El
Film mexicain de Luis Bunuel (1952) Genre: Comédie dramatique
Francisco tombe fou amoureux de Gloria à la première vision et parvient à la détacher de son fiancé Raoul, avant de l'épouser. Quelques années plus tard, Gloria rencontre Raoul et lui raconte l'enfer dans lequel elle vit : son mari est d'une jalousie maladive et, devenu fou, lui rend la vie impossible... (Film sorti aussi sous le titre: "Tourments".)...
De nombreux chefs d'oeuvre entourent la carrière de Luis Bunuel, et incontestablement, "El" en fait parti.
Le cinéaste évoque à travers ce film, "l'âge d'or" son plus grand chef d'oeuvre. Bunuel fait plein de références à Sade, à la religion et bien entendu à la bourgeoisie de l'époque.
Assurément, il s'agit d'une fresque surréaliste, nuancée, appronfondie et sensiblement maligne.
La mise en scène, soignée fait preuve d'une attache particulière. On sent la maîtrise d'un cinéaste inspiré qui depuis "un chien andalou" ne fait qu'augmenter crescendo, son talent indiscutable, et ce malgrè certains échecs.
A n'en pas douter, la photographie utilisée dans l'oeuvre est très travaillée, faisant référence à l'art pictural, surtout au début du film.
Musicalement aussi, on frôle l'excellence, avec une partition pointilliste, alliant notes délicates et envolées splendides.
Le film prend de sa superbe, également dans les interprétations attentionnées des acteurs qui offrent dynamisme et conviction à l'oeuvre.
A plusieurs reprises, Bunuel entre dans la caricature machiavélique et dans la simplicité de montrer.
Un ventde sadisme et de souffrance psychique souffle sur le métrage.
Le personnage, déchiré entre amour et haine pour sa femme, désire s'en débarasser sauvagement.
C'est ce désir profond de faire le mal, en étant conscient que c'est mal de le faire, qui évoque à l'écran une sorte de sadisme.
D'ou cette conjoncture entre haine et amour. Jamais, cependant, cela en devient violent ou cruel.
Dans un soucis du détail, propre au cinéaste, le film se transforme peu à peu en peiture quasi grotesque d'une situation qui n'en est pas moins, et prend son ampleur dans le machiavélisme qui s'en dégage.
Tyrannique est l'oeuvre de Bunuel? Sans doute, mais sa force se trouve surtout dans son évocation du malaise social qui frappe le couple du milieu du vingtième siècle, au mexique.
Alors oui, on pourra reprocher un côté fataliste au film, mais sa dynamique, son humour noir et son réalisme enterrent cet avis néfaste.
Selon moi, un des meilleurs films mexicains jamais réalisé. On y retrouve toute la grandeur du cinéaste d'"un chien andalou" ou de "l'âge d'or". Et dans le même style je conseille fortement "La vie criminelle d'Archibald de La cruz", du même auteur, dont la critique sera à suivre sur ce blog...
Note: 16/20