Des choses que je ne t'ai jamais dites...
Film américano-espagnol d'Isabel Coixet (1996) Genre: Comédie dramatique
Larguée par son ami, Ann tente de se suicider. Elle sort de cette période sombre avec le soutien de la Ligne de l'Espoir. Don est bénévole pour cette association. Tombant sur Ann, il la reconnaît à sa voix. Ils se donnent rendez-vous. Le temps de cette rencontre, tous deux vont croiser d'autres personnages, à problèmes eux aussi...
Voici un premier long métrage d'une fraîcheur absolue. Isabel Coixet, réalisatrice espagnole, exilée aux Etats-Unis, le temps d'un métrage, décide de s'attaquer aux comportements amoureux, en les montrant du bon, comme du mauvais côté.
Le mauvais, tout d'abord. Une jeune femme, qui semble pourtant heureuse, décroche son téléphone, au bout du fil, son petit ami, qui lui annonce son départ pour Prague, et du coup, sa rupture avec elle.
Le bonheur ne tient à rien, si ce n'est à un fil, fragile, qui casse dès lors qu'on daigne le chatouiller un peu.
L'espace d'un coup de téléphone, suffit à Ann, pour avaler des médicaments, et tenter de mettre fin à ses jours.
Elle s'en sortira, comme dans un bon roman ou l'auteur explique qu'il n'était pas l'heure pour elle de mourir.
Son réapprentissage de la vie commence alors, tel un nouveau né qui découvre le monde, Ann, elle, le redécouvre.
La ligne de l'espoir, un numéro facile à retenir, avec des conseillers qui vous aident.
Don, fait parti des bénévoles qui font le bonheur de cette ligne de secours. Il aide Ann à parler, se livrer, au point même de se livrer à son tour, dans un élan d'émotion.
Puis l'innévitable se produit, une rencontre hasardeuse, non loin d'un pressing.
Cette rencontre devient charmante, les deux êtres, assis sur un banc à l'intérieur du pressing, s'observent, entre deux blancs d'une conversation déstructurée.
La timidité de deux êtres fragiles se fait ressentir. Le Don de la ligne de l'espoir, qui semble habituellement à l'aise avec les histoires d'amour, s'est soudainement perdu dans le refoulement de ses émotions. Il n'est visiblement pas le même en vrai.
Puis, le charme devient sensuel, et enfin, attractif.
Les sentiments renaissent, au grand dam du voisin d'Ann, qui intercepte les messages de celle-çi, sous forme de cassettes vidéos, à son ex-petit ami.
En effet, ce voisin, amoureux d'Ann, travaille pour la poste locale. Elle lui demande ainsi, comme l'on demande à un ami, de lui rendre ce petit service, à savoir poster ses colis.
Elle ignore cependant que cet ami proche, l'observe dans ses longues discussions vidéos, destinées à son ex-"boyfriend".
Les prestations des différents acteurs sont remarquables de sincérité et d'émotion réelle.
Ainsi, on découvre avec beaucoup de bonheur de nouveaux talents, comme Lili Taylor, qui rappelle un peu la Kate Winslet du titanic. Un mélange de fragilité, de charisme et de franchise.
Quand à Andrew Mc Carthy, qui incarne avec brio un personnage étonnant, rappelle un certain Bill Murray. Avec ce jeu décousu, pas vraiment expressif, et d'une rigueur incroyable.
La mise en scène fait montre d'une stupéfiante simplicité. Filmés avec pudeur et retenue, les personnages semblent se fondre dans l'histoire, comme neige au soleil.
Entre fraîcheur et esthétisme, le film se savoure tendrement.
Il se situe pile poil entre un cinéma américain, riche en émotion et un cinéma plus européen, qui fabrique ses personnages à partir d'un fait social.
La cinéaste parle donc des rapports humains, en s'attachant d'abord à la non communication, à l'image du titre évocateur de son film.
Dans la droite lignée de réalisatrices comme Miranda July ou Sofia Coppola, Isabel Coixet signe un film sincère, réaliste et profond, qui se regarde avec beaucoup de plaisir.
Note: 16/20
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