans la communication, n'est rien. Ainsi le jeune roumain ne comprend pas l'allemand, la jeune fille adoptée ne comprend pas sa vie, ni celle de ses parents. Ainsi le jeune assassin, se perd dans cette réalité dans laquelle il ne représente pas plus d'interêt que l'homme qui va remplir son reservoir d'essence.
Ainsi, un "je t'aime" en plein repas, devient lourd de sens, tant il parait non réel.
Ainsi va la vie, sa lourdeur, sa complexité, sa lassitude, son indifférence.
Haneke, plus que jamais expérimente sa mise en scène, les gros plans sur l'assiette du monsieur, sur le journal qui squatte les kiosques de la gare de Vienne, ou encore sur les objets du quotidien.
La fragilité serait elle plus fragile que son sens?? Ce mot ne serait il pas l'équivalence même de la vie?
Comme un long symbole, le film du cinéaste autrichien se penche sur les nons-dits, les non-sens. Il se lance dans l'à peu près, car on n'est jamais si précis que dans l'imprécision.
Un fragment exprime plus qu'un théorème, une phrase est plus lourde dans un long silence, un silence est plus fort, dans un ensemble de bruits.
Haneke exprime tout à la fois, la froideur et son contraire, il montre l'homme dans son espace vital, une sorte d'étouffement progressif, qui conduit à l'ennui, puis à la folie, puis à la mort.
Serait-ce une longue descente aux enfers?? Ca se pourrait bien...
Un film? non un chef d'oeuvre!

Note: 18/20

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Commentaires
C
Je vais le voir, surtout quand tu dis qu'il est proche du style Benny's video.<br /> <br /> Pour caché, il y a comme un mélange de génie et de grossièreté. Du génie, c'est sûr... mais pourquoi tant de lourdeur dans la narration ? J'espère que ce cinéaste au grand talent, n'est pas en train de prendre un mauvais chemin, trop intellectuel. Pour moi, Haneke était un prince de la suggestion narrative, et dans "caché", il nous balance du discours sans recul. Je dois dire que j'ai été déçu de ce changement de ton chez ce cinéaste, tout en admettant qu'il garde encore et toujours une immense force créatrice.
M
Je peux t'assurer cousin, ayant tout vu de ce cinéaste, que ce film là, est beaucoup plus dans le style d'un Benny's Vidéo ou d'un Funny Games, que d'un "Caché". A toi de voir si tu veux le voir ou non, mais honnêtement, son talent n peut pas être remis en cause sur un film seulement. Surtout que Caché, sans être son meilleur film, n'est pas non plus une oeuvre râtée.<br /> Il fera mieux la prochaine fois lol :)
C
Hélas, je n'ai pas vu ce film-là du cinéaste. J'dois dire, sans tout remettre en question sur le cinéaste, que son dernier film m'a un peu refroidi. Mais comme celui-ci était avant, qui sait ?
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