Nowhere
Film américain de Gregg Araki (1996) Genre : Comédie dramatique
Voici un voyage dans la journée de Dark Smith, 18 ans, hanté par la fin du monde et la quête de l'amour pur. Cache-cache sous ecsta, métamorphose, hypnose Télévangéliste, viol, enlèvement par les aliens, le tout propulsé dans la plus barge des party…
Bien avant le dernier « Mysterious Skin » le cinéaste américano-japonais a bâti sa réputation avec des films surprenants, déjantés, à l’image de « Nowhere » ou « The Doom Generation ».
Des films visuels, avant d’être réellement censés. Des films dont l’esthétisme atteint est une preuve de la maitrise d’un cinéaste pas vraiment médiatisé. Un réalisateur propre, qui travaille à sa manière, dans la discrétion la plus totale, qui est également le scénariste de ses films.
Dans Nowhere, Araki, exprime toute sa déraison, il va puiser au fond de son esprit torturé, afin d’en déceler les ingrédients qu’il inclura dans son œuvre.
Ici, le cinéaste fascine dès les premiers instants, par une ouverture remarquable. La musique est envoûtante, la caméra descend progressivement sur un personnage, qui prend sa douche. L’ambiance paraît entraînante, car le rythme imposé est plutôt lent, et donc, nous emporte quelque part.
Puis, rapidement, le rythme s’accélère. On devine, que ça y’est, on aura affaire à un monde déjanté, atypique, ou la folie n’a plus de limites…
Araki, parle donc de l’adolescence dans son œuvre. A l’instar de « The Doom Generation » il dépeint un portrait relativement pessimiste sur cette adolescence en perdition.
A base de sexe, de drogue, et de décapotables, dans des rues de Los Angeles. Araki montre le quotidien d’une jeunesse désabusée. Comme en témoigne un jeu de cache-cache extazy, en extérieur, ou encore des visions très originales d’un héro en perpétuelle remise en question.
Justement les visions de Dark, sont aussi sombres que son nom.
Il voit un alien, trinquant avec ses amis, lors d’une fête de promo du lycée. Puis, ce même alien, atomise avec son arme à neutron, un trio de filles BCBG, assises sur un banc.
Beaucoup de clins d’œil aux séries des années 90, telles que « Beverly Hills » ou « Alerte à Malibu », avec notamment la présence brève de certains des acteurs de ses séries.
Un comédien râté qui tente de violer une lycéenne naïve et légèrement dépressive.
D’ailleurs, elle fini par s’exploser la cervelle sur les murs de sa chambre.
Son frère shooté à l’extasy, n’est pas moins fou que sa sœur, et son saut vertigineux dans la piscine, manque de le tuer lui aussi.
Dark, reste néanmoins le personnage le plus intéressant. Il est a la fois dans le même état d’esprit que les autres protagonistes, mais aussi, semble plus réfléchi et plus distant sur les situations.
Il se remet sans cesse en cause, et surtout, semble avoir réellement découvert l’amour. Il ne veut plus d’une petite partie de jambes en l’air, et désire une relation stable avec sa copine, très jolie, mais aussi très…comment dire…volage.
Tout le monde sort avec tout le monde ou presque. Et dans ce délire profond, Dark à bien du mal à ce faire une place, et ce n’est pas son « ennamie » un mélange d’ennemi et d’amie, Lucifer, qui viendra le réconforter dans sa solitude déprimante. Entre insultes et indifférence, son cœur balance.
Le plus étonnant donc, dans ce film, hormis l’ambiance déjantée, l’Alien qui joue à cache-cache et qui atomise à coup de neutron les amis de Dark, c’est la mise en scène, et la photographie.
On est sur une autre planète ! Araki ne doit certainement pas manger la même chose que nous, et fait passer Takashi Miike, pour un cinéaste banal et ordinaire.
Sa folie, on la ressent dans l’ambiance d’une part, dans l’extravagance des personnages, bien sur, mais aussi et surtout dans les décors.
La chambre de Dark, donne directement sur Mars, que l’on voit à travers la fenêtre.
Dès fois, on voit la terre aussi, selon ou se trouve, dans telle pièce et avec tel personnage.
Puis les couleurs aussi, vert et rouge. Violet, mauve, blanc, orange, jaune. Je crois qu’il les aura toutes faite, pour montrer les différentes sensations et émotions des personnages.
Vous l’aurez compris, « Nowhere » ne ressemble à rien, ou plutôt à rien d’existant. Araki a mis en scène un rêve éveillé, dans lequel toutes les pulsions des protagonistes, ressortent à l’écran, comme une longue et infernale descente aux enfers. Mais le tout avec beaucoup de recul et surtout, énormément d’humour. On rigole de cet absurde non ordinaire, tout en restant bouche bée, devant ce nouveau paysage cinématographique...
Note : 17/20