Wintersleepers (Les rêveurs)
Film allemand de Tom Tykwer (1997) Genre: Drame
Dans de grandioses montagnes couvertes de neige plane un mauvais pressentiment. Des événements quasi hallucinatoires surviennent dans la vie de Laura, Rebecca, Marco et René, qui occupent un chalet dans une station de ski, près de la ferme de Théo. Un mystérieux accident de voiture se produit et laisse un enfant dans le coma...
Quelques temps avant son succès critique et public pour son film "cours Lola, cours" le cinéaste allemand Tom Tykwer a signé une oeuvre moins connue, sublime, vétitable OVNI cinématographique, répondant au doux nom de "Winterschlaffer", littéralement, "Les rêveurs".
Ce bijou du cinéma allemand, fascine dès les premières minutes, et en fait bien avant cela, dès le générique, offrant aux spectateurs, un titre énigmatique, évocateur, et troublant.
Pour commencer, la photographie, grandiose. Elle invite au voyage, en transformant l'image, lui offrant un aspect flou, agréable.
La lumière est splendide, d'un naturel troublant, et éblouissant.
Outre cet aspect esthétique, Tom Tykwer se lance dans une mise en scène conceptuelle, originale et resplendissante.
Il utilise des plans fixes, des travellings, des panoramiques, le tout avec maitrise et efficacité.
Sa caméra, offre une sensation de vertige, par moment, tant le cinéaste parvient à jouer sur la profondeur et l'immensité des lieux.
Cette impression de vertige, se concrétise par des personnages troublants, dont on ignore, à la fois, les motivations, et le passé.
A l'image de la scène de l'accident, d'une étrangeté improbable et sublime.
Cette scène est d'une intensité rare. Elle vous attrappe à la gorge, pour ne plus vous lâcher.
Sur un fond musical, délicat et entrainant, l'histoire se dessine, en sachant que l'on aura à faire à un film fascinant.
Le huis clos se profile à l'horizon, Tykwer nous invite dans un chalet, ou visiblement, la couleur est dénaturée par un quotidien morose et froid comme l'hiver.
En faux huis clos, le cinéaste casse le lieu unique, en y incorporant des petites séquences, courtes et sensuelles, dans lesquelles les personnages vagabondent.
De cette errance, il en ressortira des rencontres, des destins qui se frôlent, s'oublient, s'entrechoquent.
A l'instar du "Magnolia" de P.T Anderson, "Les rêveurs" nous présentent 4 destins, 4 vies errantes, dans cette immensité enneigée.
Tous vont se rencontrer, via le hasard d'un accident. Tous vont se connaitre.
L'un sort avec une, qui connait l'autre, qui rencontrera un tel.
Dans cette admirable confusion, les histoires se profilent.
Mais en dehors de ce quatuor d'acteur remarquable, d'autres personnages, fabuleux se greffent à l'histoire.
Comme la victime de l'accident, vieil homme rongé par l'amertume, sublimement mis en scène, dans sa quête intérieure pour retrouver le responsable de l'accident, qui a plongé sa fille dans un profond coma.
C'est ce formidable chassé-croisé de destins, qui offre à Tykwer, la chance de réaliser un chef d'oeuvre.
Un faux huis clos, atypique, rempli d'anti-héros, magnifiques de sincerité et de réalisme.
Difficile, finalement de vraiment raconter ce film, tant il est un paysage unique dans le monde du cinéma.
Une oeuvre hors pair, dénouée de véritables influences, qui saura je l'espère vous offrir un regard nouveau sur le cinéma allemand contemporain.
Un film humain, profond et subtil, qui à défaut de faire des entrées en salles, à le mérite de rester graver dans les esprits.
On y revient comme des vacances à la montagne, avec toujours le même plaisir.
Un film marquant.....à tout jamais......
Mon coup de coeur du moment!
Note: 18/20